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Didier François revient chaque matin sur un événement international au micro d'Europe 1 Bonjour.

C'est véritablement le coup de théâtre de ce week-end, Didier : la promesse faite samedi par Kim Jong-un de suspendre tous ses essais nucléaires et tous ses tirs de missiles balistiques.

Oui, et qui plus est sans exiger la moindre compensation, comme par exemple le retrait des troupes américaines de la péninsule ou l'arrêt des manœuvre militaires en Corée du Sud. Ce qui était systématiquement le cas jusqu'à présent. On est donc bien entré dans une nouvelle phase des relations entre le régime de Pyongyang et les Etats-Unis. Une approche enfin beaucoup plus sérieuse des affaires.

Surtout quand on se souvient des noms d'oiseaux échangés au cours de toute l'année 2017 avec un Donald Trump qualifiant Kim Jong-un de « petit homme fusée », de « fou furieux », sue le dictateur nord-coréen promettait lui de « discipliner par le feu le vieux gâteux américain mentalement dérangé ». Tout ça culminant sur ce incroyable saillie du président américain : « Kim Jong-Un affirme qu'il a sur son bureau un bouton nucléaire. Informez-le que j’en ai un moi aussi et qu'il est beaucoup plus gros, beaucoup plus puissant et qu'il fonctionne. » Partant de là, on a vraiment fait de gros progrès.

Alors qu'est-ce qui explique un changement aussi radical de posture ?

La première chose, c'est qu'au cours de l'année 2017, la Corée du nord a fait un bond en avant considérable tant dans ses capacités programme nucléaire que dans son programme de missile balistiques. Avec en septembre une explosion sous-terraine d'un équivalent de 250 kilotonnes, c'est vraiment beaucoup ! Et au mois de novembre,  le tir d'un missile d'une portée théorique de plus de 10 000 kilomètres et donc capable de toucher l'Amérique.

Alors les Américains savent que Pyongyang ne maîtrisent pas encore totalement l'arme nucléaire d'un point de vue opérationnel mais les progrès sont tels que ce n'est plus qu'une question de temps.

Le régime nord-coréen, de son côté, voudrait éviter de poursuivre des recherches qui coûtent extrêmement cher, dès lors qu'il obtient la reconnaissance de son statut de puissance nucléaire régionale.

Ce serait un compromis qui arrangerait un peu tout le monde, dès lors qu'il s'accompagne d'une normalisation des relations, entre la Corée du nord et ses voisins. A commencer par la Corée du sud.

Ce qui est d'ailleurs le cas depuis les Jeux olympiques de cet hiver, à Séoul, auxquels ont participé des athlètes de Corée du nord.

Absolument, cette fameuse diplomatie des patineuses qui se poursuit. Les deux Corées ont ouvert vendredi une ligne de téléphone rouge, ce qui est une grande nouveauté. Et elles ont prévu un sommet, à la fin de la semaine, dans la zone démilitarisée qui coupe la péninsule en deux pour discuter pour la première fois d'un traité de paix qui mettrait officiellement fin à la guerre puisque pour l'instant on est toujours sous le simple régime du cessez-le-feu décrété en 1953. On voit bien que l'ensemble de ces petits gestes mais qui sont très importants permettront la tenue du véritable sommet que tout le monde attend entre Donald Trump et Kim Jong-un. Et qui lui devrait avoir lieu au début du mois de juin.