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Tous les ministres de l'Education nationale se retrouvent en grande difficulté lorsqu'ils veulent réformer. Dernier exemple en date : Najat Vallaud-Belkacem et sa réforme du collège pour 2016. 

12 millions d'élèves, 800.000 enseignants. 64.000 établissements. De l'aveu même de ceux qui y sont passés, le ministère de l’Education nationale est l’un des plus difficiles à gérer. L'un des plus redoutables du gouvernement. Les mobilisations du corps enseignant et des lycéens ont maintes fois poussé des ministres à retirer leur projet voire même à démissionner. Ce fut le cas de Claude Allègre en 2000. Résultat : ces 25 dernières années, aucune grande réforme n'a su faire consensus. Dernier exemple en date, la réforme du collège

>> Alors, est-on condamné à l’échec quand on est ministre de l’Education nationale ? 

Le constat : "l'éducation, sujet explosif". "L'Education nationale est un ministère très compliqué à réformer parce que c'est un 'mammouth'"(expression utilisée par Claude Allègre, ndlr), explique Antonin André, chef du service politique d'Europe 1. Un ministère qui, rappelle le journaliste d'Europe 1 pèse "144 milliards d'euros de dépenses". Et puis c'est aussi un secteur "très politisé" côté enseignants, et "très structuré" côté parents d'élèves, souligne Antonin André. 

La conséquence : réformer sur le fond, mission quasi impossible. Plusieurs ministres qui avaient tenté de réformer les choses sur le fond "s'y sont cassés les dents", nous rappelle Antonin André, citant notamment les cas de Xavier Darcos (réforme des lycées) et François Fillon (réforme du bac) qui ont dû retirer leur réforme. Pour retrouver la trace d'une réforme marquante sur le fond, il faut remonter à 1989 lorsque Lionel Jospin, alors ministre de l'Education nationale, avait réussi à légiférer sur "le CAP et sur l'objectif d'emmener 80% d'une classe d'âge jusqu'au baccalauréat", précise ainsi le chef du service politique d'Europe 1. Les autres réformes adoptées par la suite ne sont que des réformes de forme (changement des noms des filières, rythmes scolaires...).

Ce qui fait dire à Antonin André qu'"il faudra un jour que les parents d'élèves, les enseignants sur leur propre responsabilité parce que certes les ministres de l'Education nationale en ont une mais sans pouvoir réformer l'école, l'école française continue de dégringoler dans les classements internationaux sur la formation des élèves", conclut Antonin André. 

Un ministère qui a marqué ses ministres. Paradoxalement, le ministère de l'Education nationale n'est pas le ministère le plus habitué aux chaises musicales. Les ministres y restent en moyenne deux ans. Chacun en garde un plus ou moins bon souvenir. Luc Ferry par exemple parle d'une expérience formidable". A l'opposé, Claude Allègre poussé à la démission en 2000 dira quelques années plus tard : "Jamais plus je ne voudrai être ministre de l'Education nationale". 

Réalisation : Maud Descamps