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François Hollande est le sujet principal de l'ensemble des journaux, entre respect pour sa décision à renoncer, et vive critique de son mandat.

Ce matin en Une de vos journaux cette photo de François Hollande choisie par de très nombreux quotidiens, pris de haut, la tête basse. L’Ardennais : 2012-2017. La Nouvelle République et le Courrier Picard : La surprise du chef. Le journal du centre : Moi Président, je renonce. Paris Normandie : Il jette l’éponge. Le Parisien : Hollande renonce : Normal. Le Télégramme : forfait. Libération : Sans moi. Le Figaro : la fin.

La décision de Hollande

Les commentateurs sont hésitants ce matin. Certes, François Hollande ne renonce que pour s’éviter une humiliation, mais on lui reconnaît une forme de dignité, ne serait-ce que dans la manière de l’annoncer. Aux deux extrêmes du spectre, on trouve d’un côté Laurent Joffrin, dans Libération, qui tresse des couronnes de fleurs : "Rares sont les hommes politiques suffisamment lucides pour s’écarter volontairement du pouvoir au nom d’un intérêt plus grand, d’une solidarité nécessaire, d’une idée." De l’autre côté, Alexis Brézet, dans Le Figaro, qui fustige "la navrante tentative d’autojustification d’un homme comme absent de lui-même. Par quel ahurissant mystère un homme qu'on disait intelligent, subtil - et qui l'est assurément - a-t-il pu à ce point s'abîmer dans le ridicule et l'incurie d'une présidence sans grandeur ni vision ? La France, elle, a déjà tourné la page. Elle sait bien qu'hier soir François Hollande n'a pas renoncé à briguer un second mandat. En vérité, il n'a jamais été président." Marianne, qui bouclait mercredi, a pourtant le nez creux et affiche en Une ce titre : Le jour où Hollande a dit à Valls qu’il ne serait pas candidat et où Valls a choisi de le croire. Récit de ce déjeuner de lundi où tout s’est joué. En sortant du déjeuner, Manuel Valls ne savait pas s’il devait croire ce que venait de lui dire le président. "Culbuto nous tient par les couilles", s’est-il énervé auprès de ses collaborateurs. Mais avant l’annonce de sa propre candidature, on peut, comme le site Slate, se pencher sur la fin d’une époque. Jean-Marie Pottier médite sur cette Une de Paris Match du 17 mars 2005 : François Hollande et Nicolas Sarkozy, même cravate, même costume, défendant le Oui au référendum européen. Dans un coin, ce titre : Rencontre avec le plus flamboyant des milliardaires new-yorkais. Donald Trump explique qu’il est trop honnête pour être politicien.

Obsession de l’évaluation

C’est la chronique du philosophe Roger-Pol Droit dans Les Echos. Autrefois, on notait les élèves, mais hors de l’école, ce n’était plus le cas. Aujourd’hui, la situation s’est inversée. Les notes scolaires sont contestées mais on trouve normal d’attribuer des notes aux vins, ce que n’aurait jamais pu imaginer, hier encore, un amateur sensé. On met des notes aux livres, aux voitures, aux œufs mayo, aux musées, et finalement aux autres. Le philosophe nous explique que la Chine vient de dévoiler son projet Internet Plus, qui attribue une notation sociale aux citoyens grâce aux mégadonnées. Comme un permis à points, on part avec un crédit de mille, les comportements négatifs ou asociaux (griller un feu, toucher un pot de vin, battre sa femme) entraînent des soustractions. Les actions présumées vertueuses (dénoncer la corruption, décrocher une médaille du travail) génèrent des bonus. "Il va sans dire que ce projet chinois intéresse d’autres régions du monde".

Quand j’entends le mot culture…

Le magazine Stylist nous raconte une anecdote survenue en Allemagne dans la petite ville de Heppenheim. En cause, l’affiche d’une exposition sur l’art baroque. On y voit un tableau italien représentant une scène biblique : Judith décapitant Holopherne. Sujet classique de l’histoire de l’art. Mais les habitants ont protesté : les enfants pourraient faire des cauchemars. Le directeur du musée a plaidé que les Christ en croix n’étaient pas tellement moins effrayants, mais rien n’y a fait. Mille affiches seront arrachées. Les enfants vont retourner devant la télé l’esprit tranquille.

Citations

Amusant hasard, VSD consacre son florilège de citations hebdomadaire à Talleyrand : "La parole a été donnée à l’homme pour dissimuler sa pensée." Et celle-ci : "C’est un grand malheur pour une nation qu’un bon homme dans une place qui exige un grand homme."

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