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Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Evidemment ce matin, vos journaux décryptent largement l’interview présidentielle d’hier soir.

Et à lire les analyses, on sent les éditorialistes bien décontenancés. "Comment qualifier cette interview", se demande par exemple Patrice Chabanet dans le Journal de la Haute-Marne, "qu’aura retenu le téléspectateur au bout d’une émission de plus de deux heures, où la forme l’a emporté sur le fond, où les deux journalistes n’étaient plus vraiment journalistes et le président plus vraiment président ?" Effectivement, beaucoup évoquent un débat "confus". C’est l’expression en Une du Figaro où Yves Thréard y voit "un procès  insupportable et inutile".
"Un débat brouillon", pour Olivier Pirot dans la Nouvelle République. Deux heures qui "n’ont rien apporté de neuf", regrette la Voix du Nord. "C’est la pire émission que j’ai jamais vue", lance l’ancien conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, Franck Louvrier dans le Parisien. La faute à qui ? "A Plenel et Bourdin qui ont davantage écouté leurs questions que les réponses, dit-il, ajoutant que "la Syrie et l’évasion fiscale, ce ne sont pas des sujets qui intéressent les français". Le Parisien qui titre tout de même sur "Macron qui trace sa route, encaisse et castagne". Dans la même veine, le Progrès a vu "un président qui assume", "un puncheur" pour l’Est Républicain, "pugnace" pour Ouest-France. "Macron ne lâche rien", juge l’Union et la Provence.

Enfin, il y a ce même entretien décrit par Florence Chédotal dans la Montagne : il faut imaginer "Emmanuel Macron sur un ring, dit-elle, face à deux pitbulls de l’interview, catégorie mâles de plus de 60 ans. Le président venait prendre des coups et il en a donné, mais que restera-t-il de ce sketch surjoué ? De cette épuisante distribution de baffes en jet continu ? Sinon, dit-elle, un combat d’ego où l’agressivité rivalisait avec les coups bas et l’orgueil testostéroné."
Florence Chédotal qui s’interroge : "faut-il s’aboyer dessus pour convaincre ?". Telle est la question.

Et puis l’événement sur lequel reviennent beaucoup de journaux ce matin, c’est la Syrie et les frappes des alliés ce week-end.

Oui, en Une de Libération, de la Charente Libre et de L’Humanité. "Frapper la Syrie, et après ?", demande La Croix qui analyse l’intervention de samedi. "Elle était d’abord symbolique, écrit le journal, notant que "le régime de Damas, en état d’alerte, a eu largement le temps de procéder à l’évacuation des sites ciblés." D’autant qu’en attendant, "le régime de Bachar el-Assad, fort du soutien de la Russie et de l’Iran, a reconquis plus de la moitié du pays, l’armée syrienne a même annoncé avoir repris intégralement l’enclave rebelle de la Ghouta."
Bref, pas de raison pour le président syrien de s’inquiéter. Mais était-ce l’objectif de cette action commune des américains, britanniques et français ? A lire le papier de Jean-Dominique Merchet dans l’Opinion, on comprend que non. Et que malheureusement, on est bien plus dans de la politique intérieure que dans l’idée de résoudre un conflit vieux de 7 ans. "Avec ces frappes, écrit-il, Donald Trump et Emmanuel Macron ont pu sauver la face à peu de frais (bon, plusieurs millions d’euros tout de même, mais va pour "peu de frais") Ainsi, il ne sera pas dit qu’ils ressemblent à un Barack Obama refusant l’obstacle. Le président français a pu dire jeudi "peut-être qu’on y était plus habitué mais moi je fais ce que je dis", même chose pour le président américain qui a mis à exécution sa promesse, écrite en un tweet, d’envoyer des missiles "nice and smart".
Et maintenant ?, demande l’Opinion, eh bien maintenant, on devrait revenir au business as usual, conclu Jean-Dominique Merchet. Bachar a écrasé les rebelles, on reparlera à la Russie, et il est peu probable que les lignes bougent sur le dossier syrien." Deux papiers très éclairants à lire dans la Croix et l’Opinion.

Et puis, l’autre titre qui fait encore la Une ce matin, c’est la situation à Notre-Dame-Des-Landes.

Avec cette question qui résume bien en première page de Presse Océan : "comment sortir du bourbier de la ZAD ?" Reportage notamment dans Libération avec les sympathisants qui ont afflué sur la zone tout le week-end pour soutenir les expulsés.  Portrait d’une bande de joyeux résistants, qui, comme Chloé, 27 ans, parlent d’un "truc génial, beau, une étincelle qui vient du cœur, un endroit où les gens sont moins égoïstes et plus solidaires." D’après Libération, on a même "dansé au son du biniou devant les cordons de gendarmes dans un face à face non violent et musical."

Et puis, tout autre tableau sur le site Making-Of de l’AFP, où le photo-reporter Loïc Venance raconte, lui, les affrontements ultra-violents entre forces de l’ordre et encagoulés, l’impossibilité d’avoir accès à la zone, même avec carte de presse, mais aussi les blessures générées par les grenades : "je ne comprends pas ce qui s’est passé, écrit le photographe, je pensais qu’avec l’abandon du projet d’aéroport, on passerait à autre chose, mais les forces de l’ordre ont été utilisées avec beaucoup de violence pour ce qui devait être une action symbolique. j’ai du mal à comprendre pourquoi". Pourquoi ? Eh bien d’après le quotidien l’Opinion parce que ça fait partie, entre autre, du "plan com’ d’Emmanuel Macron pour faire passer la grève de la SNCF au second plan." Décryptage et confidence page 5 : "moins les cheminots feront les gros titres, moins le mouvement aura de chance de prospérer" note, satisfait, le conseiller d’un ministre interrogé par Nathalie Segaunes, qui évoque une "bataille de communication" pour faire "diversion" : "de fait, en envoyant 2500 gendarmes expulser 250 zadistes, les images spectaculaires de bataille rangée n’ont pas tardé à tourner en boucle sur les chaines d’infos. Et le dossier SNCF a été relégué en troisième position dans le JT de France 2 samedi soir." "On a bien entretenu le feuilleton de l’évacuation pour faire descendre le mouvement social dans la hiérarchie médiatique", reconnait un autre conseiller anonyme. Enquête à lire donc dans le quotidien l’Opinion.

Enfin, qui dit "blocages" dit aussi. rhumatismes. C’est le dossier "santé" du Parisien ce matin.

"Stop aux idées reçues sur les rhumatismes", titre le journal. C’est comme la Syrie ou la ZAD, c’est pas tout à fait ce que vous croyez. "Ce ne concerne que les personnes âgées" ? Non, répond le Parisien, l’arthrose étant en partie héréditaire, elle peut concerner tout le monde, il arrive même que des enfants et adolescents aient des rhumatismes inflammatoires en particulier les petites filles. "Le surpoids peut les provoquer ?", c’est vrai, d’après les médecins, tout comme le fait que les "douleurs se déclenchent plus facilement lorsque l’air est humide". En revanche, explique le médecin interrogé par le Parisien, se faire craquer les articulations des doigts ne change rien, ça ne guérit pas les rhumatismes. La meilleur façon de lutter conclu-t-il, c’est de pratiquer une activité physique, ne serait-ce que de la marche." Voilà, c’est le conseil du matin : pour éviter les blocages, rien ne sert de se craquer les articulations bruyamment. Il faut bouger.