Un neurochirurgien italien annonce qu’il va tenter de greffer une tête sur un corps entier

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Chaque matin, Alain Cirou nous explique en détails un évènement scientifique.

C’est un projet fou et un peu effrayant dont on parle dans la presse scientifique cette semaine : un neurochirurgien italien annonce qu’il va tenter de greffer une tête sur un corps entier, d’ici à la fin de l’année.

La première greffe de tête humaine pourrait être tentée en Chine, par Sergio Canavero et une équipe composée de russes, de chinois et de sud-coréens. C’est l’italien lui-même qui l’a annoncé il y a quelques jours à la presse en expliquant qu’il n’y a plus d’obstacle majeur à la toute première transplantation de tête humaine.

Les détails restent assez flous mais il y aurait un volontaire chinois et l’accord d’un hôpital pour tenter d’y réaliser la première greffe.

Pourquoi vouloir greffer une tête sur un autre corps ?

Si on exclut pour l’instant la question éthique, le concept est simple. Vous avez d’un côté une personne qui a "toute sa tête" mais dont le reste du corps est défaillant, hors service. Comme un tétraplégique sans espoir de rémission. Et vous avez de l’autre un humain en état de mort cérébrale dont le corps est fonctionnel.

L’opération consisterait à séparer la tête du premier de son corps malade puis à la greffer sur le corps sain.

Techniquement il y a deux obstacles majeurs à ce projet de "greffe de corps" :

1)    Il faut trancher la tête, et donc la moelle épinière, et la raccorder rapidement au nouveau corps sans léser les nerfs et toutes les connexions nerveuses.

2)    Il faut que, pendant l’opération, la tête greffée continue à fonctionner. Que l’encéphale ne connaisse pas de dommages.

Le reste est une affaire de compatibilité receveur-donneur et de médicaments anti-rejets.

Est-ce que ces obstacles ont été levés ?

C’est ce qu’affirme ce scientifique italien qui s’appuie sur des expérimentations animales anciennes et récentes.

En 1970 un chirurgien américain, Robert White, a réussi à transplanter la tête d’un singe sur le corps décapité d’un autre singe. Mais à l’époque sans reconnecter la moelle épinière.

On aurait inventé depuis une sorte de colle qui le permette.

Et plus récemment ce sont des têtes de rats qui ont été greffées sur le haut du corps de rats plus gros. Et ce pour résoudre la question majeure de l’alimentation en sang d’une tête coupée. Le temps de préparer le corps du donneur à recevoir sa nouvelle tête.

Bref, sur le modèle animal, les obstacles seraient levés. Reste plus qu’à !

On imagine bien que l’opération qui pourrait avoir lieu dans les semaines qui viennent soulèvent de graves questions éthiques ?

Oui, elles sont très nombreuses et depuis longtemps.
Ça fait évidemment penser au docteur Frankenstein de Mary Shelley.
Que se passerait-il si un vieux milliardaire réclamait un corps plus jeune ? Quelle serait cette chimère dont le corps n’aurait pas la même histoire que la tête ? Dont les descendants seraient, sur le plan génétique, ceux du donneur mort.

En fait aucune loi bioéthique n’a prévu une telle greffe et certains spécialistes pensent même qu’elle est impossible. Ce qui paraît aujourd’hui certain c’est que ce sera bientôt tenté.