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SAISON 2015 - 2016, modifié à

Chaque matin, Franck Ferrand nous fait revivre l'histoire à travers les évènements qui ont marqué la date du jour.

Nous sommes le 10 mars 1762, à Toulouse. Le jour du supplice de Jean Calas. Il est roué de coups, étranglé et jeté au bûcher. Tout ça pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Si cette erreur judiciaire est aussi célèbre, c’est qu’elle a eu pour dénonciateur un certain Voltaire.

Quel en a été le point de départ ?

A l’origine, c’est un fait divers somme toute classique. Jean Calas est un riche négociant, un marchand drapier protestant - ce qui va jouer un rôle essentiel dans sa condamnation. Voilà ce qu’il s’est passé : un soir d’octobre 1761, on découvre son fils, Marc-Antoine, âgé de 29 ans, gisant sur le sol de la boutique, mort étranglé. Les témoins sont entendus. Et le magistrat en charge de l’affaire apprend que Marc-Antoine voulait se convertir au catholicisme. L’affaire change de tournure. Elle devient une affaire religieuse.

Et c’est son père qui est accusé du crime.

Oui. Jean Calas est torturé, soumis à la question. Mais même au pire de la souffrance, il clamera toujours son innocence. Et pour cause : Marc-Antoine s’est suicidé, ce qui à l’époque est très déshonorant. C’est donc pour sauver l’honneur du jeune homme que la famille Calas aurait maquillé le suicide en meurtre (le contraire de ce qui se fait parfois de nos jours). Lorsque l’on raconte cette histoire à Voltaire, son sang ne fait qu’un tour. Pour lui, c’est sûr, Jean Calas a été condamné par intolérance religieuse. Le grand homme s’empare de la cause. Et sa haine du fanatisme fera le reste. Il remue ciel et Terre, fait jouer ses hautes relations. Et obtient finalement gain de cause : le procès est révisé ; Calas et sa famille sont réhabilités en 1764. Pour appuyer son combat, Voltaire avait rédigé en 1763 son Traité sur la tolérance. Un ouvrage malheureusement toujours utile aujourd’hui. Il était brandi, souvenez-vous, au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo. Mais c’est une toute autre histoire…

Et l’histoire, on la retrouve à 14 heures, sur Europe1.

Avec Frédéric Vitoux, nous évoquerons les dernières années de Louis-Ferdinand Céline.