Bébé, adulte, mains, illustration, LeifHjort / Pixabay 1280 3:11
  • Copié

Il est essentiel de se soucier de son "enfant intérieur" car c'est lui qui régit toutes nos émotions et nous fait parfois réagir comme un enfant de quatre ans en pleine réunion de direction.

Anne Cazaubon, aujourd’hui, vous nous parlez d’amour...

En commençant par le commencement. Parce que c’est bien joli de rejeter la faute sur les autres, tout le temps, de projeter en permanence vos desiderata sur autrui. Oui, plutôt que de tenter de trouver la réponse à l’extérieur, le développement personnel nous invite à regarder à l’intérieur. Et d’abord à nous aimer nous-même, avant d’attendre de se faire aimer par la terre entière. Sinon rendez-vous dans quelques années pour mesurer non pas le chemin parcouru, mais le magnifique sur-place que (croyez-moi) l’on fait en attendant que ça vienne d’ailleurs.

Mais comment faire pour s’aimer soi-même ?

En apprenant à se traiter, comme un parent (et oserais-je dire, un "bon parent") traiterait son enfant. Alors attention, s’aimer soi-même, ça n’est pas forcément "s’acheter tout ce dont on rêve", claquer son PEL un jour de soldes, vider des pots de pâtes à tartiner à la petite cuillère ou faire ce que l’on veut quand on veut. Non, s’aimer soi-même, c’est prendre soin de son "enfant intérieur". Pour vous donner une idée, l’enfant intérieur, c’est un peu comme le "siège de nos émotions". C’est celui qui nous fait parfois (souvent) réagir émotionnellement comme un enfant de quatre ans. C’est comme si vous essayiez de vivre dans un monde d’adultes avec des émotions d’enfants et cela peut par exemple vous amener à vous sentir très seul, à avoir peur du monde extérieur, à ne pas savoir quoi faire, à qui demander de l’aide ou comment vous protéger.

Là, on est en plein dans l’enfant intérieur. C’est ce qui fait que l’on peut être en costard-cravate, dans une tour de verre du CAC 40 mais encore réagir comme un enfant de quatre ans, se sentir délaissé tous les soirs, avoir des sautes d’humeur, parfois même des crises de rage, claquer des portes, casser des chaises… Sauf que ces émotions vous envoient des signaux très forts : que votre enfant intérieur tente de communiquer avec vous ! Bah oui, qu’est-ce que vous faites ? Faites-lui prendre l’air, c’est tout ce qu’il demande. A être reconnu. Parce que si je ne prends jamais conscience de l’existence de mon enfant intérieur, je vais croire en permanence que ce sont les autres qui me dépriment, mon boulot, mes enfants, mon conjoint…

Alors pour le reconnaître, je vais donc me connecter d’abord, avec ma mère intérieure. Si vous avez eu la chance d’avoir une mère aimante, vous pouvez la prendre pour modèle. Sinon, il va vous falloir l’inventer, cette partie féminine qui va pouvoir prendre soin de vous. A la moindre émotion qui vous dépasse, "une colère qui monte, qui monte, qui monte", cette "mère intérieure" va pouvoir "symboliquement" vous demander "que se passe-t-il mon tout petit ?" et écouter ce que votre "enfant intérieur" a sur le cœur. Peut-être qu’à cet endroit-là, votre "enfant intérieur" a besoin d’un : "Je comprends. Viens dans mes bras, je t’aime. De quoi as-tu besoin ?"

La "mère intérieure" prend donc soin et le "père intérieur", lui, va vous aider pour vous lancer dans le monde extérieur. Vous n’enverriez jamais un enfant de quatre ans négocier une augmentation de salaire, ou faire une présentation Powerpoint devant 500 personnes. Votre "père intérieur" qui représente votre "capacité d’agir" va donc vous protéger, et sécuriser cette prise de risque, cette ouverture au monde. Je tiens à préciser pour éviter tout raccourci hasardeux, que quand on parle de "père" ou de "mère intérieure" en développement personnel, on parle d’énergie masculine et d’énergie féminine, et de donc bien de polarités et non de théorie réac.

Alors bien sûr, quand je n’ai pas conscience de l’existence de mon "enfant intérieur", je me malmène au quotidien, parce que ça demande beaucoup de courage d’oser aller tendre l’oreille vers lui pour entendre tout ce qu’il a à dire. Parce que c’est cela, s’aimer soi-même. Entendre son enfant intérieur, en prendre soin comme une mère intérieure et agir pour le protéger et le laisser s’épanouir, tel un père intérieur. C’est en se créant sa propre famille d’amour à l’intérieur, que l’on ne se sent plus jamais seul dans la vie.