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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Chaque matin, Natacha Polony nous présente les différents éditos qui font la Une de la presse.

La déferlante politique de la semaine n’a pas totalement effacé les autres sujets, ceux qui nous rappellent que la France a encore de sérieux débats à trancher. Charlie Hebdo a donc décidé de répondre au dernier édito d’Edwy Plenel sur le burkini, "un vêtement comme les autres". Avec des extraits que la dessinatrice Coco s’est fait un plaisir d’illustrer à sa façon, mais surtout avec le texte de Gérard Biard, réponse aux "défenseurs éclairés de la burqa de plage". Edwy Plenel, donc, qui compare le burkini au costume de plage qu’arboraient les Françaises au début du XXème siècle. "On comprend que, derrière ses viriles moustaches de sapeur, le fondateur de Médiapart regrette le bon temps où les femmes ne disposaient d’autre droit que celui de pondre et de récurer, mais nous sommes en 2016, pas en 1900".

D’autant "qu’au jeu des comparaisons, on pourrait par exemple rappeler que les grand-mères des jeunes iraniennes contraintes aujourd’hui de se baigner en burkini bronzaient en deux-pièces". Mais surtout, Gérard Biard s’élève contre le discours consistant à dire que ce vêtement permettrait aux musulmanes de vivre "pleinement" leur religion, ce qui sous-entend que les autres ne la vivent pas pleinement et sont de mauvaises musulmanes. Le burkini, dit-il, n’est pas une "mode", sous-entendu anodine. D’ailleurs, ceux qui contestent les arrêtés municipaux ne le font pas au nom de la liberté de se vêtir comme on l’entend mais au nom de la liberté de culte. "Un signe, qu’il soit religieux ou pas, c’est aussi un signifiant". Un voile, à plus forte raison s’il est très couvrant, parle du rôle social de celle qui le porte, du projet politique pas des plus démocratiques dont il se fait l’étendard. "Et laisser entendre, pas lâcheté, posture ou calcul politique, que tous les musulmans sont par essence rangés derrière cet étendard est dégueulasse et criminel".