Vers un léger toilettage du calcul du Smic

"Il n'y aura pas de nouveau coup de pouce du Smic à la rentrée", en janvier, a indiqué dimanche Michel Sapin, ministre du Travail, invité du Grand Rendez-vous Europe 1- i>Télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France.
"Il n'y aura pas de nouveau coup de pouce du Smic à la rentrée", en janvier, a indiqué dimanche Michel Sapin, ministre du Travail, invité du Grand Rendez-vous Europe 1- i>Télé/Le Parisien-Aujourd'hui en France. © MAXPPP
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L'exécutif a annoncé une refonte du calcul du salaire minimum, moins ambitieuse que prévue.

Le gouvernement s'apprête à enterrer, au moins provisoirement, l'une des promesses de campagne sur le Smic. Le ministre du Travail, Michel Sapin, a présenté lundi matin aux partenaires sociaux une refonte du mode de calcul du salaire minimum. Il devrait la détailler lors du prochain Conseil des ministres. Décryptage.

Comment est calculé le Smic? Depuis 1970, le salaire minimum est recalculé automatiquement chaque année pour suivre l'évolution des prix et de la moitié du gain de pouvoir d'achat du salaire horaire de base ouvrier (SHBO).

Pas d'indexation sur la croissance. Le ministère du Travail a annoncé lundi que la réforme du mode de calcul du salaire minimum ne comporterait pas d'indexation sur la croissance, contrairement à ce que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault avait annoncé en juillet, reprenant une promesse de François Hollande. "Aujourd'hui, ça n'aurait pas beaucoup de sens de vouloir indexer sur la croissance", avait déjà  prévenu le ministre Michel Sapin, dimanche sur Europe1.

"Par contre, le jour venu, avec une croissance plus forte, il sera évidemment nécessaire que l'augmentation du Smic permette aux Smicards aussi de participer aux fruits de la croissance", a-t-il toutefois ajouté. De plus, Michel Sapin affirme que "l'évolution de la croissance sera prise en compte dans les futurs 'coups de pouce'" pour "favoriser la redistribution des fruits de la croissance, lorsque que celle-ci est au rendez-vous".

Un calcul plus favorable aux ménages modestes. Le calcul du Smic va toutefois bel et bien changer dès 2014. "On doit tenir compte de l'inflation. Or l'inflation pour ceux qui gagnent très peu n'est pas forcément la même que pour ceux qui gagnent beaucoup, il sera proposé de modifier cela", a affirmé le ministre du Travail.

Ces 12 derniers mois en effet, l'inflation a été de + 1,4%. Mais les prix de l'alimentation ont grimpé de 2,6%, ceux des loyers de 1,7%, les factures d'électricité de 3,2% et celles de gaz de 8,3%, comme le rappelle LeFigaro lundi. Autant de dépenses qui constituent l'essentiel de ce que déboursent les ménages les plus modestes. Selon une source proche du dossier, le nouvel indice prévu par le gouvernement pour calculer le Smic se basera donc sur l'inflation telle qu'elle est réellement perçue par les 10% des ménages les plus modestes.

>>> Réécouter le décryptage de notre chroniqueur spécialisé, Axel de Tarlé :

Un nouvel indicateur. Quant au salaire horaire de base ouvrier, jugé désuet (entre 1980 et 2008, la part des ouvriers est passée de plus de 40% à 22% dans l'emploi salarié), l'exécutif pourrait lui préférer un nouvel indicateur, le salaire horaire de base ouvrier et employé (SHBOE), suivant ainsi les préconisations de Gilbert Cette et Etienne Wasmer, membres du groupe d'experts. Si ces deux hypothèses sont retenues, le changement sera "marginal", selon un économiste.

Un nouveau comité d'experts. Le ministre promet enfin que le fonctionnement du groupe d'experts conseillant le gouvernement sur le Smic, critiqué par les syndicats, sera "revu" pour permettre "un dialogue plus approfondi et plus direct avec les partenaires sociaux.