Volkswagen a vendu moins de véhicules en 2015 suite au trucage de ses moteurs diesel

© JOHN MACDOUGALL / AFP
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Le groupe automobile voyait ses ventes progresser depuis des années. La fraude aux émissions polluantes a marqué un coup d’arrêt.

"Le problème du diesel a clairement assombri les dernières semaines". Le nouveau patron de Volkswagen, Matthias Müller, n’a pu éviter le sujet de la fraude aux émissions polluantes, jeudi lors de la présentation des résultats 2015 du constructeur automobile. Car, comme l’entreprise allemande le redoutait, cette affaire a eu un impact direct sur ses ventes et ses résultats.

"Un impact très significatif sur notre groupe". "J’aurais préféré m’adresser à vous dans de meilleures circonstances : suite aux irrégularités concernant nos véhicules diesel, en contradiction avec ce que Volkswagen représente, nous nous retrouvons au milieu de ce qui est probablement le plus grand défi de l’histoire de notre entreprise", a écrit Matthias Müller dans le rapport annuel de l’entreprise.

"A mes yeux, il est important que vous sachiez que Volkswagen vaut plus que cette crise", poursuit le PDG, avant d’ajouter : "la crise actuelle a un impact très significatif sur notre groupe".

Première baisse des ventes depuis une décennie. Le scandale Volkswagen se retrouve en effet dans les chiffres de vente du groupe, qui inclut également les marques Skoda, Seat, Audi ou encore Porsche, elles aussi concernées par la fraude. Alors que le groupe a réussi à multiplier ses ventes par deux entre 2005 et 2014, 2015 a marqué un coup d’arrêt : pour la première fois depuis dix an, les ventes ont baissé d’un peu plus de 2%. Embarrassant lorsque la concurrence affiche dans le même temps des résultats positifs : +1% pour l’alliance Renault-Nissan, +0,2% pour GM, +0,02% pour Fiat-Chrysler, hormis Toyota (-0,8%), victime du marasme économique au Japon.  

Une inversion de tendance à laquelle le constructeur ne s’attendait pas puisqu’il y a encore un an il ambitionnait encore de devenir numéro 1 et de détrôner Toyota. Une période bénie désormais révolue : "la chasse aux records des années précédentes est pour le moins interrompue", a reconnu Matthias Müller.

Le recul est encore plus net pour la marque Volkswagen elle-même, dont les ventes ont reculé de presque 3,5% sur un an. Cette baisse des ventes n’est en revanche pas une première pour la marque phare du groupe : elles reculent depuis 2013, le groupe profitant du dynamisme de ses autres marques.

Un scandale qui coûtera au moins 16,2 milliards. Peu habitué à perdre du terrain, Volkswagen encaisse le coup, mais plus que son ego, c’est sa trésorerie qui souffre. Malgré le scandale et la baisse des ventes, le groupe a réussi à gagner plus d’argent en 2015 qu’en 2014 (+1%) grâce à ses marques de luxe. Sauf que cet argent ne profitera pas à l’entreprise et à ses actionnaires : Volkswagen a dû mettre de côté 16,2 milliards d’euros de côté pour payer les conséquences de sa fraude (rappel de véhicules, réparation, indemnisation, frais de justice, etc.). Résultat, alors qu’il a gagné 12,8 milliards d’euros en 2015, le constructeur a fini l’année avec un trou de 1,6 milliard d’euros. Et passablement dégradé son image de marque.