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La presse quotidienne revient ce lundi sur la victoire de l'équipe de France face à l'Irlande en huitièmes de finale de l'Euro.

Ce matin en Une de vos journaux, c’est un cri de soulagement. Libérés.
On ne parle pas des Anglais, mais bien des Français, et c’est en une de l’Équipe.
D’ailleurs, le Parisien en remet une couche : le déclic ?

Pour le reste, il est bien question de Brexit.
Libération : Le début du tunnel.
Le Figaro : Le Royaume-Uni déchiré, l’Europe déboussolée.
Le Monde : L’Union Européenne peut-elle se relever.
Les Échos : Tout reconstruire.
L’Opinion : Avenir de l’Europe, qui a la clé ?

Brexit

Il y a ceux qui affichent leur gueule de bois. BHL dans Le Monde, qui parle d’étrange défaite (comme face au nazisme), de la "victoire de l’ignorance sur le savoir, du petit sur le grand, de la crétinerie sur l’esprit, la victoire des casseurs et des gauchistes débiles, des fachos et hooligans avinés et embiérés, des rebelles analphabètes et des néo-nationalistes à sueur froide et front de bœuf". Il y a ceux aussi qui s’aperçoivent qu’il va falloir changer quelque chose. Qui esquisseraient même un début de mea culpa sur le thème "l’Europe s’est fourvoyée". Dans Libération, Laurent Joffrin proclame : "après l’Europe de la raison, de l’économie et du libre-échange, il faut bâtir une Europe de la souveraineté populaire". Souveraineté populaire, parce que c’est plus présentable que la souveraineté nationale. Mais comme le résume Bernard Stéphan dans La Montagne, "On voit mal comment, sauf en faire dans la demi-mesure inefficace, on n’irait pas vers un nouveau traité pour refonder l’Union. Et comment faire valider un tel texte autrement que par référendum, sauf à se couper à jamais de l’Europe du peuple ?". Ne pas se couper encore un peu plus du peuple, c’est sans doute la préoccupation principale ce matin. Et pour cela, il faut dresser les bons diagnostics. Sur le site FigaroVox, Jean-Michel Quatrepoint analyse ce qu’il appelle la grande révolte des classes moyennes. Et Coralie Delaume note : "On a beau l'appeler "libre circulation" pour faire bien, il n'en reste pas moins que lorsque la Commission, comme ça a été le cas très récemment, adresse une mise en demeure à la France et à l'Allemagne pour les sommer de ne plus appliquer le Smic aux chauffeurs routiers étrangers, le "rêve européen" semble se muer en cauchemar". Et dans Le Figaro, Alexis Brezet rappelle que l’Europe intégrée supposait, selon Jacques Delors lui-même, un despotisme doux et éclairé. Mais les peuples, n’aiment pas le despotisme, fût-il doux et éclairé. Et de conclure : "l’Europe peut bien changer d’Union sans trahir ce qu’elle est : une irremplaçable communauté de culture, d’histoire et de destin".

Merkel et Hollande

Dans Le Parisien, on parle de bras de fer au sommet. Parce que la presse française rêve toujours qu’il y ait deux sommets : en France et en Allemagne. La presse allemande ne s’embarrasse plus depuis longtemps de couple franco-allemand. Mais comme le rappelle Coralie Delaume sur le site FigaroVox, les rapports de force entre nations sont loin d’avoir disparu même au sein de l’Union. Mais dans ce cadre, il est un autre pays qui, comme le Royaume-Uni, a toujours su préserver sa souveraineté. L’Allemagne avait d’ailleurs négocié après 2005 un renforcement du pouvoir du Bundesrat. On aimerait bien que l’Europe ne soit pas comme le foot, qui se joue à plusieurs, et c’est l’Allemagne qui gagne à la fin.

Tout ce qu’on ne saura jamais

Le nouveau numéro de Sciences et vie fait la liste des questions insondables, des limites à notre connaissance. On ne saura jamais ce que l’autre ressent, ni si 1+1 = 2 (théorème de Gödel : on ne peut pas démontrer que les démonstrations mathématiques ne mènent pas à des contradictions). On ne saura jamais où seront les planètes dans 60 mls d’années. Finalement, la science, aujourd’hui, prend en compte sa propre ignorance. Les questions sont plus importantes, plus vastes que les réponses. Remettre en cause, faire sortir des rails, c’est bénéfique.

 

On est en plein Euro de foot, mais le supplément époque du Monde choisit de mettre en vedette le vélo. Et dans ce dossier, on trouve un petit article qui nous explique que pour lutter contre la sédentarité, la seule solution c’est le bureau à pédales. En plus, double avantage, le salarié préserve sa santé et produit de l’électricité. Mais l’article anticipe immédiatement sur l’avenir de cette utopie. Dans un monde désespérément utilitariste et drogué à la performance, on verrait sous peu le menu de la cantine assaisonné à l’EPO et la production d’électricité prenant le pas sur le métier de base. Voilà comment on fait déraper une bonne idée. Le bureau à pédale, c’est comme l’Union Européenne, ça partait bien…