Viande avariée : comment être sûr de ce que l’on mange ?

Un scandale a éclaté au Brésil lorsque la police a annoncé avoir découvert que des gros exportateurs de viandes certifiaient de la viande avariée comme étant propre à la consommation.
Un scandale a éclaté au Brésil lorsque la police a annoncé avoir découvert que des gros exportateurs de viandes certifiaient de la viande avariée comme étant propre à la consommation. © Miguel SCHINCARIOL / AFP
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C.P. , modifié à
Depuis vendredi dernier, le Brésil est empêtré dans un vaste scandale de viande avariée. Y a-t-il des raisons de s’inquiéter de la viande que nous consommons en France ? 

Le Brésil étant le premier exportateur de viande bovine et de poulet, on peut légitiment se poser la question de la qualité de la viande que nous consommons actuellement en France. En effet, un scandale a éclaté au Brésil lorsque la police a annoncé vendredi avoir découvert que des gros exportateurs de viandes avaient soudoyé les inspecteurs des services d'hygiène pour certifier de la viande avariée comme étant propre à la consommation. Résultat, comment être sûr de la provenance de la viande en France ? Europe 1 vous propose quelques éléments de réponse.

Une présence marginale. Tout d’abord rassurez-vous, la viande brésilienne reste marginale en France. En effet, sur les 300.000 tonnes de viande importées par la France en 2016, seulement 1.600 tonnes provenaient du Brésil. Le reste vient à 95% des autres pays de l’Union Européenne qui respectent, comme la France, des règles très strictes de traçabilité ainsi que des cahiers des charges pour assurer une bonne qualité des produits. Au niveau européen, les importations annuelles de viande brésiliennes s’élèvent, quant à elles, à 110.000 tonnes.

Les exportations suspendues. Malgré ces faibles tonnages de viande brésilienne, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll a réclamé des contrôles plus poussés des importations brésiliennes. Et, en attendant la réunion des services vétérinaires des 28 pays européens, prévue vendredi prochain, la Commission européenne a demandé mardi au Brésil de suspendre ses exportations, en gelant la licence des quatre établissements brésiliens autorisés à vendre vers l’Europe même si au total, au Brésil ce sont 21 entreprises qui sont suspectées d'avoir vendu et exporté de la viande périmée, parfois contaminée à la salmonellose, avec la bénédiction d'agents d'État corrompus.

Malheureusement entre la découverte du scandale et cette suspension, de la viande a pu être importée et s’être retrouvée dans les rayons de nos grande-surfaces. Stéphane Le Foll s’est voulu rassurant en affirmant qu’aucun lot de viande avariée n’avait atterri en France mais il faut savoir que nous consommons régulièrement de la viande brésilienne, notamment de  la volaille. Pour la viande bovine, la France importe 1.100 tonnes de viande par an du Brésil soit 0,1% de la consommation française. Et cette viande n’est utilisée qu’en restauration collective ou pour l’élaboration de produits transformés.

Fiez-vous aux logos !Pour autant comment savoir d’où provient la viande que nous consommons ? Guy Hermouet, président de la section bovine d'Interbev, l’interprofession française du bétail et de la viande, explique à Europe 1 que, "la première chose à faire quand on arrive dans un rayon c’est de regarder si le produit porte le logo 'Viande de France'". "Ce logo donne une valeur de traçabilité aux consommateurs. Il permet de savoir que l’animal est né, élevé, abattu et transformé en France, de la fourche à la fourchette", ajoute-t-il. Vous pourrez donc avoir une confiance totale dans les produits qui portent une sorte d’hexagone bleu, blanc et rouge dans lequel il est par exemple inscrit "Volaille Française". Une bonne manière de repérer les produits français mais pour autant, il ne faut pas non plus se méfier des produits européens dont les normes et les contrôles respectent tout autant une qualité irréprochable. Pour se faire, c’est l’étiquette du produit qu’il faut regarder, disponible sur tous les emballages de viandes depuis le mois d’avril 2015.

Que disent les étiquettes ? En lisant les étiquettes vous pouvez connaître le pays d’élevage désignant le nom de l’Etat membre de l’Union Européenne ou du pays hors UE dans lequel l’animal a été élevé. Vous aurez également accès au pays d’abattage ainsi que le code du lot identifiant les viandes proposées à la consommation, qui permet, en cas de problème, de remonter rapidement à la source. Si seul le mot "origine" apparaît alors sachez que l’animal est né,  élevé et abattu dans le même pays. Une traçabilité très précise adoptée par tous les pays membres de l’Union Européenne…mais pas par le Brésil, comme le regrette Guy Hermouet. "Le scandale est arrivé parce que rien n’est contrôlé au Brésil. On leur faisait confiance mais on a toujours contesté leurs pratiques qui consistent à incorporer des hormones, des activateurs de croissance ou des OGM", détaille-t-il ainsi. Celui qui est à la tête de la section export d’Interbev souhaite donc la fin pure et simple de cet excès de zèle dans les importations de viande.

L’accord de libre-échange menacé. Il y a urgence à agir puisque lundi dernier, une ronde de négociations s’est ouverte à Buenos-Aires pour définir les contours du chapitre sanitaire de l’accord de libre-échange entre l’Union Européenne et le Mercosur. Interbev a donc envoyé une lettre au secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, de la promotion du tourisme et des Français de l’étranger, Matthias Fekl, dans laquelle on peut lire que, "la Commission européenne doit tirer les conclusions de cette affaire et doit immédiatement exiger l’exclusion de la viande bovine de tout éventuel accord avec le Mercosur". Pour l’heure ce courrier n’a toujours pas reçu de réponse. En attendant, Guy Hermouet va donc plus loin en réclamant « le boycott total de la viande brésilienne » car il le rappelle, en cas d’accord avec Mercosur, "200.000 à 300.000 tonnes de viande seraient importées en Europe, ce qui menacerait environ 30 000 exploitations en France"…en plus des éventuels risques sanitaires.