Une rentrée sociale sous tension

Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a appelé à une manifestation le 9 octobre, pour la "défense de l'emploi industriel".
Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a appelé à une manifestation le 9 octobre, pour la "défense de l'emploi industriel". © MAXPPP
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Manifestations, plans sociaux… La rentrée sociale du gouvernement pourrait être "explosive".  

La rentrée pourrait être bien plus chaude que l'été sur le plan social. "Tout est possible" a prévenu le Secrétaire général de Force ouvrière (FO) Jean-Claude Mailly, jeudi matin sur Europe1, interrogé sur des possibles mouvements de grève à venir. "On va voir les tensions telles qu'elles existent dans les entreprises. Et les réponses du gouvernement. S'il ne choisit pas entre l'ultralibéralisme des patrons et la sécurité des salariés, tout est possible", a insisté le syndicaliste.

Boursier.com - Bernard Thibault ne se représenterait pas à la tête de la CGT

La veille,  Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, a appelé à une manifestation le 9 octobre, pour la "défense de l'emploi industriel". "Depuis la conférence sociale" tenue en juillet, "il y a une forte détérioration de la situation", estime le leader syndical. "Cela confirme notre regret qu'à la conférence sociale, il n'y ait pas eu d'autres annonces de la part du gouvernement pour faire face à l'urgence en matière d'emploi, notamment sur les restructurations".

"Tout reste à faire"

La manifestation sera le premier mouvement social visant à interpeller le nouvel exécutif, du moins directement. Car le 30 septembre, le leader du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a également appelé à une manifestation unitaire contre le Traité budgétaire européen, qui a désormais l'aval de François Hollande malgré la rigueur serrée qu'il impose.

Mais la mayonnaise n'a pas encore totalement pris, et la tension n'est pas encore à son comble. Aucun syndicat ne s'est encore engagé pour le 30 septembre. Et la CGT est pour l'instant seule en lice pour le 9 octobre. "Pour le moment, on ne s'inscrit pas dans ce mouvement. Le 9 octobre est une journée de réflexion syndicale sur le plan international, pas national. La décision de Bernard Thibault le regarde", a ainsi déclaré Jean-Claude Mailly sur Europe1.

Interrogé mercredi sur l'éventualité d'une rentrée explosive, Laurent Berger, numéro deux de la CFDT a également répondu : "En tout cas, la CFDT n'est pas sur cette ligne. Aujourd'hui tous

Berger

© Philippe Wojazer / Reuters

les éléments sont réunis pour que chacun puisse se faire entendre par la voie du dialogue social." "Cela dit on n'est pas à l'abri de situations qui dégénèrent dans certaines entreprises", a tout de même prévenu le probable successeur de François Chérèque dans une interview au magazine Presse-Océan.

Mais le gouvernement est sur le fil. "Dans la gestion de l'urgence, le gouvernement a plutôt bien répondu pour l'instant. Sur les questions de fond, tout reste à faire. La CFDT jugera aux actes", prévient Laurent Berger.

L'exécutif accélère

Surveillé, le gouvernement doit agir vite. Car l'épidémie de suppressions de postes tant redoutée se profile. PSA attend la présentation de deux rapports d'experts mi-septembre et mi-octobre pour entamer son plan de suppression de 8.000 postes. Carrefour va supprimer entre 500 et 600 postes, Air France 5.000. Et ils ne sont pas seuls. Ipsen, Visteon, Conforama… Les plans se multiplient en France. Banques, téléphonie, distribution… Des dizaines de milliers d'emplois sont menacés dans tous les secteurs.

» Lire pour le détail : la carte de France des plans sociaux.

À cela vient s'ajouter une hausse de 1,4% du chômage au mois de juillet, soit le plus mauvais mois depuis trois ans. Ce sont maintenant 2,987 millions de personnes qui pointent à pôle emploi en catégorie A.

» Lire aussi : chômage, les plus hauts atteints par la France

Pour faire face, l'exécutif veut accélérer les réformes. Première mesure, et non des moindres : avancer l’ouverture de la session extraordinaire de l’Assemblée nationale. Emplois d'avenir, réforme du dispositif du chômage partiel,  de l'évaluation de la hausse du Smic… Les chantiers sont nombreux. Le gouvernement doit également engager d'ici 15 jours une négociation sur la flexibilité de l'emploi.

» Lire aussi : l'exécutif met le pied sur l'accélérateur

Des réformes de fond réclamées

Les syndicats préviennent : ils ne veulent pas de mesurettes. "Attention à tous les dispositifs qui ne feraient qu'atténuer les chiffres du chômage de manière transitoire. Créer des contrats est une chose, mais il faut agir sur les aspects structurels, notamment dans le secteur industriel. Il faut maintenir le potentiel de production pour qu'il y ait des emplois, c'est là qu'il y a urgence aujourd'hui", lançait mercredi Bernard Thibault.

Et Jean-Claude Mailly de poursuivre : "La hausse du chômage n'est pas inéluctable. Le gouvernement doit modifier sa politique économique et opter pour une relance de la consommation et un soutien au pouvoir d'achat, sinon l'aggravation du chômage continuera".

Jean-Marc Ayrault avait prévenu, après la publication des chiffres du chômage de juillet : "remonter la pente sera difficile, mais chaque jour nous menons la bataille."