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François Clemenceau revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Mariano Rajoy est-il politiquement mort ?

Le Parlement espagnol débattra aujourd’hui d’une motion de censure pour faire tomber le gouvernement du premier ministre conservateur Mariano Rajoy. Mais le résultat est loin d’être acquis. 

Il y a des moments où la politique ne fait pas très envie tellement le spectacle qu’elle offre est désolant. Voici donc un gouvernement espagnol dirigé par le conservateur Mariano Rajoy, élu en 2011 mais mal réélu en 2015, c’est-à-dire sans majorité absolue, à la merci donc de la première tempête. Il y a eu la crise catalane qui n’est pas terminée, voici maintenant celle du scandale de corruption le plus vaste jamais découvert et qui vient de voir condamnés une trentaine de cadres du parti populaire, le parti conservateur. Pour le parti socialiste espagnol, qui ne s’est toujours pas remis de sa défaite de 2011 après le mandat de José Louis Zapatero, l’occasion est trop belle : un parti corrompu ne peut pas rester au pouvoir, il faut donc le faire partir sans attendre les prochaines élections prévues en 2020.

D’où la motion de censure débattue aujourd’hui et qui doit être votée demain.

Sauf, et l’argument n’est pas mince, que le parti socialiste lui-même n’a pas les voix pour y parvenir. Il faudrait qu’il soit rejoint par l’extrême gauche de Podemos, mais également par les élus indépendantistes de Catalogne et du Pays Basque. Or, les Catalans estiment qu’un gouvernement socialiste ne changerait pas la donne sur leur problématique de l’indépendance dans la mesure où le PSOE reste favorable à la tutelle de l’Espagne sur la Catalogne. Quant aux indépendantistes basques, ils ont intelligemment négocié leur autonomie renforcée avec plus de moyens et ne sont pas prêts de renverser un gouvernement qui leur a octroyé ce genre d’avantage.

Reste l’autre parti d’opposition, Ciudadanos, dont a beaucoup parlé.

Ciudadanos a fait 14% des voix il y a deux ans, il est aujourd’hui crédité du double et pourrait bien devenir le premier parti d’Espagne. Son patron, Alberto Rivera ne demande pas mieux que de chasser Mariano Rajoy du pouvoir mais préférerait que ce soit par le biais de sa démission avec élections anticipées à la clef. Même au sein du parti conservateur, on réfléchir à cette option, même si elle est injuste. Le scandale de corruption n’était pas le fait de Rajoy, il date de de l’époque où son prédécesseur José Maria Aznar était le chef des conservateurs. Il ne voit pas pourquoi il aurait à prendre en charge le péché originel. Il estime que son bilan n’est pas exemplaire mais qu’il a remis l’Espagne sur les rails puisqu’elle est devenue la troisième économie d’Europe devant l’Italie. Mais à Rome comme à Madrid, la vieille politique est usée, il y a certainement besoin d’une renaissance. Et cette motion de censure tient davantage du vieil opportunisme que d’une alternative moderne aux idées neuves.