Zone euro : l'Italie et l'Espagne s'imposent

Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol, est satisfait : il a réussi, avec le soutien de l'Italie, à arracher un accord permettant de calmer la crise de la dette.
Mariano Rajoy, chef du gouvernement espagnol, est satisfait : il a réussi, avec le soutien de l'Italie, à arracher un accord permettant de calmer la crise de la dette. © REUTERS
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avec Martial You et Stéphane Grand, envoyés spéciaux d'Europe 1 à Bruxelles , modifié à
Les deux pays ont arraché des mesures supplémentaires à l’accord sur la croissance.

"Le coup de force de l’Italie et de l’Espagne" titre Les Echos, "Italie et Espagne font passer en force des mesures d’urgence" souligne La Tribune, "L’Espagne arrache un accord sur la restructuration des banques" rapporte encore le Financial Times,  "L’Europe au secours des Italiens et des Espagnols" dixit le Handelsblatt.

La presse économique européenne s’attarde vendredi matin sur le bras de fer engagé par le duo italo-espagnol pour modifier l’accord européen de lutte contre la crise de la dette. Leur objectif était limpide et il a été atteint au terme d’une longue nuit de négociation : obtenir des mesures d’urgences, et pas seulement à moyen et long terme.

Un accord trouvé dès minuit mais…

Les dirigeants européens étaient réunis jeudi soir à Bruxelles pour finaliser le Pacte de croissance défendu par la France et l’Italie. Un accord a été rapidement trouvé et, peu avant minuit, le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, annonçait la mobilisation de 120 milliards d’euros pour relancer la croissance et l’emploi au cours des prochains mois.

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© Reuters

Ce pacte de croissance passe par une augmentation de la capacité de prêt de la Banque européenne d'investissement (BEI) de 60 milliards, 55 autres milliards venant de la réaffectation de fonds structurels non utilisés, et 5 milliards de "project bonds" lancés "à l'été". Tout cet argent doit servir à financer des infrastructures de transport et d'énergie.

… l’Espagne et l’Italie en voulaient plus

Rassurés d’avoir réussi à trouver un terrain d’entente, les dirigeants européens ont rapidement été refroidis par le refus de dernière minute de l’Italie et de l’Espagne. Les deux pays, désormais aux avant-postes de la crise de la dette, peinent en effet à emprunter sur le marché et doivent s’acquitter de taux d’intérêt de plus en plus élevés. Or leurs banques vont mal et ont besoin d’une aide que ces Etats peuvent difficilement apporter sans se mettre eux-même en danger.

L’Espagne et L’Italie souhaitent donc des réponses immédiates et ont refusé de signer l’accord tant qu’il n’incluait pas des mesures de court terme en faveur des pays emprunteurs. Après cinq nouvelles heures de difficiles négociations, les Européens ont trouvé un accord : la mise en place d'ici la fin de l'année d'un mécanisme permettant de consolider les banques via l’Europe.

Un ballon d’oxygène pour les emprunts d’Etats

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 "Il y a eu un peu de tensions", mais "cela a été utile", a réagi le président du Conseil italien Mario Monti à l’issue du sommet. Car si la volte-face de dernière minute du duo italo-espagnol a passablement irrité certains négociateurs, dont Herman Van Rompuy, elle a néanmoins permis à la zone euro d’avancer et devrait endiguer les attaques spéculatives des marchés.

L’UE a désormais une feuille de route bien plus claire organisée autour de trois axes :
- A court terme, les Etats n’auront plus besoin de venir directement en aide à leurs banques en difficultés : c’est l’UE qui leur fournira des fonds. En échange, la Banque centrale européenne (BCE) devient le gendarme du système bancaire européen.
- A moyen terme, le pacte de croissance de 120 milliards d’euros va permettre de lancer de grands travaux et donc de stimuler la croissance.
- A long terme, la zone euro va se doter de règles communes en matière budgétaire, à savoir une "règle d’or", et instaurer un contrôle et des sanctions en cas de dérapages d’un Etat. Les dirigeants européens se reverront à ce sujet en octobre.