Le fait média du jour, Jérôme Ivanitchtenko 01.12.2015 1280x640 3:34
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Après les attentats du 13 novembre dernier, la chaîne BFM TV a attiré de nombreux téléspectateurs grâce à ses éditions spéciales.

Le fait média du jour, c’est BFM TV qui a enregistré son record d’audience historique au mois de novembre. La chaine d’info est devenue la cinquième chaine la plus regardée de France.

 

Des résultats qui s'expliquent par l'actualité particulièrement lourde de ces dernières semaines.

Les attentats du 13 novembre ont provoqué un regain d’intérêt pour l’information. Ce phénomène on l’avait déjà constaté lors des attaques du mois de janvier contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher. Cette fois, il est encore plus marqué et cette actualité chargée a bénéficié à plusieurs chaînes, et évidemment à celles dont c’est la vocation première : les chaines d’info en continu.

A BFM TV en particulier, qui réalise un résultat historique sur l’ensemble du mois de novembre, réunissant en moyenne 3,6 % du public. C’est près du double de son audience moyenne, qui tourne habituellement autour des 2% de part d’audience. Une performance qui permet à BFM TV de se hisser au cinquième rang des chaînes les plus regardées de France derrière, dans l’ordre : TF1, France 2, M6 et France 3.
Des chaînes "historiques" comme on les appelle. Ça signifie que BFM devient par la même occasion, la première chaîne de la TNT sur cette période, passant devant D8, devant France 5 et devant W9.

iTélé est l'autre grande gagnante de cette vague d'audiences. La chaine info du groupe Canal a quasiment multiplié par deux son audience sur le mois de novembre, réunissant 1,7 % du public en moyenne. iTélé a également enregistré, pendant cette période, son record historique notamment le lendemain des attentats en rassemblant 4.6 % du public.

 

Les chaînes info ont donc toutes les raisons de se réjouir.

BFM TV et iTélé se félicitent de ces bons résultats, même si elles le font assez discrètement, vu le contexte.
En revanche, elles ont tout de même aussi quelques sources d'inquiétude. La première, c'est l'arrivée de LCI sur la TNT gratuite. C'est un véritable serpent de mer, on vous en parle régulièrement dans le Grand Direct des médias.

Dans un premier temps, le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel avait refusé ce passage de la chaîne info du groupe TF1. Décision retoquée par la Conseil d’État. Le CSA poursuit donc, en ce moment même, sa réflexion sur un transfert de LCI en gratuit. Il doit se prononcer dans les prochaines semaines et il se murmure que, cette fois, LCI pourrait parvenir à ses fins grâce notamment à des garanties promettant de ne pas avoir recours à des offres publicitaires "groupées" avec TF1.
LCI pourrait alors devenir un concurrent sérieux pour BFM et iTélé. Çà ferait une chaîne de plus susceptible de capter des revenus publicitaires.

Et comme un malheur n'arrive jamais seul, le service publique, lui aussi, a décidé d’entrer dans la danse. Delphine Ernotte, la patronne de France Télé, a un projet dans les cartons : elle prépare le lancement d’une chaîne d’info en partenariat avec Radio France, France 24 et l’INA. Une chaîne qui pourrait voir le jour au mois de septembre 2016.

 

Qui viendrait empiéter un peu plus sur les platebandes de BFM TV et d’iTélé…

Et qui viendrait surtout mettre en péril l’équilibre actuel. Ce matin, dans les pages saumon du Figaro, Alain Weill,le président de NextRadioTV, la maison-mère de BFM TV, poursuit son lobbying contre l’arrivée de ces deux nouvelles concurrentes.
Il avance qu’elles auraient des effets dévastateurs sur ses effectifs. Alain Weill avance ce chiffre : il parle d’une centaine d’emplois menacés soit un quart de la rédaction de BFM TV. On notera que cet argument des licenciements, LCI l’avait déjà utilisé lorsque le CSA avait décidé de son maintien sur la TNT payante.

Ça ressemble un peu à un "chantage à l’emploi" à la fois chez BFM TV et chez LCI, on essaye de faire valoir ses droits en mettant des réductions d’effectifs dans la balance

Sur l’apparition de la chaîne publique voulue par Delphine Ernotte, Alain Weill parle ce matin d’un coup "mortel" qui serait porté aux chaines d’info existantes. Le patron de Next Radio TV y voit une manipulation de la part des politiques qui chercheraient selon lui à "affaiblir" sa chaîne.

Malgré ses très belles audiences, BFM TV, qui vient de célébrer son 10e anniversaire, ne semble pas rassurée sur son avenir…