Vente de tabac : les buralistes en guerre contre les supérettes

Les buralistes s'insurgent contre l'autorisation donnée à certaines supérettes de vendre du tabac.
Les buralistes s'insurgent contre l'autorisation donnée à certaines supérettes de vendre du tabac. © JOEL SAGET / AFP
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Olivier Samain et Margaux Baralon
Alors que certains supermarchés sont autorisés à vendre des cigarettes, la profession voit dans cette initiative, par ailleurs parfaitement légale, une atteinte à son monopole.

On ne compte plus les sujets de discorde entre les buralistes et les pouvoirs publics. Après les augmentations successives du prix des cigarettes et l'introduction du paquet neutre, les premiers dénoncent l'ouverture, dans certaines gares, de supérettes autorisées à vendre du tabac. Lundi, une trentaine de professionnels ont ainsi manifesté devant la gare d'Épinal, dans les Vosges.

Un "Monop'Station" devenu débitant de tabac. L'objet de leur mécontentement, c'est une enseigne "Monop'Station", appartenant au groupe Monoprix, qui est venu remplacer à la mi-juillet un magasin Relay. Ce petit supermarché d'une centaine de mètres carrés a obtenu le droit de vendre, en plus des produits d'hygiène ou alimentaires classiques, des cigarettes. Une procédure qui n'a rien d'illégale : l'administration des douanes, qui dispose du monopole de la revente de tabac, confie celle-ci à des débitants. Depuis 2010, elle peut désigner des bureaux de tabac dits "spéciaux", implantés dans "le domaine public concédé du secteur des transports", comme les gares ou les aéroports.

Dans le cas de la gare d'Épinal, les douanes ont estimé qu'il n'y avait pas d'autres buralistes dans le quartier et ont donné leur feu vert au "Monop'Station". Le magasin Relay préexistant était d'ailleurs déjà habilité à vendre des cigarettes.

Menacés par la grande distribution. Mais pour les buralistes, cela ne passe plus. Alors qu'ils considéraient le métier du Relay proche du leur, l'enseigne de Monoprix appartient à la grande distribution. Ils sentent donc leur monopole menacé, et craignent des dérives. "Aujourd'hui, ce sont les gares, et peut-être seulement quelques points de vente", reconnaît Pascal Montredon, président national de la confédération des buralistes, qui n'ignore pas que les supérettes autorisées à vendre du tabac se comptent sur les doigts d'une main en France. "Mais est-ce que demain ou après-demain, ce ne sera pas toute la grande distribution qui pourra vendre ce produit ? La puissance de la grande surface, c'est de rentrer toujours par la petite porte, de faire sa place et, au fur et à mesure, de pousser les pouvoirs publics à élargir leurs possibilités."

De son côté, le groupe Monoprix assure que les prérogatives de ses enseignes resteront limitées. Il n'est pas question de "faire entrer le tabac dans la grande distribution", a expliqué un porte-parole de l'entreprise à BFM TV. Il en faudra plus pour rassurer les buralistes.