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Chaque samedi et dimanche, Nicolas Beytout, directeur du journal "L'Opinion", donne son avis sur l'actualité de la semaine.

Vous avez regardé de près le budget pour 2019 qui a été présenté au Conseil des ministres, cette semaine, et il y a des choses que vous n’avez pas aimées.

Oui, en fait ce sont des mauvaises surprises, des informations que l’on a découvertes au détour de cet énorme document, très technique, qu’est le Budget de l’Etat. Alors, c’est vrai, c’est toujours un peu le cas, au moment de la publication de ce qu’on appelle la Loi de Finances.

Mais cette fois, c’est différent : le gouvernement avait commencé à dévoiler son projet dès la fin août. Et en particulier les mesures difficiles à vendre, je pense par exemple à la baisse des effectifs de fonctionnaires, ou aux mesures de gel des retraites, ou encore au coup de rabot sur les crédits d’impôt économies-d’énergie et sur les allocations familiales. C’était fait sciemment, histoire d’habituer, de banaliser ces aspects négatifs du projet de loi de finances.

C’est sur le même principe que le gouvernement avait très tôt annoncé une baisse des prévisions de croissance, un chiffre qui est habituellement sorti au dernier moment, car c’est de lui que dépend toute la construction du budget. Plus ou moins de croissance, c’est plus ou moins de recettes qui rentrent, plus ou moins de dépenses, plus ou moins de déficit. Essentiel, donc.

Donc on pensait tout savoir (ou presque) et en fait, non.

Voilà. Et parmi ces curieuses surprises, il y a l’IFI. C’est-à-dire l’Impôt sur l’immobilier, qui a remplacé l’ISF, exactement. Les contours de cet IFI avaient été précisés (assez laborieusement) depuis des mois. Il fallait déterminer à partir de quel seuil on taxait les appartements, les maisons, les locaux industriels et commerciaux. Il fallait savoir comment allaient être traités les emprunts (jusqu’à présent, les contribuables pouvaient les déduire de leur fortune : logique, lorsqu’on doit rembourser un emprunt, lorsqu’on est endetté, on n’est pas propriétaire de la totalité de son patrimoine). Bon, une fois que tout cela a été connu, les services de Bercy ont évalué ce qu’allait rapporter dans les caisses de l’Etat ce nouvel impôt. 850 millions d’euros, a-t-il estimé.

Et c’est ce chiffre que nous avons tous retenu. Et c’est d’ailleurs ce chiffre sur lequel s’est développée la polémique sur le cadeau aux riches, le remplacement des 5 milliards de recettes de l’ISF par moins d'1 milliard d d’IFI.
sauf que, ce chiffre, on vient de le découvrir, est faux.

C’est plus ?

Oui (en matière d’impôt, dans ce pays, c’est de toute manière rarement moins). Mais en réalité, ce n’est pas seulement plus, c’est plus-plus ! Une première estimation révisée à la hausse a fait dire à Bercy que l’IFI ne rapporterait pas 850 millions, cette année, mais 1,2 milliard (soit quasiment 50% de plus).

Et dans les projections pour l’an prochain, le budget parie sur un rendement de plus de 1,5 milliard d’euros, et hop, à nouveau un gros +25%. Et vous savez quoi : cette augmentation du rendement de l’impôt sera à 90% réalisée grâce à des contrôles fiscaux. C’est écrit noir sur blanc. Contribuables, vous qui payez l’IFI, vous voilà prévenus.