Le cerveau humain est-il trop fragile pour supporter un voyage dans l’espace ?

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Chaque matin, Alain Cirou nous explique en détails un évènement scientifique.

On sait que les voyages dans l’espace sont dangereux pour l’Homme. De nouvelles études s’inquiètent de la capacité des hommes à supporter de longs séjours dans l’espace

Vous avez entendu l’interview de Thomas Pesquet hier matin. Qui reconnaît que six mois dans l’espace est équivalent à un vieillissement d’environ dix ans sur Terre. Même si c’est réversible.

Auquel il faut ajouter : des troubles de la vision (une myopie ) + perte osseuse + chute des globules rouges + dégradations des artères + hernies discales dues à l’allongement de la colonne vertébrale.

Bref, on voit bien que l’espace n’est pas un milieu naturel pour l’Homme qui a grandi sur le plancher des vaches et que ça ressemble de plus en plus à la vieille chanson de Gaston Ouvrard "J’ai la rate qui se dilate, j’ai le foie qu’est pas droit, etc".

Pourtant plus de 500 hommes et femmes sont partis dans l’espace et ont apparemment retrouvé une bonne santé.

Vous avez raison mais ils n’ont jamais dépassé l’orbite lunaire et pour l’essentiel, depuis 1972, ils tournent autour de la terre qui est protégée en partie par un bouclier magnétique.

L’affaire se complique quand on imagine un voyage vers Mars. 18 mois de voyage minimum dans le vide interstellaire.

Deux études qui viennent de paraître ont de quoi nous inquiéter :

Des expériences sur des souris montrent que les rayons cosmiques sont beaucoup plus dangereux pour le cerveau qu’on ne l’imagine. Ces particules qui ont assez d’énergie pour traverser la coque des vaisseaux spatiaux et le corps des astronautes créent des troubles cognitifs importants et durables.

La seconde, réalisée par la Nasa et qui s’appuie sur les IRM (l’imagerie par résonance magnétique) de 34 astronautes ayant effectué de longs séjours dans l’espace,  montre que le cerveau en état d’apesanteur se déplace vers le haut de la boîte crânienne. Et ce déplacement augmente la pression et peut être facteur de lésions.

Y a-t-il des solutions techniques ou physique envisagées pour protéger les astronautes de ces inconvénients majeurs ?

Oui pour les bombardements cosmiques et solaires. C’est augmenter le blindage des vaisseaux avec des couches de plomb ou des murs d’eau qui absorbent les particules. Mais c’est lourd en masse et donc, ça coûte cher à expédier dans l’espace.

Mais non pour la physiologie humaine. En dehors d’imaginer une gravité artificielle comme dans 2001 l’Odyssée de l’espace il faut bien avouer que notre squelette, nos muscles, nos artères et notre cerveau pourraient bien nous interdire les longs voyages spatiaux. Tout notre développement, depuis l’embryon jusqu’à l’âge adulte, est codé pour vivre sur la terre. L’ailleurs est hostile.

Il y a quelques années des chercheurs s’étaient amusés à imaginer à quoi ressembleraient des générations d’hommes vivant et se reproduisant dans l’espace. Et avaient conclu que la forme de l’Homo espacus serait celle d’un poulpe ! Et depuis, je ne peux plus en manger !