"Versailles ou le paradoxe Macron : président réformiste qui offre ses bras protecteurs de souverain tout puissant"

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Chaque samedi et dimanche, François Clauss se penche sur une actualité de la semaine écoulée. Aujourd'hui, la médiatisation du weekend des Macron à Brégançon et la communication politique. 

"Clauss toujours". L'humeur de François Clauss, tous les samedis et dimanches matins à 8h55 sur Europe 1. Bonjour François.

Bonjour Wendy.

Nous voilà donc ce weekend avec un Président en exercice, enfermé dans sa tour d'ivoire de Brégançon, harcelé par les caméras et les objectifs, malgré le caractère privé du séjour. Tout le monde attend qu'il sorte : on lui reprochera de faire de la com'. S'il ne sort pas, on lui reprochera d'être hautain.

Au même moment, à l'autre bout de la France, un ancien Président à qui l'on reprochait d'être normal quand il occupait le Palais de l'Elysée, signe son livre dans les années de l'hypermarché Leclerc de Plérin, dans les Côtes d'Armor, et à qui une certaine élite parisienne reprocherait aujourd'hui de s'abaisser et de manquer de dignité.

Incorrigibles Français, coupeurs de têtes royales il y a plus de deux siècles et qui ne l'assument toujours pas.

Après les cinq années de présidence bling-bling du survitaminé Sarkozy. Après les cinq années d'indolence normale du très bonhomme Hollande, Jupiter, il y a un an, jour pour jour, est arrivé dans la cour du Louvre. Un Président Macron qui épouse l'histoire, qui veut contrôler d'un bout à l'autre son image, exaspérant avec malice, comme on le voit à Brégançon ce week-end, la presse, tout en lui offrant une vitrine très rémunératrice. Pas une seule Une de magazine cette semaine sans Macron : quatre pages dans le quotidien Le Parisien pour nous faire partager l'intimité de Brigitte, deux pleines pages dans le très sérieux et référent quotidien Le Monde sur cette voie royale empruntée par le Président.

Un Président qui aura joué du symbole "Versailles", déjà plus en un an que ses prédécesseurs en cinq ans. Poutine, le Congrès, les grands patrons de la France qui gagne. Tout cela se jouera à Versailles : le projet pharaonique du Roi Soleil, qui devient deux siècles plus tard le symbole de la République Macronienne.

Versailles, comme la série du même nom que diffuse en ce moment Canal + : très critiquée pour son côté kitsch, pour avoir été tournée en anglais, pour prendre quelques libertés avec l'histoire, la vraie. Et pourtant, elle nous dit tout cette série sur la république d'aujourd'hui. Regardez bien : ce Louis XIV d'à peine 30 ans qui veut conquérir le monde c'est lui, notre Président ! Il y a du Brigitte dans Madame de Maintenon. Le fidèle gouverneur du Château de Versailles, Bontemps, n'est pas loin d'un Castaner. Colbert, chantre de la nouvelle économie sans frontière, aurait du Le Maire en lui. Il y a le peuple qui gronde, à cause de la gabelle, l'impôt qui finance la mégalomanie du souverain. Et il y a le Vatican, où Emmanuel Macron se rendra en visite officielle le 26 juin prochain, qui intrigue.

Oui, Versailles n'a jamais été autant à la mode : Le Petit Trianon de Marie-Antoinette vient d'être rénové pour cinq millions d'euros et attire déjà un million et demi de visiteurs par an. Le grand musée de New-York, le MET, propose depuis 15 jours une exposition sur Versailles.

Alors musée, rénovation, série… Versailles ou le paradoxe français. Pays de rois, pays de révolutions, Versailles ou le paradoxe Macron, Président réformiste qui épouse la révolution numérique, tout en nous offrant ses bras protecteurs de souverain tout puissant.