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Innovante dans la forme et dans le ton, il encore difficile de dire si FranceInfo propose quelque chose de mieux... ou de simplement différent !

L’info média du jour, c’est les premiers pas de FranceInfo, la chaîne d’information en continu du service public diffusée sur le canal 27 de la TNT a commencé à émettre hier soir à 20 heures tapantes. Jérôme Ivanichtchenko vous êtes notre expert média. Alors concrètement, à quoi ça ressemble ?

Eh bien, ça ressemble à une chaîne info à laquelle on aurait enlevé l’aspect anxiogène qu’on a l’habitude de trouver sur les concurrentes comme BFM TV ou i-Télé. Il se dégage une forme de sérénité, une "déshystérisation" de l’info qui correspond en tout point à la volonté de Delphine Ernotte, la patronne de France Télé qui a porté ce projet à bout de bras depuis un an. Delphine Ernotte qui était bien évidemment présente hier soir, dans le studio flambant neuf installé au troisième étage du siège du groupe. A ces côtés, les patrons des groupes partenaires associés à la conception de FranceInfo : Matthieu Gallet, pour Radio France, Marie-Christine Saragosse pour France 24 et Laurent Vallet, pour l’INA.

Hier soir, à 20 heures, ils ont porté un regard particulièrement attentif sur ce moment "historique". Historique, pour eux en tout cas, pour le téléspectateur, il est encore un peu tôt pour le dire. C’est Louis Laforge, ancien animateur "Des racines et des ailes" et du "Grand Soir 3" qui a lancé la machine. Chaque jour, on le retrouvera aux commandes de la tranche 18h-20h, mais hier, c’est lui qui a ouvert l’antenne de FranceInfo.

Alors qu’est-ce qui marche et qu’est-ce qui ne marche pas ?

D’abord, "ce qui marche", et ce n’est pas une plaisanterie, ce sont les journalistes de FranceInfo. On voit beaucoup de gens debout dans ce studio qui prend les allures d’une salle de rédaction. Les journalistes qui se succèdent ne sont pas coincés derrière leur bureau. L’info, elle n’est pas statique et ça transparait à l’image. Ça contribue à rendre l’animation beaucoup plus dynamique, mais ça peut aussi parfois donner un peu le mal de mer. Les réalisateurs ont souvent recours à des travellings pour suivre les déplacements des journalistes. Il faut avoir le cœur bien accroché.

Sur le ton, qui est censé être le marqueur fort de cette chaîne info, il est clairement moins frénétique que sur BFM TV ou i-Télé. Certains téléspectateurs auront sans doute trouvé quelques points communs avec le traitement de la chaîne internationale Euronews, par exemple. Mais hier soir, ce qui a beaucoup marqué les internautes qui commentaient ce lancement sur Twitter, c'est la météo de cette nouvelle chaîne. Une "météo-gif". Les gifs, si vous l’ignorez, ce sont ces petites images animées qui se partagent sur les réseaux sociaux. Des images souvent humoristiques. Et bien elles viennent ponctuer la météo et on comprend bien l’objectif, c’est de rendre cette météo virale, de faire en sorte qu’on le partage, qu’on le diffuse, et donc qu’on fasse la promo de la chaîne par ce biais. Sur le papier, ça ressemble à une bonne idée, mais ça devient une mauvaise idée lorsqu’on la répète trop souvent. Et le gadget semble avoir un peu lassé les internautes. Un autre aspect a un peu déconcerté les téléspectateurs, c’est la multitude de sujets présentés sans voix off, sans commentaires. Là encore, ça ressemble à un module diffusé sur Euronews, le "no comment". Des séquences où le recours au texte et aux infographies est très présent. Il y a beaucoup à lire sur FranceInfo, qui ne ressemble donc pas du tout à une chaîne qu’on peut écouter en faisant autre chose, en faisant la cuisine, par exemple.

FranceInfo a-t-elle une chance de s’imposer face à la concurrence ?

Allez, on ne va pas avoir la dent trop dure ce matin. On va laisser sa chance au produit, on va attendre que la chaîne se rôde encore un peu. Le vrai test pour pouvoir juger de l’efficacité de cette chaîne, on pourra le faire lorsque surviendra un événement majeur : un attentat ou une catastrophe climatique. C’est là qu’on pourra véritablement jauger de la réactivité, de la coordination des différents partenaires et donc du poids que peut peser FranceInfo par rapport à ces concurrentes. Mais, sur la forme, on a tout de même le sentiment de naviguer un peu entre deux eaux. Notamment, avec ces séquences avec beaucoup de textes à l’écran qui donnent l’impression de ne pas être destinées à une consommation télé, mais plutôt à une consommation mobile, sur smartphone, par exemple. C’est la priorité de FranceInfo. Germain Dagognet, qui pilote ce projet, le rappelait hier matin à ce micro, c’est de créer une offre d’info publique destinée au web. Dans ce sens, ça semble réussi, mais du coup, ça pose aussi une question : était-il vraiment indispensable d’occuper un canal télé pour le mettre en œuvre ?