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Dans sa chronique de lundi, Anne Cazaubon se penche sur les signes que l'on attend pour prendre des décisions dans sa vie, et sur l'importance d'y être attentif au quotidien.

Anne Cazaubon, ce qu’il y a de bien, c’est que vous voyez des enseignements de la vie partout !

Oui, c’est là aussi, que se jouent beaucoup de choses pour chacun. Parfois pas besoin de se ruer chez le psy, pour savoir où l’on en est. Le monde nous parle, en tout cas à ceux, qui veulent bien l’écouter. Oui parce que c’est le postulat de départ à cette vision de la vie, celle du développement personnel : c’est que si vous demandez à la vie, à l’univers, à Dieu si vous y croyez, et quelque soit la manière dont vous l’appeliez, de vous envoyer un signe, un signal, un message, une direction. Eh bien tout d’abord, il faut y croire ! Le minimum requis, ce serait quand même de "croire à ces signes" que vous réclamez ! Sinon quelle perte de temps et d’énergie, vous en conviendrez…Je vous rappelle qu’on a choisi la cohérence cette année !

Alors par exemple, on peut avoir envie d’interroger la vie dans un moment, où on se sent un peu dans le brouillard, où plusieurs portes se sont fermées pour nous professionnellement. Par exemple, vous tentez par tous les moyens de proposer un projet artistique, à des producteurs et pour l’heure, eh bien ce projet ne trouve pas d’écho. Ça arrive. Dans ces cas-là, la plus grande question, celle du développement personnel, c’est celle de se demander si c’est le moment d’arrêter, ou au contraire, le moment, de ne surtout pas lâcher ! Le fameux "stop ou encore". Et je dois reconnaître que c’est difficile d’y voir clair parfois, de savoir s’il faut lâcher ce projet qui ne vous nourrit plus, qui creuse vos dettes, dans lequel votre posture n’est plus du tout juste et bonne pour vous, dans lequel vous vous démenez pour pas un rond, ou est-ce qu’au contraire, c’est cette fois de plus qui sera la bonne, et jusqu’alors, la vie vous aura testé sur votre motivation !

Pendant longtemps, j’ai été très cartésienne. J’avais bien l’impression que la vie me parlait, de temps en temps, mais sans vraiment y comprendre le pourquoi du comment. Je courrais à droite à gauche, en reportage et je me souviens particulièrement de ces nombreuses heures passées au point mort, sur l’autoroute, bloquée dans un embouteillage monstre juste derrière cet énorme camion à l’arrière duquel il était écrit en rouge, en gigantesque : "Ralentissez". Mon auto-radio était cassé et j’avais ce gros "ralentissez" qui me narguait là tranquillement.

" Hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance. Effectivement, tu es en retard sur la vie. La vie inexprimable "

Des années plus tard, je suis assise sur un strapontin, dans le métro, avec la désagréable impression de tourner en rond dans ma vie. J’ai des idées, mais je ne sais pas comment les mettre en œuvre. Et là, devant moi, sur cette pancarte, il y a ces mots de cet homme essentiel que fut René Char : "Hâte-toi de transmettre ta part de merveilleux, de rébellion, de bienfaisance. Effectivement, tu es en retard sur la vie. La vie inexprimable." Oui René Char faisait du développement personnel bien avant l’heure !

Je ne remercierai jamais assez la personne qui a eu l’idée de diffuser des vers de poésie dans les transports en communs. Beaucoup de compagnie de transports en commun ont suivi le mouvement et aujourd’hui un peu partout en France, même écrasée contre une vitre à une heure de pointe, on peut lire quelques lignes de Paul Verlaine, de Victor Hugo, quelques phrases extraites d’une chanson de Barbara ou de Serge Gainsbourg ou encore quelques vers écrits par le jeune Théo, 8 ans, ou la petite Fatou, 5 ans, de l’école du coin…

Et puis ce matin, encore, là dans la rue, alors que j’étais complètement plongée dans mes pensées en train de réfléchir aux livres que j’écris, à cette part d’inexprimable justement que je suis en train d’élaborer, à ces livres que je destine aux enfants, et ceux qui viendront parler aux adultes. Alors que je menais tambour battant cette petite "conférence de rédaction" à l’intérieur dans laquelle se répondaient mon moi, mon ça, mon surmoi, à ce moment-là, une femme m’a coupé la route, elle a juste traversé là devant moi avec un sac en tissu sur lequel était écrit en énorme cette phrase que l’on attribue à Coco Chanel : "J’ai choisi ce que je voulais être et je le suis."

Et vous, quels sont les signes que la vie vous envoie ? Vous êtes-vous bien frotté les yeux ce matin, pour les accueillir ?