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Didier François revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

On revient ce vendredi sur cet inquiétant bras de fer engagé entre l’Iran et Israël qui, pour le moment, se limite à la Syrie mais qui, sur fond de remise en cause de l’accord sur le nucléaire par les États-Unis, pourrait s’étendre à toute la région.

C’est une crainte bien réelle en tous cas pour Angela Merkel et d’Emmanuel Macron qui ont tous deux, ensemble, condamné ce jeudi les provocations iraniennes et appelé à la désescalade.

C’est l’intervention militaire la plus importante d’Israël en Syrie depuis la guerre du Kippour en 1973. Un raid massif qui a mobilisé une trentaine d’avions pour détruire une cinquantaine d’objectifs et toutes les cibles étaient iraniennes.

Clairement, une ligne rouge a bien été franchie dans la nuit de mercredi à jeudi. D’abord parce que, pour la première fois, ce sont des forces iraniennes et pas des supplétifs ou des milices soutenues en sous-main par l’Iran mais des pasdarans. Des gardiens de la révolution membres de la brigade al-Qods qui ont déclenché les hostilités contre Israël en tirant une salve de roquettes directement sur le territoire israélien.

Ce qui, du point de vue du droit international, s’appelle un acte de guerre.

Et cette agression est d’autant plus inquiétante qu’elle est le résultat d’une escalade parfaitement assumée et déclenchée par l’Iran. Le 10 février dernier, lorsque ces même pasdarans avaient envoyé l’un de leur drone violer l’espace aérien d’Israël depuis une de leur base en Syrie (la base dite T4) qui est située entre la ville de Homs et celle de Palmyre.

Ce qui avait entrainé une première riposte israélienne ?

Effectivement. Le drone avait été abattu évidement et sa station de contrôle bombardée, ce qui a été la première confrontation directe entre l’armée israélienne et les forces iraniennes. Une seconde frappe a d’ailleurs eu lieu sur le même emplacement, le 9 avril dernier, au cours de laquelle sept militaires iraniens ont été tués.

Mais soit le message n’a pas été entendu, soit la volonté iranienne d’en découdre est suffisamment importante puisque malgré toutes les mises en gardes d’Israël (et elles ont été nombreuses au court de ces dernières semaines), les pasdarans ont quand même déclenché ce nouvel épisode guerrier. Évidemment, au lendemain de l’annonce par Donald Trump de son retrait de l’accord sur le désarmement nucléaire de l’Iran.

Pourquoi un tel entêtement des Iraniens, au risque d’une confrontation régionale non seulement avec Israël mais aussi avec les États-Unis, voire l’Arabie Saoudite ?

Parce que toute la stratégie du régime de Téhéran est construite sur l’idée qu’Israël est la puissance régionale la plus à même de s’opposer à ses ambitions régionales. Et que si, par exemple, l’Iran décidait de relancer son programme d’enrichissement de l’uranium pour se doter d’une arme atomique, les Israéliens seraient les premiers à déclencher des frappes contre leur programme nucléaire. Ce qui est désormais un risque réel. Le seul moyen de les en dissuader, c’est en tout cas ce que pensent les mollahs, c’est de menacer Israël de représailles insupportables sur son territoire.

Et donc, les Pasdarans s’emploient depuis des années à créer de véritables lignes de front, au plus près des frontières d’Israël, en soutenant des mouvements comme le Hezbollah au Liban ou le Hamas dans la bande de Gaza.

Et depuis le déclenchement de la guerre civile en Syrie, ils ont profité du soutien massif qu’ils ont apporté aux forces du régime de Bachar al-Assad pour déployer leur propre capacité offensive à portée d’Israël, sur le du territoire syrien.

C’est l’ensemble de cette chaîne de commandement qui est désormais dans le collimateur d’Israël qui ne peut pas tolérer une telle menace existentielle et qui doit donc faire la démonstration  de sa totale détermination. C’est pour ça que l’affaire est loin d’être terminée.