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Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Dans la presse ce matin, un mot qui revient : "l’escalade".

"Entre Israël et l’Iran, titre le Télégramme, une escalade dangereuse".
"Escalade inquiétante", en Une du Figaro. Le Dauphiné reprend le même terme en y ajoutant prudemment un point d’interrogation. "Risque d’escalade", écrit également Ouest-France dans son édito, préférant, en titre, l’expression "Poussée de fièvre". La Nouvelle République craint "l’embrassement", La Croix parle d’une "poudrière" et Libération pose cette question : "jusqu’où ?". Parce qu’effectivement, c’est l’interrogation qui prédomine, y compris dans la presse internationale : "l’Iran et Israël s’entre-attaquent, what’s going on ? que se passe-t-il ?" demande le New York Times. "Cette guerre est-elle inévitable ?", s’interroge l’Orient-Le Jour. "Que peut-il se passer ensuite ?", ajoute le quotidien hébreux Haaretz. "Parce que vu d’Israël, écrit l’éditorialiste Chemi Shalev, Netanyahou est roi, Trump est un Dieu, la testostérone des nations déborde, et l’on oublie que l’euphorie est souvent un prélude au désastre". "Il n’y a pas de plan B, résume le ministre des affaires étrangères", Jean-Yves le Drian dans le Parisien, "le plan B, c’est la guerre, nous plaidons donc pour que la désescalade se fasse". Jean-Yves Le Drian qui condamne Téhéran et "toute tentative de porter atteinte à Israël". "Condamnez-vous également les frappes Israéliennes ?", lui demande le journal. "Je crois avoir été clair", répond-il. On comprend donc que diplomatiquement, la France se place du côté de Tel Aviv. Mais économiquement, "Paris veut tout faire pour préserver les intérêts de ses entreprises en Iran", c’est le titre des Échos, ce matin. Acrobatique stratégie du "en même temps". Et puis, à défaut de pouvoir prédire l’avenir, on ausculte le passé. Avec notamment deux hors-série : celui de la revue Sciences Humaines, "comprendre le Moyen-Orient". Et celui de l’Express consacré à Israël : "1948-2018 : 70 ans d’histoire, une nation, un destin".

À ce sujet, Paris Match publie une longue tribune du réalisateur Israélien Amos Gitaï.

Quatre pages, et ce titre : "Israël a été le refuge des juifs, aujourd’hui la question est de savoir quel type de société ce pays va devenir". À travers l’exemple de sa propre famille, le cinéaste énumère ce qui, pour lui, fait l’identité complexe d’Israël. D’abord, cette utopie, portée par les pionniers. "Ceux, comme ses propres grands-parents arrivés en 1905 et animés par le désir de concrétiser leur idéal d’un nouveau monde, et puis ceux aussi qui ont débarqué, poussé par l’Histoire, écrit-il, éjecté par l’Europe. L’identité d’Israël, poursuit Amos Gitaï, ce sont aussi les vies brisées des Palestiniens, déplacés, exilés. Ce sont tous ces fragments qui composent la réalité contemporaine d’Israël". Et d’exprimer sa crainte, 70 ans après la fondation de l’État : celle "d’une domination des forces autoritaires, cette vague religieuse et nationaliste, dit-il, qui ne prend pas en compte l’existence de tous les citoyens, qui instaure une discrimination. (…) Un excès de nationalisme, ajoute Gitaï, qui n’est pas une fatalité. Simplement, notre réalité politique, c’est qu’il manque aujourd’hui une figure qui aurait le courage, l’optimisme même !, en dépit de tout ce qui se passe au Moyen-Orient, d’avancer, de tendre la main, de créer un dialogue. Cette absence est dramatique, conclu-t-il, mais voilà, ce pays n’appartient pas seulement aux responsables politiques actuellement au pouvoir, et oui, il existe des Israélien sincèrement désireux de réconciliation". Une tribune du cinéaste Amos Gitaï à lire donc, dans le dernier numéro de Paris Match.

