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A la place, la chaîne propose une série d'interviews individuelles de 15 minutes pour chaque candidat.

Place au décryptage média de notre expert, Jérôme Ivanichtchenko. Un ultime rebondissement dans l’organisation du grand débat d’avant-premier-tour voulu par France 2. La chaîne a été contrainte de renoncer.

C’est la conclusion d'une réunion organisée hier après-midi dans les locaux de France Télévisions. Les représentants des 11 candidats à la présidentielle venaient tirer les conclusions du débat diffusé mardi soir sur BFM TV et CNews. Et discuter, une énième fois, de l’opportunité de monter une confrontation similaire le 20 avril.

Pour plusieurs candidats, la réponse est non. Ils n’ont pas envie de reproduire un dispositif qui n’a pas fait l’unanimité. Depuis la semaine dernière, Jean-Luc Mélenchon ou Emmanuel Macron s’inquiètent de la tenue de ce deuxième débat à onze organisé beaucoup trop tard selon eux à deux jours seulement du premier tour. Ca laisserait trop peu de temps pour répliquer à une éventuelle mise en cause. Hier, à demi-mot, un cadre de la chaîne reconnaissait que ces inquiétudes, partagées par le CSA  n’étaient finalement pas totalement infondées.

En revanche, pas question de renoncer complètement. France 2 reste convaincue que cette date du 20 avril est pertinente pour  "parler politique" à la télévision dans un contexte où la cristallisation des votes est tardive. Alors qu’un électeur sur deux ignore encore pour qui il votera, on croit qu’une émission politique a du sens. Du coup, France 2 a sorti de sa manche une deuxième option et proposé un plan B aux candidats.

A quoi pourrait ressembler cette émission ?

Eh bien à une sorte de défilé. Léa Salamé et David Pujadas verraient passer successivement face à eux les 11 candidats à la queue leu-leu. France 2 veut leur offrir un quart d’heure pour aborder les "thèmes oubliés" de la campagne. Dans ce dispositif, les candidats auraient le temps d’approfondir un à un leurs programmes sur des questions bien précises. Une vraie mission de service public, en quelque sorte. Un dispositif qui aurait surtout l’avantage d’éviter les prises de becs, les candidats ne se croiseraient pas en plateau.

Cette solution de repli a été soumise à leurs états-majors. En revanche, là encore, il y a des conditions posées par la chaîne : il faut obtenir un consensus et que tout le monde accepte de jouer le jeu. Ils ont jusqu'à demain pour faire connaître leur décision. Si tous les candidats sont d’accord pour cette formule plus statutaire un peu plus rigide aussi  leurs représentants se réuniront mardi prochain, le 11 avril, pour définir les règles précises du déroulement de ce grand oral.

Avec cette ultime proposition, France 2 essaye aussi de reprendre la main sur sa communication.

Oui, depuis plusieurs semaines, les observateurs ne sont pas tendres avec les dirigeants de la chaîne sur l’organisation de ce débat. Ce matin, pour commenter son annulation, Le Parisien-Aujourd’hui en France parle du "fiasco de l’info". Un sentiment partagé par certains journalistes de la chaîne qui parlent "d’humiliation".

A la direction de l’information, forcément, le son de cloche est différent. On veut voir le verre à moitié plein. On rappelle que "L’émission politique" de David Pujadas est le lieu où les candidats ont pu s’exprimer le plus longuement avec des déclarations reprises partout dans la presse

Surtout, on veut croire que tout le monde acceptera la proposition du grand oral du 20 avril en posant cette question : "Qui de France 2 ou des candidats a le plus besoin de l’autre ?"

Pas sûr que tout le monde soit d’accord avec la réponse.