Moscou : pour préparer un voyage sur Mars, des hommes et des femmes ont simulé l’expérience en s’enfermant dans un bidon

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Chaque matin, Alain Cirou nous explique en détails un évènement scientifique.

Tout le monde le sait (ou presque) : le voyage martien sera la prochaine grande aventure humaine dans l’espace ! Et pour le préparer, des hommes et des femmes viennent de s’enfermer hier dans un bidon à Moscou pour simuler ce long voyage. C’est sérieux ?

Oui ! C’est même sous l’égide de l’académie des sciences russes – à l’Institut des problèmes biomédicaux de Moscou – qu’a débuté une série de simulations du voyage vers Mars avec un premier enfermement de 17 jours (c’est en ce moment) pour tester les équipements. Puis de 4 mois, l’an prochain. Huit mois en 2019 et un an en 2020.

Vous voyez, on étale, on prend le temps pour essayer de comprendre et de régler les problèmes qui pourraient advenir si on lance, réellement un jour, des équipages pour de très longues missions vers la planète rouge.

Qui sont les personnes qui acceptent de faire cela et à quoi ça sert ?

Ce sont tous des volontaires. Qui travaillent pour le secteur spatial russe et les laboratoires scientifiques associés en Europe et aux Etats Unis. Et qui veulent tester l’une des difficultés de ce type de voyage : celle de la charge mentale et émotionnelle d’une vie de groupe confinée.

Quand vous faites du bateau en vacances, pendant quelques jours avec des personnes que vous ne connaissez pas, vous voyez très vite avec qui vous allez vous entendre et qui vous aurez envie de jeter à la mer. C’est radical et c’est humain.

Dans l’espace, c’est pareil. Sauf que la qualité de la mission va en dépendra. Peut-être même son succès.

Qui va commander ? Qu’est-ce qu’on mange ? Où est mon intimité ; le lieu où je vais m’isoler ? Comment va-t-on réagir au stress, à l’image d’une terre qui s’éloigne, aux communications avec les proches qui deviennent de plus en plus difficiles ? A l’installation d’une certaine monotonie où rien ne semble bouger ? Ce sont des questions fondamentales.

On ne sait pas répondre à cela ? Ça n’a jamais été testé ?

Si, on le simule, mais le principe de la simulation c’est de faire, refaire et défaire pour voir ce qui se passe.

Il y a dans l’expérience qui a débuté hier une originalité. C’est un équipage d’hommes et de femmes ! Mixtes.

Ces dernières années on a assisté à la plus longue de toutes les simulations, 520 jours, l’équivalent d’un voyage aller-retour sur Mars – avec 6 hommes dont un français (Romain Charles). Et il y en a eu des plus courtes, de quelques dizaines de jours, avec un équipage purement féminin.

Mais quand on mélange les deux et qu’il est international. Que se passe-t-il ? La mixité est-elle un facteur de tension ou d’apaisement ?

La dernière que cela a été tenté, en Russie toujours, il a fallu ouvrir la porte. Parce qu’au nom de la tradition, le 31 décembre, pour fêter la nouvelle année, les russes ont voulu embrasser l’astronaute américaine sur la bouche ; laquelle a crié au "sexual harrasement", puis a été défendue par son collègue japonais, et tout le monde a failli en venir aux mains.

On ne peut pas s’inspirer de ce qui se passe à bord des sous-marins ?

Si, sans doute. Mais là aussi c’est très récent pour les femmes d’intégrer un équipage. Et le sous-marin ne quitte pas la terre.

Donc on va multiplier les simulations pour tenter de composer un "équipage idéal". Un peu partout dans le monde, dans des grottes, des déserts, ou aux pôles, on va tenter dans des conditions extrêmes de vivre ensemble. Ça vous tente d’être candidate ?