Plus de CO² dans l'air, moins de nutriments dans le riz

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SAISON 2017 - 2018

Chaque matin, Marion Sauveur nous parle d'alimentation, de "mieux manger", de solutions concrètes pour changer ce qu'il y a dans notre assiette.

Dans notre assiette, il y a du riz ce lundi.

Effectivement, mais du riz de demain. Ce riz sera moins nutritif que celui que l’on consomme aujourd’hui selon une étude publiée dans le magazine américain Science Advances.
Pour le découvrir, des chercheurs ont réalisé une expérience en cultivant 18 variétés de riz dans deux rizières, l’une au Japon et l’autre en Chine. Ils ont augmenté la concentration de dioxyde de carbone dans l’air dans une partie de ces champs, pour se projeter dans le futur entre 2050 et 2100 en fonction des scénarios plus ou moins optimistes.
Le dioxyde de carbone, vous le savez, c’est un gaz produit par la respiration humaine et animale. Sa concentration augmente dans l’atmosphère à cause de la pollution liée à la combustion du gaz, du charbon et du pétrole. C’est ce qui conduit au réchauffement climatique. Et même si on poursuit les efforts que l’on mène aujourd'hui pour le réduire, le taux de dioxyde de carbone va quand même continuer d’augmenter dans l’air.
Ces scientifiques ont donc découvert qu’avec les taux de dioxyde de carbone que l'on devrait rencontrer dans la deuxième moitié du XXIe siècle, la plante atteint une plus grande taille et produit plus de riz, mais ses qualités nutritionnelles sont altérées.

Quels nutriments seraient les plus touchés ?

D’après les résultats, les protéines contenues dans le riz chuteraient de 10%, le fer baisserait de 8% et le zinc de 5%. Et les vitamines B1, B2, B5 et B9 présentes dans certaines variétés de la céréale pourraient se réduire jusqu’à 30%.
La hausse du CO2 augmenterait le contenu en glucides de la plante au cours de la photosynthèse ce qui affaiblit les protéines et les minéraux.
Et c’est inquiétant parce que le riz très économique est l’un des aliments de base pour la moitié de l’humanité. Dans les pays les plus consommateurs, 70% des calories et la plupart des nutriments viennent de cette céréale. Les plus impactés devraient être les pays les plus pauvres de l'Asie du Sud-Est, comme le Bangladesh, le Cambodge ou le Laos. Leurs habitants devraient donc souffrir de graves carences dans les prochaines années.

Le dioxyde carbone n’a un effet que sur le riz ?

D’autres plantes pourraient être concernées. L’an dernier les chercheurs d'Harvard avaient déjà observé que le réchauffement climatique pourrait réduire le contenu en protéines du blé, de l'orge, du maïs et des pommes de terre.

Y a-t-il une solution pour pallier à ça ?

Les chercheurs vont se pencher sur les différentes variétés de riz pour trouver les plus résistantes, celles qui conserveraient leurs valeurs nutritives, malgré la hausse du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Quitte à élaborer de nouvelles variétés.
Mais la solution pour éviter que le riz perde une partie de ses qualités nutritionnelles serait bien sûr de réduire nos émissions de dioxyde de carbone. Nous pouvons tous faire des efforts : en mangeant par exemple des fruits et légumes locaux pour limiter le transport, en recyclant le verre ou encore en limitant notre utilisation du plastique.