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SAISON 2017 - 2018

Chaque matin, Fannie Rascle nous parle d'alimentation, de "mieux manger", de solutions concrètes pour changer ce qu'il y a dans notre assiette.

Fannie Rascle remplace Marion Sauveur du 19 au 23 mars 2018.

On prend la direction de l’Italie, ses vins, sa sauce tomate, son huile d’olive et sa mafia.

Oui, avec ce chiffre qui vient d’être publié par la cousine italienne de la FNSEA et qui va vous faire momentanément passer votre envie de “pasta” : l’année dernière, on estime que la mafia a engrangé 22 milliards d’euros de bénéfices grâce au secteur agricole. En hausse de 30% sur une seule année.
C’est bien simple : la production, le transport, la distribution et la vente de produits alimentaires seraient devenus la priorité des différentes organisations mafieuses d'aujourd'hui. Parce que ça a deux avantages, ça rapporte et c’est plus discret que le trafic de drogue ou d’êtres humains.

Qu’est-ce qu’il y a à la table des mafieux italiens ?

Ah c’est un vrai supermarché ! Au rayon boulangerie, la police italienne s’est aperçue que la mafia contrôle le prix du pain dans certains quartiers de Naples. Ils obligent les revendeurs à s’approvisionner dans des boulangeries industrielles tenues par la Camorra.
Depuis des années, la mozzarella est aussi dans le panier des mafieux. Ils en profitent pour glisser dans la recette du lait congelé, du lait en poudre, du lait qui ne vient pas du tout d’Italie à la place de la sacro-sainte Bufflone.
Même chose pour la sauce tomates. C’est vendu dans des boîtes, ni vu, ni connu, on peut mettre n’importe quoi dedans : des tomates de mauvaise qualité, des additifs, beaucoup d’eau, on en passe et des meilleurs.
Pour les fruits et légumes, la mafia fait pression directement sur les agriculteurs, (extorsion, chantage) elle les sous-paye au point que ça ne couvre même pas leurs coûts de production. Et ensuite les prix sont multipliés par 300% quand les produits arrivent dans votre assiette.

comment fait-on pour dire “basta” à la mafia ?

Pour l’instant, on est loin de la grande “opération mains propres” mais il y a des petites résistances qui s’organisent, ici ou là.
En Calabre par exemple : une coopérative a été créée pour cultiver les terres confisquées à la mafia. On produit des olives, des agrumes, du miel, des légumes. Mais en faisant le choix du 100% bio, pour vraiment tourner la page du productivisme que prône la mafia.
Dans la région de Palerme, ce sont d’anciennes vignes de la mafia qui ont été annexées par des anti-mafia. L’idée, là aussi, c’est de relancer une production de vin de qualité pour pouvoir l’exporter à l’étranger.

En tant que consommateur, peut-on aussi changer les choses ?

Une seule adresse, le site internet Libera Terra, un gros regroupement de producteurs (pour accéder à leur site, cliquez ici), vous pouvez y commander directement des produits garantis sans mafia : des pâtes, de la confiture, il y a même des coffrets cadeaux. Mais ça dit surtout une chose : cette rébellion des agriculteurs, des producteurs italiens, elle est très importante parce que c’est bien l’image de tout le “Made in Italy” qui est en jeu.