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Chaque jour, Marion Lagardère scrute la presse papier et décrypte l'actualité.

Dans la presse ce matin, le macronisme en question.

Et après un an de théorie et de pratique, chacun a son analyse.
"Macron, c’est la revanche de la noblesse d’État", juge le quotidien l’Opinion.
Le Figaro, lui, donne la parole au principal intéressé, confidences recueillies par François-Xavier Bourmaud dans l’avion présidentiel de retour de Nouméa : "au bout de 365 jours, résume Emmanuel Macron, je peux toujours avancer, ma détermination n’a pas bougé d’un pouce".
De quoi faire dire, à l’autre bout de l’échiquier éditorial, à l’Humanité que "Emmanuel 1er est le roi de la casse". Reportage avec des macronistes de gauche qui "déchantent".
Là où Libération propose un reportage avec les macronistes de droite, fillonistes ou villieristes, qui, eux, festoient : "un an de Macron : la droite a enfin son président", titre Libé.

Un constat partagé par le journal Le Monde, qui publie également un long papier sur deux pages, intitulé "Macron sur la voie royale" où les journalistes Solenn de Royer et Bastien Bonnefous démontrent comment le président puise dans "la symbolique monarchique".
Macron au Louvre, à Versailles, à Chambord, ou encore sur le tombeau des rois à la basilique Saint-Denis. "Il est aussi devenu expert en bain de foule, écrit le journal. Ce jeune président, qui a parfois des allures de prêcheur, s’y jette, s’y plonge, s’y complait. Il touche, enlace, caresse, prend les enfants dans ses bras et n’a pas peur des mécontents. Pour le porte-parole de l’Élysée, cette geste serait un écho lointain des rois thaumaturges qui guérissaient les écrouelles : "c’est un toucher performatif, explique Bruno Roger-Petit, le roi te touche, Dieu te guérit, il y a là une forme de transcendance"".
Voilà, il manque un petit "amen" à la fin du paragraphe. Un oubli sans doute.

Mais comme l’a très bien démontré le billet de Matthieu Noël tout à l’heure, autant en rire.

L’autre titre ce matin, on en parlait avec notre invité, c’est le mouvement social qui persiste.

Oui, ou plutôt, comme dirait le président, la mobilisation de "ceux qui foutent le bordel".
La SNCF, d’abord, avec les acteurs de la réforme qui sont reçus en ce moment à Matignon.
C’est la Une du Figaro qui exhorte le gouvernement à "ne rien lâcher (…) Édouard Philippe n’a aucune raison de céder", écrit Gaëtan de Capèle dans son édito, "renoncer serait une faute impardonnable".
Et puis autre mobilisation, celle "d’Air France : un gâchis national", titrent Les Échos.

Les Échos qui publient une longue interview du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, l’homme des compromis, du dialogue, le syndicaliste modèle que les gouvernements successifs ont mis en avant pour son réformisme.
Eh bien, quitte à se faire traiter de Cassandre, il met en garde :
"Emmanuel Macron s’obstine à ne pas prendre en compte la diversité de la population qui s’exprime à travers les corps intermédiaires, dit-il, il fait croire qu’il ne faut que de la sueur et des larmes, mais c’est ça qui fera monter le Front National. Avec lui, soit on est d’accord sur tout, soit on n’a pas voix au chapitre, et ça va faire monter les radicalités, la violence dans la société. Imposer une centralité et une relation directe avec le peuple, dit encore Laurent Berger, c’est dangereux pour la démocratie".

Pour mesurer le risque dont parle Laurent Berger, on peut lire par exemple le dossier de Une de la Charente Libre : "d’après une étude BVA, un salarié sur deux peine à vivre avec sa paie", témoignage de charentais en difficulté.

Dans la France d’Emmanuel Macron, "La croissance repart, mais pas encore les salaires", résume La Croix, "les chefs d’entreprises sortent à peine de la crise, tout est imprévisible, ils ne vont donc pas prendre la décision irréversible d’augmenter les salaires".

Enfin, Challenges nous rappelle que tout ne va pas si mal, "l’embellie économique se ressent pour les patrons du CAC 40, écrit le magazine, ils ont vu leur rémunération progresser de 14% en un an, gagnant en moyenne cinq millions d’euros contre 4,5 l’année précédente".
Revue de revenu groupe par groupe, à lire sur le site challenges.fr.

Et puis, l’une des expressions du macronisme, on en use et abuse, c’est "en même temps". Et bien vous avez trouvé ceux qui l’appliquent pour de vrai.

Oui, ce sont les "ploggeurs", un terme qui nous vient de Suède pour qualifier ces joggeurs qui courent et "en même temps" ramassent les déchets qu’ils trouvent sur leur chemin.

Reportage dans Le Monde, où le journaliste Nicolas Santolaria a testé pour vous le "plogging"".
Avec une association, il est allé ramasser des déchets en bord de Seine tout en courant ses sept kilomètres. Gants en caoutchouc, et grand sac poubelle à la main, le ploggeur "n’en est pas pour autant un éboueur bénévole, écrit-il, on ne ramasse ni verre brisé, ni produits chimiques, ni préservatifs usagés, en revanche, cannette et carton à pizza sont comme des pépites d’or.

"Ramasser des détritus est incroyablement énergisant", raconte un coureur devenu accro", "Sur le parcours, les "mercis" et les "bravos" fusent de la part des passants. Bilan de la course : un sac plein, 600 déchets récoltés par 6 coureurs et surtout, précise le journaliste, le sentiment du devoir accompli".
"Même si je ramasse la merde des autres, conclu Elodie, 28 ans, c’est beaucoup plus plaisant de faire les choses par moi-même que d’attendre les résultats hypothétique de la COP 21".
Un corps sain dans un décor sain, reportage à lire donc dans Le Monde.

Enfin, puisqu’on parle de déchets, on sait qu’en général ils finissent dans la mer, et c’est justement de ça, des océans, que parle l’ancien conseiller scientifique du commandant Cousteau sur le site Usbek & Rica.

Oui, une interview de François Sarano particulièrement inspirante.

Alors il y a la partie déprimante : surpêche, pollution, réchauffement climatique, acidification, disparition d’espèces et évidemment fléau des déchets. On déverse l’équivalent d’un camion-poubelle chaque minute dans les mers.
Et puis il y a "la bonne nouvelle, c’est que tout ça n’est pas irréversible, explique François Sarrano, là où l’on a arrêté de détruire, la vie est revenue, le milieu marin est beaucoup plus résilient que le milieu terrestre.
Mais le fait est qu’il faut arrêter de se poser des questions et changer de mode de consommation, il n’y a pas de temps à perdre, dit-il, tout le monde sait ce qu’il faut faire, Macron, Trump, les grands industriels. Le problème, c’est qu’ils s’en lavent les mains, voire gagnent de l’argent sur cette destruction".

L’océanographe qui dénonce aussi l’encouragement au consumérisme : "Macron nous demande de consommer pour assurer la croissance. Est ce qu’il nous parle en citoyens ? Non, on nous parle en consommateur.
Il faut changer violemment de philosophie. S’interroger sur ce que nous voulons, arrêter de confondre le mieux être avec l’accumulation et en finir avec une vision purement utilitariste des choses. Ce sont les choses dites inutiles qui font l’essence de la vie, un regard, une discussion, une rencontre, pas les voitures ou les smartphones".
Une interview disruptive à lire sur le site Usbek & Rica et qui met des mots sur ce rêve macronien : "make our planet great again", rendre sa grandeur à la planète et en passant à nous-mêmes.