Y a-t-il eu un effet Volkswagen sur les ventes de véhicules diesel ?

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G.V. avec François Geffrier
AUTOMOBILE - Reportage dans des concessions automobiles pour vérifier si la fraude aux tests antipollution a détourné les consommateurs des véhicules allemands.
REPORTAGE

Une fraude industrielle qui concerne au moins 11 millions de véhicules diesel, des réparations et des indemnités qui se chiffrent en milliards d’euros : l’affaire Volkswagen a ébranlé le secteur automobile et mis fin au mythe de la fiabilité allemande. Mais a-t-elle modifié le comportement des acheteurs dans les concessions automobiles ? Le constat est nuancé.

Des ventes de véhicules diesel en recul. Les automobilistes français n’ont pas attendu les révélations sur les pratiques du groupe Volkswagen pour changer leur rapport au diesel : après avoir monopolisé le marché français, ce type de motorisation commence à reculer depuis 2008. Alors que plus de 73% des ventes de voitures particulières étaient des diesel en 2012, cette proportion est passée à 64% en 2014 et à 58% en 2015, selon les chiffres du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).

Il y a donc une tendance de fond sur le marché français et, de l’avis de la plupart des concessionnaires, l’affaire Volkswagen devrait accentuer cette tendance. "On a davantage une demande maintenant sur les essences. Le fait que Volkswagen ait eu des soucis sur leurs diesels a accentué cette demande, sachant que les gouvernements parlent beaucoup de taxer, de rééquilibrer tout ce qui est fiscalité au niveau diesel par rapport à l’essence", témoigne Richard, vendeur dans une concession du Val-de-Marne.

Une question plus budgétaire qu’environnementale ? En faisant le tour des garages, le même discours revient : le diesel recule, mais jamais par conscience écologique. Selon les concessionnaires, c’est uniquement par peur d’être taxés ou interdits. Volkswagen ne devrait donc pas trop souffrir au niveau des ventes de voitures. "Cela ne m’empêchera pas d’acheter un véhicule neuf dans le groupe Volkswagen. Personne aujourd’hui ne regarde les émissions de CO2 sur l’achat d’un véhicule. Je reste Volkswagen malgré tout, ça reste une marque fiable et très costaud", témoigne William, fidèle client de la marque allemande.

Un point de vue que partagent les concessionnaires, y compris les concurrents : l’affaire Volkswagen ne devrait écorner qu’à la marge la réputation du groupe automobile. "C’est triste à dire mais tout le monde s’en fout, enfin, les gens ne se sentent pas concernés par les rejets de CO2", résume une commerciale hors micro. Pour l’instant, la puissance et le style d’un véhicule priment toujours sur ses performances environnementales.