Journaliste transgenre : première polémique pour le Grand Journal

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Une petite phrase prononcée lundi dans l’émission de Canal+ a provoqué la colère de nombreux téléspectateurs. C’est la miss météo du Grand Journal qui est à l’origine de cette polémique.

Cette année, Canal+ a renoué avec cette tradition de la miss météo. Elle s'appelle Ornella Fleury, elle est humoriste. Et pour sa première, lundi soir, elle a déjà marqué les esprits, mais à ses dépens. Dans sa chronique, Ornella Fleury effectue un rapide tour de table des nouveaux chroniqueurs du "Grand Journal" et elle s'adresse à l'une d'entre eux. Elle s'appelle Brigitte Boréale. C’est un ancien journaliste sportif à Libération. Et elle est transgenre. Elle est née homme, mais aujourd’hui, c’est une femme. Une "femme libre" même, comme la présente Victor Robert dans son introduction. Et la nouvelle miss météo s'adresse à elle avec un "bonjour madame monsieur" », la miss météo joue sur l’ambiguïté et la difficulté de s’adresser à sa nouvelle collègue. Mais elle le fait sur le ton de l’humour et, visiblement, autour de la table, personne ne le prend autrement.

De nombreux téléspectateurs ne l’ont pas vu ainsi. Comme bien souvent, c’est sur Twitter que les critiques ont été les plus virulentes. Cette petite phrase, elle a déclenché une véritable tempête médiatique hier. Une levée de bouclier contre un paradoxe dans lequel serait tombé Canal+. D'un côté, la chaîne a fait un pas vers la reconnaissance des transgenres, quasiment invisibles dans les médias, c’est le point positif. Mais de l'autre côté, elle les stigmatise en laissant passer ce genre de petites phrases. Ils ont vu dans cette réflexion - dans ce qui était au départ une petite blague potache - une manifestation de transphobie ordinaire. Ils l’ont vécu comme une attaque contre l'ensemble des transgenres. Certains sont même allés plus loin. C’est le cas de l’association des journalistes LGBT - les journalistes Lesbiennes, Gays Bi et Trans - qui a annoncé par le biais d’un communiqué qu’elle allait saisir le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Ce matin, le CSA nous indiquait qu’il n’avait encore reçu aucune saisine, mais qu’un point devait être fait sur le sujet dans la journée.

Brigitte Boréale, la chroniqueuse transgenre, a répondu hier soir sur le plateau du Grand Journal, pour savoir s'il s'agissait là de transphobie ordinaire. Très émue, Brigitte Boréale a tenu à effectuer cette mise au point pour inviter à ne pas confondre ce qui est du ressort de l’humour et ce qui tient de l’agression. En tout cas, cette première polémique au Grand Journal, elle pose une énième fois une question qu’on s’est déjà posée des millions de fois : peut-on rire de tout ? Visiblement, une fois encore, on constate que tout le monde n’est pas d’accord. Les susceptibilités des uns ne sont pas celles des autres. Ce matin, on a juste envie de dire que la simple présence de Brigitte Boréale, quotidiennement sur un plateau de télévision, devrait être perçue comme une avancée majeure pour la reconnaissance des transgenres. Et que les transgenres aussi ont le sens de l’humour.