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La presse quotidienne revient ce mercredi sur la mauvaise période que traverse Nicolas Sarkozy avec notamment la sortie du livre de Patrick Buisson.

Ce matin en Une de vos journaux ça ne va pas fort.
En Une de Libération, il a le sourcil froncé et l’air préoccupé : ses amis, ses affaires, ses emmerdes.
En Une du Figaro, ce sont les chiffres qui parlent : primaires : Juppé reprend l’avantage sur Sarkozy.

Ça ne le consolera sans doute pas de savoir que son adversaire préféré, François Hollande, n’est pas en meilleure posture.
Le Parisien : dur dur d’être député socialiste.
Et L’Humanité qui nous rappelle l’essentiel : 887 usines fermées depuis 2012 : les raisons d’une débâcle industrielle.

Sarkozy

Bien sûr, on se précipitera sur l’Express qui publie les bonnes feuilles du livre de Patrick Buisson. Nicolas Sarkozy présenté comme "un trader de la politique. Pour parler le langage des marchés, il ne se déterminait qu’au vu d’un possible retour sur investissement et d’une rapide prise de bénéfices". Nicolas Sarkozy, qui choisit ses ministres en fonction de leur physique. Nicolas Sarkozy, adolescent attardé frappé d’une incontinence du moi, déclenchant un processus de privatisation du pouvoir. Certes, on n’apprend pas grand-chose. Qu’il méprise ses amis, qu’il réclame en 2012 des propositions fortes, disant "Je me fous de savoir si c’est applicable, c’est une élection". Mais ce qui pourrait être ravageur, c’est l’image d’un Nicolas Sarkozy laissant des jeunes se faire agresser par des bandes lors des manifestations contre le CPE et prévoyant de ne pas intervenir immédiatement contre les casseurs : "On les laissera faire leurs courses chez Darty et à Go Sport". Dans Le Figaro, Guillaume Tabard souligne l’incompréhension initiale entre le président et son ancien conseiller. "Il a cru que Nicolas Sarkozy allait débarrasser la France de l’héritage de mai 68 alors qu’il est un enfant de mai 68, fruit du libéralisme économique et du libéralisme sociétal". Entre le sordide et le pathétique. Alors on conseillera à l’un et l’autre de se plonger dans la lecture de Philosophie Magazine, avec ce dossier : comment surmonter ses échecs ? À quoi nous servent-ils ? À accepter notre destin, nous disait Epictète au 2ème siècle. A devenir plus humble, pensait St Augustin au 4e siècle. A cerner notre désir, nous disent Freud et Lacan. A approfondir notre être, concluait Cioran, esthète du ratage, virtuose du fiasco. Encore faut-il, selon lui, rater magistralement. Mais il y en a qui restent petits, même dans l’échec.

Démocratie

Pour parler réellement politique, il faut chercher dans le journal Fakir. On trouve un passionnant entretien avec Chantal Mouffe, professeur de philosophie politique à l’université de Westminster. Une réhabilitation magistrale du conflit comme essence même de la démocratie, quand, justement, le discours politique tend à nous imposer un consensus fondé sur l’idée de bonne gouvernance, d’absence d’alternative. Le travail politique, dit-elle, c’est de donner à voir l’oligarchie, son mode de vie, sa puissance, ses décisions sur nos existences. Une façon de réveiller le réformisme révolutionnaire cher à Jean Jaurès.

IVG

C’est un débat qui agite, de Libération au Figaro. La ministre des droits des femmes, Laurence Rossignol, défend un amendement au projet de loi Égalité et Citoyenneté qui devrait élargir le délit d’entrave à l’avortement. Il s’agit de cibler des sites d’information sur la grossesse qui seraient en fait le faux-nez de militants pro-vie. Dans Le Figaro, un professeur de droit public évoque une atteinte à la liberté d’expression. Un arrêt récent de la Cour européenne des droits de l’homme, dit-il, a reconnu qu’une campagne anti IVG contribuait à un débat d’intérêt public, utile même s’il était controversé. Les auteurs des sites, eux, s’interrogent sur l’accusation de pressions morales ou psychologiques afin de dissuader les femmes de recourir à l’IVG. Du côté du planning familial, on préfèrerait, plutôt que la censure, une mobilisation de la majorité silencieuse des Français, attachée au droit à l’IVG.

Un peu de lecture

Drôle d’initiative dont nous parle Le Parisien. Une société grenobloise installe des bornes dans les gares, des distributeurs d’histoires courtes imprimées sur du papier au format de facture de supermarché. Des fables, des poèmes célèbres, des histoires courtes écrites par 5.500 écrivains amateurs alimentant le site. Entre une et cinq minutes de lecture pour embellir son trajet. Et devinez quoi. L’invention a séduit Francis Ford Coppola qui l’a installée dans son café de San Francisco.

 

Sinon, il y a ceux qui prennent la voiture. Un Français, nous dit le Parisien, y passe en moyenne trois ans et dix mois de sa vie. Du coup, on y fait plein de choses. On y chante, 4.803 fois au cours de son existence. On y mange, 3.000 fois. On embrasse, 3.042 fois. On rit, 141 fois, on se dispute 79 fois, on se réconcilie 33 fois, on y fait l’amour 2,6 fois (c’est quatre fois moins que les Italiens). Et puis, on parle tout seul, 3.600 fois. Alors, on peut aussi se réciter un peu de poésie. Pas les noms d’oiseaux lancés par Sarkozy à ses amis. Non, de la vraie poésie. Celle qu’on a apprise à l’école. Ça sert à ça le par cœur. A embellir la vie. N’en déplaise aux mauvais pédagogues.