Et puis, tout autre titre ce matin, on en parlait à 8h avec Julien Pierce : on se projette à demain, samedi, avec la finale de la Coupe d’Europe de rugby entre Leinster et Le Racing.

L’Équipe s’intéresse par exemple à l’ailier du Racing 92, "Teddy Thomas, 24 ans, 1 mètre 85 pour 98 kilos, un joueur à la puissance physique hors du commun", nous dit le journal…
Et puis, autre joueur, autre génération, Dan Carter, 36 ans, interview du néo-zélandais du Racing à lire dans le Figaro où il confie "qu’avec l’âge, entre les blessures et les baisses de forme, c’est dur de toujours garder le même niveau de jeu". Où l’on comprend qu’on demande toujours plus de muscles, de testostérone, et de démonstrations de force aux joueurs de rugby. Une escalade de violence qui inquiète l’international Robins Tchales-Watchou.
Témoignage à lire dans la Revue XXI. "Après 12 ans de carrière, dit-il, je me suis fait rafistoler l’épaule, j’ai le genou en vrac, je n’ai plus de tendon à la cheville, j’ai des lunettes de vue, de repos, et pourtant, j’ai 35 ans. Comme dit mon médecin, je ne ferai pas un bon vieux". Il raconte, les successions de commotions cérébrales, une dizaine, les hémorragies internes, son corps paralysé, les migraines, la mémoire qui fait défaut, et puis, en parallèle, le déni dans le vestiaire : parce que « de beaux gaillards comme ça, ça ne se plaint pas d’un p’tit mal de crane !". "En quelques années, on est passé d’un sport d’évitement, à un sport de combat, dit-il, on recrute toujours plus costaud, toujours plus lourd, les mecs sont des monstres auxquels on demande de se rentrer dedans. Mais personne ne fait rien… Parce que le rugby, c’est un business. On touche des sommes folles aujourd’hui pour jouer, forcément ça étouffe beaucoup de critiques". "Sauf qu’un jour, un gamin ou une gamine va y rester. C’est écrit, on le sait d’avance, et on nous reprochera, à raison, de ne pas avoir pris les mesures nécessaires". Voilà, la face cachée de l’ovalie, c’est à lire dans la Revue XXI.

Enfin, il y a aussi des escalades que l’on peut freiner : "nous pouvons inverser le réchauffement climatique", c’est le supplément Week-end du Parisien qui nous l’annonce.

C’est en tout cas la théorie développée par l’écologiste américain Paul Hawken, qui publie un livre intitulé "Comment inverser le cours du réchauffement planétaire", "un vigoureux antidote à la résignation, écrit le magazine". Après quatre années de réflexion avec plus de 70 chercheurs dans le monde, il propose 80 solutions pour diminuer les émissions de gaz à effets de serre.
"D’ordinaire, dit-il, on ne parle que de la question de l’énergie, or il y a bien d’autres réponses complémentaires, par exemple, la réduction du gaspillage alimentaire, l’idée d’inciter à une alimentation riche en végétaux plutôt qu’en produits carnés, il y a aussi l’éducation des filles, leur accès à la contraception et aux crédits bancaires. Toutes ces propositions sont bonnes pour le climat, mais elles sont également bénéfiques pour les familles, l’emploi et la santé". Le Parisien Week-end rappelle que plusieurs d’entre elles font déjà leurs preuves : "la rotation des cultures par exemple, ou l’agriculture sans pesticides". Autre signe encourageant : "les énergies renouvelables. Aujourd’hui, précise Paul Hawken, l’électricité produite avec de l’éolien terrestre coute moins cher que celle issue du charbon ou du nucléaire".  L’inversion vient de se faire, mais elle est bien là. Rien n’est insurmontable. "Seulement, pour y arriver, conclu l’écologiste, il ne faut pas imposer les changements, mais s’appuyer sur l’intelligence collective de l’humanité". Voilà, les désescalades sont possibles, encore faut-il que chacun prenne sa part, aussi modeste soit-elle.