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SAISON 2016 - 2017

David Doukhan, chef adjoint du service politique d'Europe 1, revient dans la matinale sur les origines de la détestation qu'entretiennent depuis des années le maire de Pau et le candidat à la primaire de la droite.

Depuis plusieurs jours, Nicolas Sarkozy et François Bayrou se livrent une bataille rangée. Le premier ne pardonne pas au second d’avoir appelé à voter Hollande en 2012. Le second accuse Nicolas Sarkozy d’être hystérique et faible. C’est de la politique, mais c’est aussi une affaire personnelle.

La haine des sarkozystes. Il faut voir Nicolas Sarkozy haranguer les foules en dézinguant François Bayrou dans le but d’affaiblir Alain Juppé. ll faut entendre les supporters de l’ex-chef de l’Etat huer et siffler à en perdre haleine, parfois même hurler des injures. Et il faut lire la lettre publiée en réponse par François Bayrou : "Brutalité, hystérie, Nicolas Sarkozy est en perdition", estime le fondateur du MoDem. Ce n’est plus une missive, c’est un missile.

Une vieille histoire. Les deux hommes se détestent, une haine ancienne les sépare. Elle remonte aux européennes de 1999. Nicolas Sarkozy est tête de liste RPR, François Bayrou tête de liste UDF. À l’époque, dans l’émission Mots croisés, les deux hommes, qui se tutoient, ont un violent échange. "Tu es en train d’expliquer tout le mal que tu peux penser de tes propres amis", lance Nicolas Sarkozy. "Je suis en train d’expliquer la vérité, comme elle était", lui répond François Bayrou.

Les municipales de 2008. Les reproches qu’ils s’assènent, il y a 17 ans, sont donc peu ou prou les mêmes qu’aujourd’hui : François Bayrou serait un traître, et Nicolas Sarkozy un menteur. En 2008, François Bayrou qualifie l’ancien président d’"enfant barbare". La même année, Nicolas Sarkozy fait perdre François Bayrou lors des municipales de Pau, préférant une victoire socialiste à celle de son ennemi juré.

Faire perdre Nicolas Sarkozy. La conséquence de cette détestation, c’est qu’il faudra compter avec François Bayrou, à la fois dans le cadre de la primaire à droite et de la présidentielle. C’est depuis le Groenland, où il est en déplacement, qu’il a rédigé sa réponse à Nicolas Sarkozy. Et dimanche soir, alors qu’il avait vue sur "les icebergs bleus de l’Atlantique-Nord", François Bayrou n’avait toujours pas décoléré. "Nicolas Sarkozy fait naître la haine", a-t-il confié. Et pas question de laisser les Français enfermés dans un choix entre l’ancien président, l’actuel et Marine Le Pen ; si Nicolas Sarkozy est désigné, François Bayrou sera candidat, pour le faire perdre. La haine, en politique, a toujours des conséquences.