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Sébastien Krebs revient chaque matin sur un évènement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

Sébastien Krebs remplace François Clemenceau du mardi 3 avril au mercredi 4 avril 2018 inclus.

L'horizon s'assombrit pour l'ancien président catalan, Carles Puigdemont. Arrêté en Allemagne il y a 10 jours, il reste en prison, et la justice a fait hier un premier pas vers une possible extradition vers l'Espagne.

Par la voix du procureur général de la région où Carles Puigdemont a été arrêté, dans le Nord de l'Allemagne. Il considère que l'ancien président catalan doit bien être remis aux autorités espagnoles. Les magistrats ont maintenant deux mois pour en décider.
Mais ce qui compte, c'est que le procureur reconnait la validité des deux chefs d'inculpation avancés par l'Espagne : "détournements de fonds", pour avoir organisé avec de l'argent public, le référendum illégal du 1er octobre et surtout "rébellion". C'est important car, souvenez-vous il y a quelques mois, la justice belge ne l'avait pas retenu et du coup l'Espagne avait annulé dans l’urgence sa demande d'extradition.
Ce chef d'inculpation de rébellion, c'est celui qui compte le plus pour Madrid. C'est le plus symbolique, le plus politique, le plus humiliant aussi. Et celui qui fait encourir à Carles Puigdemont jusqu'à 30 ans de prison.

Et il n'est pas seul Carles Puigdemont, Que sont devenus ses proches, ses alliés?

Si on regarde aujourd'hui, un bonne partie de son gouvernement de l'époque est en prison. Ils sont neuf incarcérés près de Madrid, et trois autres qui avaient fui avec lui, se sont rendus à la justice. Dernière en date, la ministre de l'Enseignement. Elle avait refait sa vie en Écosse. Elle s'est rendue il y a quelques jours, et sera peut-être extradée. En tout, ils sont 13 à être poursuivis pour rébellion. Et d'autres encore le sont pour désobéissance.
Les héros d'hier sont tombés, un à un, et ils laissent derrière eux, un champ de ruines.

On peut dire aujourd'hui que Madrid a gagné ?

Imaginez juste cette image : Carles Puigdemont dans le box des accusés, face à un tribunal espagnol. On n'en est pas encore tout à fait là, mais cela sonnerait évidemment comme une victoire éclatante pour Mariano Rajoy.
Mais ce n'est pas tout parce que la Catalogne aujourd'hui n'a toujours pas retrouvé son autonomie, elle est encore sous tutelle de Madrid. Pourquoi ? Parce que la majorité indépendantiste, qui a été réélue depuis la crise, n'a toujours réussi à se mettre d'accord sur un gouvernement et sur un chef.
La promesse de campagne c'était le retour de Carles Puigdemont. On voit bien que ça va être compliqué, mais personne ne veut se résoudre à abandonner ce scénario.
Alors, il y a bien des pragmatiques. Mais allez donc expliquer aux électeurs Catalans, à qui vous avez promis de continuer le bras de fer, que vous vous résignez.
Et surtout les plus modérés se retrouvent dépassés par les plus radicaux à l'extrême gauche, et avec ces Comités de défense de la République qui se sont formés et qui mènent des actions et des blocages de route.
Bref, les indépendantistes se déchirent et l'horloge tourne. Sans accord le 22 mai, l'assemblée catalane sera dissoute et il faudra retourner aux urnes, encore, pour les troisièmes législatives en trois ans.