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François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Quand l’Australie se refuse au baiser chinois.  

C'était assez frappant dans les discours hier du président français et du premier ministre australien, la Chine est devenue une obsession, peut-être aussi une menace.

Emmanuel Macron termine aujourd’hui sa visite officielle en Australie, et vus avez pu vous rendre compte sur place que c'est un pays qui veut limiter de plus en plus sa dépendance vis-à-vis de la Chine. 

L’Australie est en effet devenue au fil des années 90 et 2000 l’un des premiers partenaires économiques de la Chine avec un commerce bilatéral qui frise les 100 milliards de dollars. "Les Chinois ont investi tous les secteurs de l’économie australienne", me confiait un industriel français hier. Aujourd’hui, un tiers de la population de Sydney est asiatique et un habitant sur dix est d’origine chinoise. Depuis les évènements de la Place Tien An Men en 1989, l’Australie a ouvert ses bras aux étudiants chinois. Il y en a aujourd’hui plus de 100.000 chaque année, ce qui représente un quart des étudiants étrangers sur place. Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping à Pékin, et le pivot américain vers l’Asie et le Pacifique de Barack Obama pour contenir l’hégémonie chinoise dans la région, les liens se sont détériorés. Au point que 40% des Australiens perçoivent aujourd’hui la Chine comme une menace. L’allié traditionnel, les Etats-Unis, n’est pas jugé des plus fiables depuis que Donald Trump est entré à la Maison Blanche. Et c’est dans ce contexte donc, que les autorités actuelles à Camberra cherchent à diversifier leurs partenariats économiques et militaires. Nous nous félicitons de la renaissance chinoise, disait hier le premier ministre australien mais il ne faut pas que cela se fasse à nos dépens.

Mais est-ce que la Chine menace vraiment l’Australie ?

Disons que les services chinois sont très actifs en Australie. Pour eux, ce pays reste une base avancée de l’Occident dans la zone Asie-Pacifique et doit être à la fois apprivoisé, conditionné par le commerce et surveillé de près. On ne compte plus les liens étranges entre certaines élites australiennes et des personnalités chinoises du monde des affaires. Le pire a sous doute été atteint en 2015 lorsque le port de Darwin au nord, qui abrite une base navale prêtée également à la marine américaine,  a été racheté par une entreprise chinoise liée au Parti communiste. Il y a même eu en décembre dernier ce cas d’un sénateur travailliste australien qui a été obligé de démissionner après avoir été confondu en tant qu’agent au service de la Chine. Non seulement il favorisait la corruption des membres de son parti par de riches hommes d’affaires chinois mais il prenait parti en faveur des thèses chinoises sur les droits de l’homme et la question des revendications territoriales de Pékin en Mer de Chine méridionale.

D’où la volonté de l’Australie de s’arrimer davantage à l’Europe.

D’autant plus qu’avec la sortie programmée du Royaume Uni de l’Union européenne, les Australiens sentent bien qu’entre la Chine et les États-Unis, il serait bon d’avoir un partenaire qui rétablit l’équilibre. Un traité de libre-échange avec l’Union européenne est en cours de négociation et Camberra facilite l’accès des entreprises européennes à son marché de 25 millions d’habitants. Au point que le français Thales vient de se voir confier la gestion du trafic aérien civil et militaire en Australie. C’est assez rare pour être signalé.