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La presse quotidienne revient encore une fois ce jeudi sur le débat de l'interdiction du burkini sur nos plages.

Ce matin en Une de vos journaux, on attend l’avis Conseil d’Etat :
Aujourd’hui en France : Jour J pour l’avenir du burkini.
Le Figaro : l’interdiction du burkini sème la zizanie à gauche.
Libération : chasse au burkini : arrêtez !

Mais la presse s’intéresse aussi au sort de ces femmes à qui leur médecin avait assuré que la Dépakine était un médicament anodin :
Le Télégramme : Dépakine : les chiffres d’un désastre sanitaire.

Burkini

La diversité des analyses nous montre que le sujet n’a pas fini de nous empoisonner. Sans surprise, Libération se fait le chantre de la liberté individuelle et parle de racisme. Un article décrit des femmes empêchées de se baigner, des couples qui songent même "à quitter la France", déclarant "bientôt, ce sera écrit : interdit aux chiens et aux musulmans". La laîcité, dit Laurent Joffrin, c’est s’assurer que les croyances n’influent pas indument sur la puissance publique ou l’élaboration des lois. Un simple principe juridique donc. Mais dans l’Union, Sébastien Lacroix lui répond : "une femme en burkini, c’est une femme sandwich avec écrit en gros "moi, je n’ai aucune intention de m’intégrer dans votre société".  Dans Aujourd’hui en France, Donat Vidal Revel se demande : "est-il anodin que de débat existe parce qu’un précepte religieux veut soustraire de tout espace public le corps de la femme, cette tentatrice considérée comme impure" ? Dans le Figaro, Yves Thréard se fait plus direct : "la laïcité et la religion sont ici hors sujet", dit-il. Le burkini n’est pas une prescription coranique mais la énième manifestation d’un islam politique, militant, destructeur. Youssef al-qaradawi, célèbre prédicateur égyptien, jadis conférencier en France avant d’être interdit de territoire, avait prévenu : "avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons". Une réponse à ceux qui veulent cantonner la laïcité à sa dimension juridique.

Agressions contre les asiatiques

C’est un texte publié sur le site de l’Obs. Il est signé David Liu, un pseudonyme pour cet étudiant de 22 ans originaire d’Aubervilliers. Il raconte,  depuis l’enfance, les clichés racistes, les apostrophes : "rentre chez toi manger des nems". Au collège, dit-il, ce sont les rackets. "Des bandes attendaient juste devant l’établissement ou me suivaient sur le chemin du retour". J’ai pris l’habitude depuis cette époque de détourner systématiquement les yeux lorsque je croise des jeunes en bande pour éviter le : "pourquoi tu me regardes, t’as un problème le chinois ?". Il raconte son arrivée au lycée, à Paris, la découverte d’un autre monde, l’ouverture, mais les vieux réflexes qui restent comme celui de cacher son smartphone, de ne jamais avoir d’argent sur soi. Pendant la manifestation qui a eu lieu le 14 Août à Aubervilliers pour protester contre la mort de Chaolin Zang après une agression, la foule criait : "la communauté chinoise meurt en silence". David était en tête de cortège. Dans les deux jours qui suivaient, les voitures de ses parents ont été vandalisées. Mais les discriminations contre les femmes en burkini passionnent davantage.

Voyage aux Marquises

C’est un très beau texte dans les pages Été du Point. Une méditation de Michel Onfray parti sur les traces de Victor Ségalen en Polynésie. Une réflexion mélancolique sur l’effondrement d’une civilisation, sur la transformation de chaque geste sacré en un folklore pour touristes, pendant que le Coca  et les casquettes américaines poursuivent leur invasion. Un effacement de ce que Victor Ségalen appelait le Divers. "Le capitalisme et la mondialisation, écrit Michel Onfray, veulent la fin du Divers au profit de l’Un, vendable et débité en tranches échangeables contre de l’or".

Les mystères de Lyon

L’inconnu est aussi près de chez nous. Le Monde consacre un article à des vestiges architecturaux cachés sous la colline de la Croix Rousse à Lyon et découverts en 1959. Plus de 2 kilomètres de galeries voûtées, en forme d’arêtes de poisson (d’où leur surnom) que le carbone 14 fait remonter un peu avant notre ère. A quoi servaient-elles ? Mystère. Mais aujourd’hui, un projet veut construire juste au-dessus, dans l’ancienne église Saint Bernard, un centre d’affaires et de détente. L’architecture antique et les forces telluriques, ça rapporte moins.

 

Le magazine Society nous fait découvrir des gens, et ils sont paraît-il nombreux, dont le passe-temps favori est de regarder des inconnus s’empiffrer sur des vidéos. Les coréens ont un mot pour cela : Mukbang. Joana, qui vit à Hawaï se dit obsédée par le son des aliments croustillants. "Et si vous rajoutez l’image, c’est l’extase". En plus, ça lui permet de s’affamer tout en assouvissant son fantasme de junkfood. Parce que, tout de même, on est au régime, on fait attention à sa ligne. C’est ça, le village global : le burkini et le mukbang. Alors, on retourne aux Marquises, là où, disait Jacques Brel, le temps s’immobilise ? Zut, la junkfood est déjà arrivée là-bas !