Natacha Polony, La Revue de presse 26.11.2015 1280x640 5:17
  • Copié

La presse quotidienne revient ce matin sur l'utilisation du drapeau français et de sa véritable signification à l'approche de l'hommage aux victimes des attentats de Paris.

Ce matin en Une de vos journaux on continue les bilans :
Libération avec les photos des terroristes du 13 novembre : Renseignement : pourquoi on les a ratés ?
Le Figaro : Nicolas Sarkozy dénonce des décennies de renoncement.
Le Parisien : Régionales : les attentats dopent le FN.
Le Point nous raconte comment la France se bat
Valeurs Actuelles met en Une une grenade avec des inscriptions en arabe et un titre tout en finesse : 1.500 bombes humaines en liberté : les tueurs sont parmi nous. A l’intérieur du journal, à côté d’une enquête sur la déconcertante facilité avec laquelle on peut se procurer une Kalachnikov, les extraits exclusifs de l’audition d’un homme, celui qui a mis en contact Abdelhamid Abaaoud et sa cousine. Il raconte le récit des attentats par Abaaoud, son cynisme devant la facilité avec laquelle il a pu faire entrer ses complices mêlés aux réfugiés et ses projets de poursuivre des attentats dans des quartiers proches des juifs ou dans des transports ou des écoles. Un document édifiant.

Bleu-Blanc-Rouge

C’est la couleur ce matin.
Celle réclamée par le président de la République et qui fait réagir les éditorialistes.
"Quelle semble loin, la réaction offusquée qu’avait suscité dans son camp Ségolène Royal en 2007 lorsqu’elle avait tenté de réhabiliter le drapeau et La marseillaise", ironise Cécile Cornudet dans Les Echos.
Déjà sur le site Causeur, Pascal Bories s’amusait de la polémique autour du filtre Bleu-Blanc-Rouge de Facebook et des réactions offusquées de certains. "Ni une, ni deux. Sur le réseau social, un brave militant d’extrême gauche annonce à ses contacts son intention d’effacer tous ses amis Facebook qui mettront le drapeau", parce que "désolé, il existe d’autres symboles". Ah bon, mais d’autre symboles de quoi ? Parce que le symbole le plus universellement connu de la France, jusqu’à preuve du contraire, c’est son drapeau. Oui mais bon, quand même, fait remarquer une féministe intégriste, tout ce bleu-blanc-rouge, ça « donne une allure FN à Facebook".
Ce matin, donc, on disserte, comme Alain Duhamel dans Libération sur les nuances entre patriotisme et nationalisme en oubliant qu’on a pendant des années accusé de nationalisme quiconque prononçait le mot patrie et pire encore, le mot nation.
Et puis, dans L’Union, Sébastien Lacroix évoque cette idée du président de la République de pavoiser nos fenêtres. "Au sens intransitif, écrit-il, pavoiser, c’est extérioriser la fierté et la liesse. Or, il n’y a pas à pavoiser. Autant l’opinion publique salue la réaction de François Hollande, sa détermination à combattre Daech, autant elle a le sentiment que la réaction vient trop tard, et que les 130 morts auraient pu être évités".

La résistance en terrasse

C’est la Une de L’Humanité : face aux attentats, nous ne résisterons pas qu’en terrasse. Le journal cite le texte d’une jeune femme qui a connu sur la toile un succès immense. Elle déplore qu’à la suite des attentats de janvier et du fameux "Je suis Charlie" on ait substitué le symbole à l’action. "Je ne suis pas sûre que si les attentats prévus à La Défense avaient eu lieu, on aurait lancé des groupes Facebook : tous en costard au pied des gratte-ciels". Elle estime que la France n’a pas été attaquée parce qu’elle est un grand modèle de liberté et de tolérance mais parce qu’elle est une ancienne puissance coloniale qui a bombardé certains pays, qui est accessible géographiquement et qui constitue un terreau fertile pour recruter des djihadistes. Elle déplore au passage nos messes festives du week-end et le règne de l’hyper consommation.
Pendant ce temps, Nicolas Sarkozy, nous dit Le Figaro, célèbre "la France de toujours". Celle d’avant le consumérisme, la destruction de l’école et les expéditions libyennes, peut-être.

Chute de l’empire

C’est une publication du Figaro, histoire intitulée : Quand les barbares envahissaient l’empire romain. Un récit sur la façon dont meurent les civilisations. On y trouvera notamment les avertissements de l’ambassadeur de Cyrène à l’empereur en 399 : "Seul un téméraire ou un songe creux peut voir parmi nous en arme une jeunesse nombreuse, élevée autrement que la nôtre et régie par ses propres mœurs, sans être saisie de crainte". Il évoque l’abandon de l’assimilation et des valeurs romaines. Il faut lire ce magazine et aussi le numéro de la Revue des deux mondes bouclée avant les attentats. En Une, Alain Finkielkraut, l’Islam, la guerre et nous. Et puis un débat entre Tarik Ramadan et Jean-Paul Brighelli sur la notion d’Occident, sur l’intégration et sur Voltaire luttant contre l’obscurantisme.

Parler aux générations futures

Je l’avais déjà évoqué dans une précédente revue de presse.
Le site Slate se penche sur un problème fascinant : celui de l’enfouissement de déchets nucléaires dangereux comme par exemple à Bure, en Moselle. Comment transmettre aux générations futures la mémoire de cette présence mortelle ? Quand les technologies auront changé, quand l’écriture même ne sera plus semblable, qui dira aux archéologues d’alors qu’il ne faut surtout pas creuser ? Parce qu’il faut bien envisager un jour que notre civilisation disparaisse, et avec elle la mémoire de nos actes.

Alice au pays des merveilles

Alice a 150 ans et Le Figaro Littéraire célèbre son anniversaire en nous rappelant l’invention par Charles Dodgson de ce récit labyrinthique pour une petite fille de 10 ans qui le fascinait. Un récit devenu un mythe moderne, réadapté, commenté, mis en musique ou au cinéma et qui nous raconte la vision fantasmée par un homme de l’inconscient féminin en train de s’éveiller.

 

 

L’inconscient des femmes préoccupe beaucoup moins la modernité que leur portefeuille. Et il va pouvoir se délester pour un objet fabuleux que nous décrivent Les Echos : la lingerie intelligente. Pour toutes celles qui pratiquent la course à pied, cette merveille de technologie mesure les battements cardiaques, le poids et diverses autres données avec possibilité de coaching par des applications smartphone. Avec un peu de chance, bientôt les données arriveront directement chez votre médecin. C’est moins poétique que de courir après un lapin blanc, mais on va finir par nous expliquer que même ça, ça fait partie du mode de vie occidental que les terroristes ont voulu attaquer.