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La presse quotidienne revient évidemment ce jeudi sur l'épisode Whirlpool de la campagne présidentielle qui oppose Emamnuel Macron à Marine Le Pen.

Ce matin en Une de vos journaux, comme un terrible contraste : en haut Emmanuel Macron, autour de lui la marée des ouvriers de Whirlpool qui se détournent. En bas, les mêmes, visages ouverts autour d’une Marine le Pen tout sourire.
20 Minutes et Libération ont choisi ce même symbole. Le premier titre : Coup de show, le second : La guerre est déclarée.
Dans le Courrier Picard, les deux sont entourés des nuées de micros tendus : Choc frontal.
Pendant ce temps Le Monde constate : face à Le Pen, le front républicain ne parvient pas à se mettre en place.
Cause ou conséquence, dans Le Figaro : la batailles des législatives a déjà commencé.

Et puis, comme depuis trois jours, c’est haro sur ces Insoumis qui refusent de faire barrage :
Le Parisien : Mélenchon, l’apprenti sorcier.

Chiffres du chômage

Ils passeraient presque inaperçus mais Les Échos y consacrent une page. Malgré des déclarations d’embauches au plus haut, le quinquennat s’achève sur une forte augmentation. Paradoxe d’une situation où la conjoncture générale semble s’améliorer mais où les contrats sont toujours majoritairement à durée déterminée.

Whirlpool

Un chiffre résume le problème. Il est dans Le Figaro. L’industrie est passée en 15 ans de 20% à 12% du PIB. Et malgré toutes les analyses sur les améliorations de la conjoncture économique, un groupe américain de 20 milliards de dollars de chiffre d’affaires peut délocaliser sa production en Pologne tout en augmentant de 10% les dividendes de ses actionnaires. L’Opinion revient sur la bataille de la Somme qui marquera cette campagne de second tour. Et le dessin de Kak résume : Marine Le Pen en ménagère qui vient de mettre Emmanuel Macron dans un lave-linge Whirlpool : "1.400 tours minute, ça devrait bien l’essorer". Bien sûr, Nicolas Beytout explique dans son éditorial, comme Emmanuel Macron devant les ouvriers, que les seules solutions sont l’investissement et la formation. Il faudrait abandonner les emplois peu qualifiés à des pays où on peut les sous-payer. Il y a les éditorialistes qui retiendront la capacité d’Emmanuel Macron à descendre dans l’arène, à aller au contact, ceux qui craignent la démagogie de Marine Le Pen mais sont forcés de reconnaître la réalité d’une opposition de classe que le vote du 1er tour avait déjà montré. C’est d’ailleurs pour cela que Le Monde multiplie les cartes électorales et publie des réflexions du démographe Hervé Le Bras et du géographe Christophe Guilluy. Le Figaro publie d’ailleurs un portrait de celui qui, le premier, a identifié un clivage à la fois social et géographique entre des élites urbaines mondialisées qui refusent d’admettre qu’elles appartiennent à une bourgeoisie défendant ses intérêts de classe et des populations reléguées dans les périphéries où elles subissent de plein fouet la destruction des services publics et la désindustrialisation. Guilluy l’homme qui avait tout vu, titre Le Figaro. "Si rien n’est fait, Marine Le Pen ou un autre candidat contestant le modèle dominant sous une autre étiquette gagnera en 2022. Si la France d’en haut ne fixe pas comme priorité le sauvetage des classes populaires, elle est condamnée".

Photos de campagne

Il y a d’autres priorités. Par exemple les affiches de campagne. 20 Minutes ironise sur l’abus de photoshop par les équipes d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. D’un côté, la jupe de la candidate FN qui dévoile un peu de la cuisse. Un sujet discuté au sein de l’équipe, nous dit très sérieusement l’Express.fr. De l’autre un cadrage façon carte de cantine scolaire, nous dit 20 Minutes. Et un slogan en forme de clin d’œil aux électeurs de Jacques Chirac version 1988, nous dit le Figaro. Rassembler, c’est un art du grand écart.

Utérus artificiel

Le Monde consacre un article à des expériences qui constituent un basculement majeur : des chercheurs ont réussi à développer un fœtus d’agneau pendant quatre semaines dans une poche artificielle. Le but est de traiter les grands prématurés. Même si les médecins se défendent de vouloir remonter plus tôt dans la grossesse et écartent l’idée d’un utérus artificiel, la crainte d’un acharnement procréatique ressurgit. "La question fondamentale, juge le professeur René Frydman, est celle du risque physiologique mais aussi psychologique pour l’enfant à naître de séjourner dans un sac sans présence humaine pendant plusieurs semaines".  Notre rapport à la science  fonctionne selon un mécanisme désormais rôdé : des progrès médicaux censés traiter la souffrance et qui engendrent une demande sociale présentée comme un droit à bénéficier des avancées de la science.

 

Le magazine Stylist se penche sur un mystère laissé trop longtemps irrésolu : pourquoi y a-t-il des gens tout nu au fond des verres de saké servis en digestif dans les restos asiatiques ? D’abord, ce n’est pas du saké. Cet alcool japonais n’est pas un digestif et n’a rien à faire dans les restaurants chinois. Là c’est plutôt un alcool de rose bas de gamme qui marche tellement bien qu’une part de la production a été délocalisée en France. Parce que ces images sont un folklore réservé aux restaurants chinois d’Europe. La tradition viendrait des bordels d’Indochine, et serait là pour pousser à la consommation : quand on boit son verre l’image disparaît. Pour la faire réapparaître, il faut commander un autre verre. C’est un peu comme les candidats dans les usines en grèves. Pour les voir réapparaître, il faut accepter l’ivresse des promesses.

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