Vivez-vous dans un désert médical ?

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Sophie Amsili , modifié à
CARTE - L'UFC-Que Choisir dénonce les dépassements d'honoraires.

"Etes-vous victime de la fracture sanitaire ?", demande l'UFC-Que Choisir. Pour le savoir, l'association a publié mardi une étude et une carte interactive qui superposent pour la première fois l'implantation géographique des médecins et la carte des dépassements honoraires. "Nous avons regardé les deux dimensions de l'accès aux soins, la dimension géographique et la dimension financière. Et c'est vrai que lorsqu'on couple les deux, les résultats sont assez dramatiques", commente Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir.

Capture d'écran carte UFC-Que Choisir

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L'association dénonce ainsi une "intolérable fracture sanitaire" aggravée par les dépassements d'honoraires. Voilà qui devrait apporter de l'eau au moulin de la ministre de la Santé Marisol Touraine, déterminée à encadrer les dépassements d'honoraires alors que l'Assurance maladie, les syndicats de médecins et les complémentaires de santé se réunissent une dernière fois mercredi pour tenter de trouver un accord sur le sujet.

8 Français sur 10 ont difficilement accès à un ophtalmo

L'enquête se concentre sur quatre spécialités (généraliste, gynécologue, ophtalmologues et pédiatres). Les inégalités d'accès à un généraliste, même si elles existent, ne sont pas les plus préoccupantes selon l'UFC-Que Choisir. 14 millions de Français (soit 22% de la population) ont des difficultés d'accès géographique. Si l'on ne tient compte que des médecins pratiquant le tarif de la Sécurité sociale, il s'agit de 17,3 millions de Français, soit plus du quart d'entre eux.

Ce sont en fait les inégalités face aux médecins spécialistes qui sont les plus dramatiques. Trouver un pédiatre est géographiquement difficile pour 23 millions de Français. Et c'est pour cette spécialité que l'impact des dépassements d'honoraires est le plus fort: 36,6 millions de Français sont alors victimes de la "fracture sanitaire", soit plus d'un Français sur deux. Et si vous cherchez un ophtalmo ou un gynéco au tarif de la Sécurité sociale, préparez-vous à un parcours du combattant : 8 Français sur 10 y ont difficilement accès.

Les villes moyennes s'en sortent le mieux

L'ensemble du territoire est concerné par ces problèmes d'accès aux soins. Si les zones rurales sont les plus touchées par la désertification médicale, l'accès à un médecin sans dépassement d'honoraire est tout aussi compliqué en ville. "Pour les ophtalmologistes, l'offre de médecins au tarif de la Sécurité sociale est ainsi insuffisante à Paris, Aix-en-Provence, Saint-Etienne, Nice ou encore Lille. Le Mans devient même un désert médical !", note l'enquête. Mieux vaut alors vivre dans une ville moyenne, où l'offre de soins est adaptée à la demande et les dépassements d'honoraires faibles ou inexistants.

Comment remédier à cette fracture ? "Ecrivez en un clic à vos parlementaires", invite le site de l'UFC-Que Choisir. A l'adresse des pouvoirs publics, l'association demande "un conventionnement sélectif des médecins" et "une réduction des aides publiques aux médecins installés en zone sur-dotée". Elle milite également pour "la disparition progressive des dépassements d'honoraires", avec "une phase transitoire" à 40% du tarif de la Sécu. Pour ce dernier point, le verdict ne devrait plus tarder.

L'UFC-Que Choisir présente les principaux enseignements de l'étude :