16 mars 1914 : L’affaire Henriette Caillaux

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SAISON 2016 - 2017

Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.

Nous sommes le 16 mars 2017, mais en quel 17 mars partons-nous ?

Le 17 mars 1914, rue Drouot, l’après-midi. Une voiture s’arrête devant l’entrée du quotidien Le Figaro. Une dame en sort. Elle a l’air strict, porte une robe noire et, petite particularité, a caché ses mains dans un manchon de fourrure.

Qui est-elle ?

C’est Mme Henriette Caillaux, la femme du ministre des Finances de l’époque : Joseph Caillaux. Elle entre et demande à parler au directeur, Gaston Calmette. Mais le patron n’est pas là. Qu’à cela ne tienne, Mme Caillaux attendra ! Elle s’assied à quelques pas du bureau. À 18 heures, Calmette est de retour ; il gagne son bureau, y reste quelques minutes, puis s’apprête à ressortir quand on le prévient que Mme Caillaux l’attend depuis un long moment. Gaston Calmette n’en croit pas ses oreilles !

Pourquoi un tel étonnement ?

Parce que, depuis des semaines, Le Figaro mène une violente campagne contre Joseph Caillaux ; il a même dévoilé la correspondance intime du ministre avec sa maitresse ! Calmette demande à l’huissier de faire entrer Mme Caillaux. "Vous vous doutez sans doute de l’objet de ma visite", dit-elle. Très vite, elle sort de son manchon un pistolet (un browning) et vide le chargeur sur Calmette. Quatre balles atteignent leur cible. Le directeur du Figaro est grièvement blessé, il va mourir à l’hôpital. Mme Caillaux est arrêtée. Elle reconnait tout et précise qu’elle voulait que le journal cesse de s’en prendre à son mari. Celui-ci, qui accourt, effondré ; il va devoir démissionner pour organiser la défense de sa femme. Or, aussi étrange que cela paraisse, Henriette, va être acquittée par les Assises! Le verdict qui tombe le 28 juillet 14, juste à la veille de la guerre. Or, comme l’a montré, l’an dernier, Dominique Jamet dans un bon ouvrage, Joseph Caillaux, pacifiste, aurait peut-être été de taille, d’étoffe à empêcher la guerre. De là à dire que les coups de feux de son épouse ont eu autant d’importance que ceux de Sarajevo, il n’y a qu’un pas.