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Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Dans les kiosques ce matin, plusieurs magazines qui mettent à l’honneur les animaux.

L’Obs d’abord, avec cette photo impressionnante d’une chouette lapone au regard perçant : "dans la tête des animaux", entretien avec Peter Wohlleben, auteur du best-seller "la vie secrète des arbres", écoulé à plus d’un million d’exemplaires, qui réitère l’exercice avec un livre sur les bêtes et appelle à briser l’idée selon laquelle "le monde vivant serait une pyramide de la dignité dont l’homme est le sommet". 
Il évoque l’intelligence des abeilles, le sens de "l’équité chez les chiens", "la hiérarchie chez les lapins" ou encore "le deuil chez les cervidés".
Des concepts largement anthropomorphisés, mais c’est volontaire, "homme ou animal, dit-il à l’Obs, nous sommes tous animés par les mêmes instincts".

Et puis autre animal, en couverture cette fois des Inrocks, le chien : interview du cinéaste Wes Anderson, autour de son film "L’île aux chiens" et du concept suivant : "les chiens sont devenus les icônes de la pop culture".

Enfin, on peut citer la revue de culture générale L’Éléphant qui sort aujourd’hui et nous rappelle que ce n’est pas la première fois qu’on interroge la nature humaine à travers les animaux : numéro spécial Jean de la Fontaine, dont le premier recueil de Fables a été publié il y a 350 ans, en 1668. Avec un but assumé : "se servir des animaux pour instruire les hommes".

"Les Fables sont un miroir impitoyable pour l’humain, écrit Christophe Hardy, parce qu’elles révèlent la bestialité de l’homme. La Fontaine y dénonce en réalité l’homme comme la pire des bêtes, par sa cruauté, son goût de la violence et la destruction".

Voilà, ça permet de bien se rafraîchir la mémoire autour de Fables qu’on a parfois oublié et c’est à lire dans la revue L’Éléphant.

On parlait de "cruauté, gout de la violence et de la destruction", l’autre titre ce matin, cette fois dans les quotidiens, c’est le procès des djihadistes de Lunel qui s’ouvre aujourd’hui à Paris.

Oui, le procès "des aidants au djihad", résume le Figaro, celui "d’une pépinière à djihadistes", ajoute Libération.
Lunel également en Une de Midi Libre et la Dépêche du Midi…

Tous reviennent sur l’enquête, la partie judiciaire.
Tous sauf La Croix qui s’intéresse à la ville, "Lunel, qui veut chasser l’ombre du djihad".

Reportage de Pascal Charrier dans ce lieu où, dit-il, "on s’efforce de renouer les liens".
20% de chômage et des "poches de grandes pauvretés", "la ville n’est plus tout à fait la même qu’en 2014, explique Jean-Pierre, il y a encore beaucoup à faire pour améliorer le vivre ensemble, mais il s’est passé des choses : une école de la 2ème chance a été ouverte, une école du numérique aussi, un centre social, des appels à projets sont lancés".
Et puis, un nouvel imam est arrivé, écrit La Croix, Saïd Aït Laama : contrairement à son prédécesseur, il parle français et ne veut surtout pas que l’engagement dans le djihad des musulmans soit un tabou : "ça ne suffit pas de dire que l’Islam ça n’est pas ça, dit-il, il faut que nous luttions tous ensemble, dit-il. Moi je ne veux pas simplement tourner la page, il faut l’arracher de manière définitive".
"On avance, résume un animateur, on est sur la bonne voie". "Sachant qu’il y a un point qui rapproche tout le monde, ajoute Rachid, c’est qu’on en a ras-le-bol de voir notre ville stigmatisée".
"Oui, Lunel ça n’est pas que ça", conclu son frère Amar. Et de donner en exemple le muscat produit par un de ses amis à qui, au salon du vin, des acheteurs ont inévitablement parlé non pas "cépage" mais "Daesh".

Récit d’une lente et minutieuse reconstruction, à lire donc dans La Croix.

Et puis, à chaque jour son thème de débat : hier, les éditos portaient tous sur la SNCF, ce matin, c’est la réforme constitutionnelle.

Oui, moins de parlementaires et une micro-dose de proportionnelle, l’affaire n’emballe personne : c’est "un symbole" pour le Figaro,
"Un ripolinage consensuel" pour la Montagne,
"Un ripolinage de façade qui ne mange pas de pain", pour les Dernières Nouvelles d’Alsace. 
Le Courrier Picard évoque "non pas une réforme mais une "méforme"".

Et puis, il y a les coulisses du texte, le bras de fer Bayrou/Larcher.
Là, aussi, tout le monde est d’accord, c’est Gérard Larcher, le président du Sénat qui a gagné. "Négociateur aguerri et rusé, écrit Marion Mourgue, dans le Figaro, il a obtenu en partie gain de cause".
Pour François Bayrou, c’est "un affront" titre le Huffington Post.
Question de poids politique. "Emmanuel Macron a préféré arracher un deal avec Gérard Larcher, écrit Alexandre Boudet, objectif : couper l’herbe sous le pied d’un Laurent Wauquiez qui voudrait le pousser au référendum pour le faire trébucher".

La politique du billard à trois bandes, où la réforme des institutions, finalement, c’est assez secondaire.

Enfin, puisqu’on parle du parlement, signalons le dernier numéro de la revue Charles : "vis ma vie de député". "Une fonction violente", affirme notamment le débutant, Cédric Vilani, qui confie avoir perdu du poids et des cheveux les premiers jours de son mandat et pose en Une avec son éternelle araignée à la boutonnière.

Enfin, cette question en Une du dernier numéro de la revue America : que reste-t-il de l’Amérique sauvage ?

On parlait des animaux tout à l’heure, eh bien le magazine nous dépeint des grands espaces défigurés, ravagés par la course aux pétroles, des rivières polluées à l’arsenic au baryum et au plomb, les bison et les cygnes dont l’habitat naturel est réduit à peau de chagrin.

Et puis, il y a ce récit signé Pete Fromm qui, après l’avoir fait lui-même, incite le lecteur à retourner "à la vie sauvage", dans la forêt, isolé, loin de tout.
"Prenez des ski, ou des bottes, dit-il, toute la nourriture possible évidemment, surtout pas de téléphone, rien, jetez-le à la poubelle. Sortez de votre vie, et regardez la neige, les traces, la ronde des élans, des mouflons, des cerfs, celle des coyotes, des loups, des pumas. Vous ne tarderez pas à comprendre que les seules traces humaines alentour sont les vôtres. Et ça, ça fera naitre en vous une sensation qu’une avalanche de likes ne pourra jamais remplacer. (…)
En rentrant, vous réaliserez que vous n’avez pas raté grand-chose du monde des hommes, vous regretterez l’eau, le vent, les oies qui volent en V, un monde qui signifie que quelque chose se passe, que quelque chose est là. Alors osez".

C’est un très beau récit à lire dans la Revue America, ça dépayse et surtout ça en dit long sur la quête de sens qui nous obsède, cette préoccupation millénaire qui reste l’apanage, parmi tous les animaux, du seul homo sapiens.