Meurtres à Marseille : "on ne fait rien pour améliorer les choses"

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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Invité d'Europe 1, Philippe Pujol, journaliste et auteur de "La Fabrique du Monstre", s'est exprimé sur les nombreux meurtres commis à Marseille depuis le début de l'année.

Marseille compte ses morts. Depuis le début de l'année, onze personnes ont été tuées dans la cité phocéenne. Lundi, un homme a encore été abattu dans le 14e arrondissement, moins de 48 heures après un triple homicide, également dans les quartiers nord de la ville.

"On peut craindre une année record". "Les règlements de compte, c'est toujours par vague", explique Philippe Pujol, journaliste et auteur de La Fabrique du Monstre. "A partir du moment où une guerre éclate, il va y avoir des répliques, des vengeances, il va y avoir des meurtres préventifs, c'est-à-dire qu'on tue avant d'être tué. Cette année part malheureusement très fort. On peut craindre une année record", regrette-t-il.

"Pas toujours dû au trafic de stupéfiants". Sur Europe 1, Samia Ghali, la sénatrice-maire des 15e-16e arrondissements de Marseille, avait déclaré connaître l'un des jeunes abattus samedi soir, assurant que "ce petit jeune n’était ni un voyou ni un délinquant, il allait juste voir un match de foot…". "Les causes ne sont pas toujours dues au trafic de stupéfiants", reconnait Philippe Pujol. "Mais la plupart du temps, oui. Si ce n'est pas directement lié, c'est en tout cas le trafic qui fait qu'une équipe est équipée d'armes", observe-t-il.

"On ne fait rien pour améliorer les choses". Pour autant, cette flambée des violences semble avoir des origines multiples, parmi lesquelles les relations entre les jeunes et la police. "Les relations jeunes-police se sont détériorées autour de 2004-2005, au moment où Nicolas Sarkozy était ministre de l'Intérieur. Cette dégradation n'a pas cessé de s'accentuer. Et on ne fait rien pour améliorer les choses", dénonce Philippe Pujol.

"Le retour à la police de proximité est nécessaire". Parmi les solutions avancées par le journaliste, "un retour à la police de proximité", qu'il juge "nécessaire". "Il existe à Marseille l'unité de prévention urbaine, des policiers qui vont dans les cités sans armes, en se présentant comme étant de la police et qui essayent de savoir quel gamin est en train de glisser, et quand ils apprennent que tel gamin glisse, ils font des actions avec le tissu associatif, avec les parents, avec l'école, pour essayer de sauver ces gosses."

"Le problème, ce sont les inégalités sociales". Mais Philippe Pujol insiste, c'est bien un travail en profondeur qui permettrait de guérir les maux profonds des cités marseillaises. "C'est un mensonge d'imaginer qu'on va régler la problématique des cités avec la police. C'est comme si on disait qu'une maladie grave peut être soignée avec des infirmiers. Ce n'est pas vrai. La police est nécessaire, mais on a surtout besoin de développement économique, de mixité sociale et surtout d'égalité sociale. Le problème principal, ce sont les inégalités sociales. C'est moins facile que d'envoyer 100 flics avec des caméras derrière".