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Didier François revient chaque matin sur un événement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Pour la première fois depuis la création de cette agence en 1947 une femme pourrait prendre la tête de la CIA. La candidate choisie par Donald Trump s’appelle Gina Haspel, une espionne qui a fait toute sa carrière dans le renseignement mais peu connue du grand public.

Oui, et pour cause. L’essentiel de son parcours est celui d’un agent de terrain. Gina Haspel est une véritable opérationnelle, très respectée dans le milieu. A 61 ans, elle a 33 ans de CIA au compteur, dont presque de 30 ans de clandestinité, avec tout ce que cela implique de protection de son identité. Les premières photos d’elles n’ont été publiées qu’au mois de mars dernier. Et l’essentiel de ses missions sont, évidemment, couvertes par le secret Défense. Ce qui est absolument indispensable pour protéger les sources qu’elle a recruté et dont une partie est certainement encore active.

On sait quand même deux ou trois choses sur elle.

Oui, fille d’un officier de l’Air Force, elle est née au Kentucky, a été élevé à l’étranger au gré des affectations de son père. Ce qui est un pré-parcours assez classique. Elle a étudié le journalisme et les langues étrangères : l’espagnol, le français, qu’elle parle assez bien, puis le russe et le turc.

Elle rejoint la Centrale en 1985 à la Direction des Opérations  et fait ses classes en Afrique. En 1990, elle bascule sur la Turquie avec évidemment un  œil sur l’éclatement de l’Union soviétique et l’indépendance de ses anciennes républiques d’Asie centrale. Elle réussit d’ailleurs en Azerbaïdjan une très belle opération contre deux hauts responsables d’Al Qaeda dont les ordinateurs livreront des secrets de première importance. Gina Haspel est d’ailleurs décorée pour cette mission.

Puis elle fait un petit passage à Paris avant de basculer sur le centre de contre-terrorisme au moment des attentats de 2001. Où elle va vraiment mettre les mains dans le cambouis. C’est là qu’on lui reproche d’avoir participé au programme clandestin d’emprisonnement et de torture.

Oui, ce qu’elle ne cache pas puisqu’elle avait la responsabilité d’un des black site le plus important en fait une prison secrète en Thaïlande où étaient interrogés les plus important responsables d’Al Qaeda, dont Abou Zoubeïda, le chef du recrutement pour l’ensemble des réseaux djihadistes. Ses confessions qui s’étalent sur des pages et des pages sont une véritable Bible du contre-terrorisme. Et ont vraiment permis de comprendre et d’affaiblir durablement cette mouvance.

Seulement, les méthodes employées pour le faire parler ont été plutôt musclée : 47 jours d’isolation absolue avant un premier cycle de 17 jours d’interrogatoire, 24 heures sur 24, sans sommeil, projeté violement sur les murs de sa cellule et avec 83 séances de simulacre de noyade. Ce sont ces méthodes que vont lui reprocher, cet après-midi, une partie des élus du Congrès qui ont tout à fait le pouvoir de refuser sa nomination.

Et donc elle pourrait ne pas être confirmée ?

Ça n’a rien d’impossible, elle a d’ailleurs proposé lundi de retirer sa candidature parce qu’elle craignait que tout ce déballage ne nuise à l’image de la CIA. Mais les conseillers de la Maison Blanche l’en ont dissuadé ils semblent être relativement confiant. D’abord parce que Gina Haspel a une vraiment réputation de grande professionnelle du renseignement. 

La preuve c’est que son dernier poste c’était patronne de toutes les activités clandestines ce qui n’est pas rien. Ce qui fait que plusieurs sénateurs démocrates vont quand même voter pour elle et elle devrait donc obtenir une majorité avec les voix des élus Républicains.