Venir au travail à vélo : pourquoi les entreprises devraient encourager leurs salariés

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Le vélo présente de nombreuses vertus pour les salariés. © BORIS HORVAT / AFP
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Fiscalité avantageuse, productivité accrue… Aller au travail à vélo présente de nombreux intérêts pour les salariés comme pour les employeurs.

Vélo-boulot-dodo : voilà un adage qui s’ancre un peu plus chaque jour dans le quotidien des Français. Selon une enquête de la Fédération des usagers de la bicyclette publiée fin 2017, 69% des cyclistes utilisent leur vélo pour se rendre au travail. Ce qui n’empêche pas la France d’être en retard sur les pistes cyclables, par rapport à ses voisins européens. "Le vélo c'est moins de 3% des déplacements contre 26% aux Pays-Bas, 19% au Danemark", déplorait récemment le député LREM Matthieu Orphelin, coauteur d’une étude parlementaire sur le sujet, sur Europe 1. Pour que l’Hexagone change de braquet, chacun doit y mettre du sien, y compris les entreprises.

L’émission Circuits Courts consacre jeudi 10 mai un numéro spécial "Tous à vélo !". Autour d’Anne Le Gall et Maxime Switek, Stein Van Oosteren, président de l’association FARàVélo, initiateur du "covélotaf" et Alexis Frémeaux, président de l’association Mieux se déplacer à bicyclette, débattront des bienfaits du vélo et des moyens de le promouvoir en France. L’émission est à suivre en direct ici.

Selon l’Insee, seuls 2% des actifs optent pour le vélo afin de se rendre au travail. Parmi les facteurs explicatifs de cette performance très moyenne : distance du lieu de travail, manque de pistes cyclables, danger sur la route mais aussi le coût. En effet, acheter un bon vélo pour aller au travail tous les jours est un investissement qui, contrairement aux transports en commun, n’est pas obligatoirement remboursé par l’employeur (à hauteur de 50% pour les transports publics).

Une indemnité gagnant-gagnant

Depuis 2016, les entreprises peuvent mettre en place une indemnité kilométrique vélo (IK vélo). Ce dispositif facultatif, instauré par un accord d’entreprise, prend en charge tout ou partie des dépenses engagées par les salariés pour se rendre au travail à bicyclette, avec un forfait de 0,25 euros par kilomètre. L’indemnité est calculée individuellement pour chaque employé qui utilise son vélo en fonction de la distance aller-retour la plus courte entre son domicile et l’entreprise et du nombre de jours travaillés dans l’année. Elle peut ainsi représenter quelques dizaines d’euros par mois. En fonction des termes de l’accord, les salariés concernés peuvent avoir à fournir des justificatifs.

L’indemnité est intéressante à la fois pour le salarié et l’employeur puisque elle est exonérée d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales, dans la limite de 200 euros. Mais son caractère facultatif et le peu de communication fait autour de la mesure a freiné son développement. "Seules 85 entreprises, représentant environ 150.000 salariés" avaient adopté l’indemnité kilométrique vélo fin 2017, affirmaient Matthieu Orphelin à 20 Minutes en décembre.

Depuis, les collectivités locales s’en sont également emparées, notamment la Ville de Paris qui doit généraliser le dispositif fin 2018, mais il est plus encadré que dans les entreprises. Lors des Assises de la mobilité clôturées en décembre, la ministre des Transports Élisabeth Borne a confirmé étudier différentes pistes pour favoriser la démocratisation de l’indemnité kilométrique, y compris la rendre obligatoire.

Des flottes éligibles à une réduction d’impôt

L’indemnité kilométrique n’est pas le seul outil à disposition des entreprises pour inciter leurs salariés à se mettre au vélo. En mettant gratuitement à disposition des bicyclettes pour ses employés, une société peut obtenir une réduction d’impôt, dans la limite de 25% des frais engagés. La réduction d’impôt couvre l’achat des vélos et des équipements (casques, gilets jaunes…), la police d’assurance contre le vol, l’entretien et les réparations ainsi que le coût d’aménagement d’un parking ou d’un abri dédié.

Inciter ainsi ses salariés à venir au travail à vélo s’accompagne toutefois de devoirs, qui plus est pour les entreprises qui s’équipent d’une flotte professionnelle. En effet, la loi oblige depuis 2017 toutes les entreprises disposant d’un parking à réserver un espace de stationnement aux vélos (1,5% de la surface au sol du bâtiment pour un immeuble de bureau ou calculé pour 15% de l’effectif total).

Des salariés plus performants

Le dernier avantage d’avoir des salariés qui viennent à vélo ne tient pas à la fiscalité mais à la santé, physique et mentale. Les bienfaits de quelques coups de pédale quotidiens sont connus : bouclier contre le diabète et l’hypertension, rempart contre la dépression… Les employés qui font quelques dizaines de minutes de bicyclette par jour sont donc des employés en meilleure forme et plus performants : une étude réalisée par le Medef en 2015 a montré qu’une entreprise qui encourage ses salariés à pratiquer une activité physique (au hasard, le vélo) peut enregistrer des gains de productivité de l’ordre de 2,5% à 9,1%.

 

Une assertion complétée par une étude menée aux Pays-Bas en 2010. En comparant deux groupes de salariés, des chercheurs sont parvenus à la conclusion que ceux qui viennent à vélo au travail sont moins absents que leurs collègues qui prennent la voiture ou les transports en commun. Pédaler pour aller travailler réduirait de 15% le nombre d’arrêts maladie sur un an. Résultat, les employés cyclistes présentent un taux d’absentéisme plus bas que celui des autres employés. Par ailleurs, plus ils parcourent une longue distance et plus ils vont vite, moins ils sont absents.