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François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Le faucon de Donald Trump a-t-il des ailes ?

Le nouveau patron de la diplomatie américaine que Donald Trump a désigné le mois dernier, Mike Pompeo, est entendu à partir d’aujourd’hui par le Sénat qui doit valider sa nomination. Mais pour quelle politique étrangère, notamment -puisque c'est son baptême du feu- sur la Syrie ?

C’est la question que se posent la plupart des responsables politiques des grandes puissances engagées sur la scène internationale et notamment en Europe. Mike Pompeo, 54 ans, est en effet un être à multiples facettes. Il est d’origine italienne et californienne avant de faire carrière en affaires au Kansas, autrement dit issu d’un milieu populaire et ancré dans l’Amérique profonde. C’est aussi et surtout un militaire qui choisit l’académie de West Point dès la sortie du lycée et en sort major avant de servir l’armée pendant cinq ans à Berlin avant la chute du Mur et pendant la première guerre du Golfe. Autrement dit, c’est un homme qui a connu l’ancien monde et qui n’est pas dupe de ce qu’est devenu la Russie par exemple. C’est enfin un homme politique, député républicain du Kansas à la Chambre des Représentants pendant six ans, élu puis réélu deux fois, membre de la Commission du renseignement, proche du Tea Party. Et c’est à cause de ce profil et de ce potentiel que le président Trump nomme Mike Pompeo à la CIA d’abord avant de lui demander de remplacer Rex Tillerson à la tête du Département d’Etat.

Mais alors pour mener quel genre de diplomatie ?

Tout dépend de la marge de manœuvre que lui donnera Donald Trump. Rex Tillerson n’en avait pratiquement aucune, et Donald Trump, en fait, n’a pas pardonné à Tillerson de s’opposer à lui publiquement sur la Russie, l’Iran ou la Corée du Nord.  Mike Pompeo et Donald Trump devraient être plus en phase mais vous avez un troisième homme dans la boucle qui est John Bolton, le nouveau conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche et qui est un néo-conservateur. Autrement dit, il faut s’attendre à une diplomatie hyper agressive sur l’Iran, hyper-protectrice vis-à-vis d’Israël, bien que Pompeo a désapprouvé le déménagement de l’ambassade américaine à Jérusalem, une fermeté sans failles contre la Russie, mais également sur la Corée du Nord. Parler oui, mais pas pour céder et en cas de rupture, agir par la force.

Si je comprends bien, une diplomatie plus interventionniste que ne l’avait promis Donald Trump.

Oui, le candidat Trump avait promis la plus grande armée du monde pour défendre l’Amérique en dissuadant ses ennemis de l’attaquer. Mais le président Trump se rend bien compte que ne pas intervenir, c’est perdre en crédibilité. Ce n’est pas pour rien qu’une semaine après avoir annoncé qu’il voulait se retirer de Syrie, l’armée de Bachar a accéléré l’offensive sur Douma avec des armes chimiques en pensant qu’il bomberait le torse mais n’interviendrait pas.