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Les Emirats Arabes Unis viennent de nommer une ministre du Bonheur. Aurons-nous droit au même "progrès" lors du remaniement ministériel ?

Ce matin en Une de vos journaux, la Cour des Comptes distribue les mauvais points : Dans Le Monde d’abord : "les transports en commun parisiens au bord de la rupture." Dans Les Echos ensuite : "Inspection du Travail, ce qui doit changer."  Libération aussi : "Areva : les dessous d’un scandale d’Etat." Finalement, il y en a un qui s’en sort bien : Le Figaro : "Déchéance : François Hollande franchit le premier obstacle." Enfin, Le Parisien met en Une un billet violet que vous n’avez probablement jamais tenu entre vos mains, celui de 500 euros : "Ce billet doit disparaître." Où l’on apprend d’ailleurs que ce sont nos voisins allemands qui sont particulièrement friands des gros billets, eux qui boycottent la carte de crédit parce que ça fait des frais. Bref, l’Allemagne serait un paradis de blanchiment d’argent sale.

Primaire américaine

Tous vos journaux commentent les résultats du New Hampshire, la déroute de Marco Rubio, la victoire de Bernie Sanders, les doutes d’Hillary Clinton. Mais le coup éditorial du jour est dans Valeurs Actuelles : Entretien exclusif : "Trump dit tout." Son usage des réseaux sociaux : « Je fais la politique du XXIe siècle, entre Facebook, Twitter et Instagram, je suis suivi actuellement par 12 millions de personnes ». Le tout sauf Trump que lui rappelle le magazine : « J’en suis très honoré, dit-il. Vous savez, ce qui les embête par-dessus tout, c’est que je suis le seul à ne pas avoir besoin de contribution financière extérieure. Je ne suis dépendant de personne : d’aucun lobby, d’aucune puissance d’argent, d’aucun parti, d’aucune fondation ». Et puis, sa vision de l’Amérique qui devrait, selon lui, retrouver le camp des "winners." Mais Donald Trump nous parle aussi de nous. Pour lui, les attentats du 13 novembre auraient été limités si les citoyens français avaient eu le droit de porter une arme : « Votre police et votre gendarmerie ont fait un beau travail, mais en les attendant, c’était open bar pour le massacre ». Il nous prédit aussi des révolutions en Europe : « Ces gens qui arrivent par millions ont une autre culture, une autre mentalité, opposés aux vôtres. La plupart n’ont aucune envie de s’assimiler, de s’intégrer ou de s’adapter, mais veulent faire en sorte que le pays d’accueil s’adapte, lui, à leur mode de vie. » Bien sûr, il a beaucoup d’amis musulmans, et bien sûr, ils lui disent qu’il a raison de poser le problème. Bref, quelque chose qui peut ressembler à nos mouvements populistes européens, réponses à l’instabilité géopolitique et à la destruction des classes moyennes. Donald Trump serait un peu notre miroir. Sauf pour la coupe de cheveux.

Areva

Il y a ce long portrait dans Le Point où l’on nous explique qu’Anne Lauvergeon, "atomic Anne", pète le feu. Pimpante et allègre. D’ailleurs, le titre du portrait, c’est : "Comment rebondir dans la vie quand on a perdu des milliards ?" Finalement, tout va bien, même si Anne Lauvergeon n’a pas retrouvé en France un poste à sa mesure. Le magazine trouverait presque cela injuste. D’autant qu’à l’étranger, elle est courtisée, elle participe à des conseils d’administration. Alors, le naufrage d’Areva et les milliards engloutis du contribuable français, ça ne pèse pas grand-chose. Dans Libération, le ton est différent. Le journal affiche des révélations sur les conflits d’intérêts qui auraient poussé Areva à acheter en 2007 des mines d’uranium qui se sont révélées inexploitables. D’après Libé, Areva aurait dissimulé des données lors de la description du projet aux fonctionnaires de Bercy qui devaient donner l’accord de l’Etat actionnaire. Diffamatoire, selon l’avocat d’Anne Lauvergeon pour qui l’Etat avait toutes les données en main. Mais finalement, le personnage le plus intéressant, selon Libé, c’est Monsieur. L’époux d’Anne Lauvergeon dont le nom sonne comme un programme : Olivier Fric. Parce que dans le couple, on travaille ensemble et quand Areva lançait la construction d’une usine, c’était le mari de la patronne qui décrochait le contrat de consultant.

Le Drian et son grand-père

On reste dans les histoires de familles, mais celles-là sont plus touchantes. Paris Match nous raconte comment le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a découvert l’histoire de son grand-père grâce à deux journalistes qui ont contacté des politiques pour les confronter à la mémoire de leurs aïeux pendant la Grande Guerre. Jean-Yves Le Drian ignorait jusqu’au prénom de ce grand-père mort de boisson et ancien docker. Il ne savait pas que cet homme avait passé 4 ans de sa vie sur tous les fronts, de Verdun aux Dardanelles, qu’il avait perdu ses 10 frères dans la boucherie de 14-18. Sa souffrance l’isole au point que son fils, le père du ministre, fugue et échoue au presbytère de Ponthivy où il se convertit. Il entre ensuite dans la Jeunesse Ouvrière Chrétienne où il rencontre sa future femme. Et c’est là que militera le jeune Jean-Yves, point de départ de son engagement politique. Le ministre ne savait pas, quand il a rencontré au cours de l’Opération Serval le 2ème Rima, que c’était le régiment de ce grand-père dont la souffrance a sans doute conditionné le destin de son petit-fils.

Deux visages de l’Islam

Le Point nous fait découvrir deux personnages au parcours bien différent. Deux chefs d’Etat qui nous racontent le Moyen-Orient. Sur les ruines de l’empire Ottoman, le prince Ibn Saoud fonde l’Arabie Saoudite qui diffusera l’idéologie wahhabite à coups de pétrodollars, tandis que Mustapha Kemal, Atatürk construira une Turquie laïque refusant la charia. Mais Sébastien Le Foll en profite pour introduire un troisième personnage. L’écrivain égyptien Albert Cossery n’a écrit que 7 romans. Des pépites merveilleuses, parmi lesquelles « La violence et la dérision » raconte la déstabilisation d’un tyran par un vendeur de cerfs-volants qui décide de faire rire grâce aux messages qu’il envoie dans les airs. On sait depuis le 7 janvier 2015 que les fanatiques totalitaires ont par-dessus tout peur du rire.

Le site Huffington Post nous apprend que les Emirats Arabes Unis viennent de nommer une ministre du Bonheur et une autre de la Tolérance. « Le paramètre de la réussite du gouvernement est d'introduire des changements réels qui participent au bonheur de l'homme » précise le Premier ministre. C’est un bon début. Mais il faut suivre le dossier pour distinguer des résultats concrets parce qu’il y a un autre pays qui avait élu un président des Bisous, et le changement c’est toujours pas maintenant. Mais peut-être que dans le remaniement de ce soir, nous aurons nous aussi un ministre du Bonheur.