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La presse quotidienne revient évidemment ce lundi sur la "surprise" Fillon au premier tour de la primaire de droite.

Ce matin en Une de vos journaux on découvre toute la palette de l’inventivité journalistique :

Il y a le registre de la puissance :
Le Parisien : Fillon écrase tout.
Les Échos : Fillon en force.
L’Écho de la Haute Vienne : Fillon par KO.

Il y a le registre maritime :
La Montagne et le Figaro : la déferlante Fillon.
L’Opinion et Le Courrier Picard : Le Raz de marée Fillon.
L’Ardennais : La vague Fillon coule Sarkozy.

Variante climatique :
La Charente libre : La tornade Fillon emporte tout sur son passage.

Et puis, le registre théâtral :
La Voix du Nord : la surprise Fillon.
L’Yonne républicaine : Fillon, le coup de maître.
La Dépêche du Midi : coup de théâtre.

Et puis, il y a ceux qui tournent la page Sarkozy, qui a fait vendre tant de journaux :
Libération : Fillon, l’envol, Sarkozy, la chute.

Et la palme de la cruauté, avec cette allusion publicitaire :
Libération en Champagne : Au revoir, Président.

Primaire

Le plus intéressant parmi les pages et les pages de commentaires est sans doute ce qui permet d’esquisser la suite. Dans Le Parisien, le dessinateur Ranson croque un François Fillon aussi peu souriant qu’à l’habitude : "Je vais virer 500.000 fonctionnaires et pas mal de sondeurs". Et dans son éditorial, Stéphane Albouy remarque : "Les électeurs ont choisi un candidat qui promet des coupes claires dans les effectifs des fonctionnaires, une augmentation du temps de travail et une réécriture de la loi Taubira sur le Mariage pour tous. C’est le paradoxe de ce premier tour. Des centaines de milliers d’électeurs de gauche ont participé à la mise sur orbite du candidat le plus libéral". Ce qui se traduit dans Le Figaro par la rancœur des juppéistes persuadés que les médias et le FN leur auraient kidnappé leur élection et qui préviennent : on va découvrir combien François Fillon est réac sur le plan sociétal et que ses amis, ce sont Poutine et Assad. Mais peut-être que c’est justement ça que cherchaient les électeurs de droite : conservatisme sur les valeurs, libéralisme à l’intérieur des frontières et redéfinition des alliances. Ajoutons à cela la remarque de Jean-Claude Souléry, dans La Dépêche du Midi : "François Fillon a sans doute compris avant les autres que le "peuple de droite" attendait depuis longtemps un champion éminemment traditionnel qui répugne à transgresser les codes, à "vouloir faire mode", un homme qui serve d'antidote au bastringue sarkozyste et redonne à la politique cette gravité qu'elle avait perdue". Reste que cela séduit le peuple de droite. Le peuple français, c’est autre chose.

La politesse est-elle ringarde ?

Le site Figarovox publie un entretien avec l’historien Frédéric Rouvillois à l’occasion de la publication de son Dictionnaire nostalgique de la politesse. Nostalgie et politesse dans le même titre, c’est osé. Un invariant humain (l’homme poli est à peu près le même à l’époque d’Aristote, de Louis XV ou de François Hollande) encore plus indispensable en période de crise, quand la société qui se délite. En arrière-plan, l’idée de temps, de gratuité, la notion de limite, tout ce qui s’impose petit à petit dans une société qui avait laissé s’installer la toute-puissance des droits individuels. C’est peut-être ça le secret de François Fillon, une aspiration à la politesse.

Portrait des angoisses françaises

Dans Le Monde, un article sur la médecine de guerre à Marseille. C’est à l’hôpital militaire qu’on soigne les blessés par balle des règlements de compte. Et dans Le Figaro, le Maire de Saint-Étienne lance l’alerte : les nouvelles dispositions facilitant la domiciliation permettraient de très nombreuses fraudes, déboutés du droit d’asile, faux parents isolés… Et dans l’Humanité, ce sont ces salariés, élus et usagers qui se battent pour le maintien de leur service public de proximité. Les guichets qui ferment en gare de Saint-Pierre des Corps, 29 des 91 bureaux de poste du Val-de-Marne qui sont menacés. Oui, il y aura débat sur le programme des candidats pour 2017.

 

Un article vertigineux dans Sciences et Vie Junior : Les huit cerveaux les plus étranges. Cet homme qui souffre de déjà vu permanent. Un jour, chez son coiffeur, il a même eu l’impression d’avoir déjà vécu cette scène et d’avoir, à ce moment-là, déjà ressenti un déjà vu. Cette jeune femme qui ressent réellement la douleur des autres parce que son cortex somato-sensoriel s’active et pas seulement ses émotions. Il y a celui qui ne voit que la moitié du monde, qui ne se rase que du côté droit et ne mange jamais les aliments situés du côté gauche de son assiette. Et celle qui, à la suite d’une maladie génétique qui a détruit certaines structures cérébrales, ne connait pas la peur. Une certitude : l’homme du déjà vu n’est pas allé voter hier. En revanche, celle qui ne connaît pas la peur et celui qui ne voit que le côté droit, oui.