Une fusion entre Orange et Bouygues, c'est crédible ?

Orange discute avec Bouygues pour racheter Bouygues Telecom, rapporte jeudi soir le journal Les Echos
Orange discute avec Bouygues pour racheter Bouygues Telecom, rapporte jeudi soir le journal Les Echos © Reuters
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avec Martial You et AFP , modifié à
DECRYPTAGE - Selon Les Echos, Orange étudie un rachat de Bouygues télécom.

Nouvelle étape dans le feuilleton de la téléphonie mobile française. Orange discuterait avec Bouygues pour racheter sa filiale Telecom, rapporte jeudi soir Les Echos sur son site internet. Selon le quotidien économique : les dirigeants des deux groupes en ont parlé à plusieurs reprises et le gouvernement a été mis au courant.

Interrogé lors de la conférence sur les résultats trimestriels du groupe Bouygues, son directeur financier Philippe Marien a toutefois assuré que Bouygues Telecom avait une stratégie qui lui permettait de rester indépendant. "Tout le monde réfléchit à tout. En ce qui nous concerne, on est aujourd'hui très focalisé sur la mise en place de notre plan 'stand alone (tenir seuls)'", a-t-il assuré. Dans la soirée de jeudi, Orange a indiqué par communiqué "examiner les opportunités qu'offre la recomposition du paysage français des télécoms", sans citer Bouygues Telecom.

>> Pourtant, le scénario d'un rachat par l'opérateur historique n'est pas si improbable que ça. Pourquoi ?

Parce que Bouygues va mal. Le groupe de Martin Bouygues reste le maillon faible des télécoms. Il a indiqué jeudi qu'il prévoyait un plan de refonte de sa filiale télécoms après l'échec de son mariage avec SFR, avec notamment un nouvel objectif d'économies de 300 millions d'euros qui pourrait avoir des "conséquences sociales" pour ses salariés. Bouygues Telecom a encore vu son chiffre d'affaires chuter de 5% au premier trimestre 2014, à 1,08 milliard d'euros, et a essuyé sur la période une perte opérationnelle courante de 19 millions d'euros, a-t-il annoncé jeudi.

>> Lire aussi : pourquoi Bouygues fatigue

Bouygues souffre de l'arrivée de Free sur le marché.  Et il semble avoir eu les yeux plus gros que le ventre. Ses antennes couvrent aujourd'hui plus de 60 % de la population contre 50 % pour Orange et SFR. Or, activités fixe et mobile cumulées, Bouygues ne comptabilisait "que" 13 millions de clients fin 2013, contre 14,5 millions pour Iliad (Free), 26 millions pour SFR et 37 millions pour Orange. Un mariage lui permettrait de gagner des clients, de se débarrasser de quelques unes de ses coûteuses antennes, et de ne plus entretenir seul les autres.

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Parce qu'un mariage avec les autres est compliqué. Le mariage paraît donc salvateur. D'autant que l'Etat se dit partisan d'un marché limité à trois gros acteurs. Mais avec qui marier Bouygues ? SFR, c'est raté. Le groupe au logo rouge et blanc préfère être racheté par Vivendi. Free ? Xavier Niel et Martin Bouygues ne s'entendent pas. Ce serait économiquement crédible, mais humainement moins. Reste donc Orange.

Arnaud Montebourg lui-même avait d'ailleurs laissé entendre mardi que l'Etat, via Orange, dont il est actionnaire, pourrait jouer un rôle dans cette consolidation du marché : "la consolidation des télécoms, on s'en occupe, comme vous le savez, on n'a pas toujours réussi, parce que le marché est libre (...) mais l'Etat prend ses responsabilités et dit ses préférences car gouverner c'est choisir".

Dans une lettre ouverte au ministre, le syndicat CFE-CGC d'Orange a d'ailleurs plaidé lui aussi pour un mariage entre les deux opérateurs. "Dans le contexte actuel, rapprocher Bouygues et Orange permettrait non seulement de sauver les emplois immédiatement menacés chez Bouygues Telecom, mais aurait également du sens en termes de synergie industrielle", soulignent les responsables syndicaux signataires de la lettre.

De son côté, Manuel Valls n'a pas souhaité confirmer ce rapprochement vendredi sur Europe 1: "Je n’ai pas vocation à commenter des rumeurs qui ont été démenties par les intéressés. Je rappelle qu’il s’agit d’entreprises cotées et donc il faut de la retenue dans ce domaine là", a prévenu le premier ministre.

Parce que l'alliance est possible. Quid de l'autorité de la concurrence ? L'instance de régulation pourrait ne pas voir d'un bon œil la création d'un opérateur monstre pesant 40 millions de clients à lui tout seul. Pourrait alors se dessiner une solution autre que la fusion pure. Bouygues rachèterait des actions chez Orange, et entrerait ainsi à son capital. Et Free rachèterait les antennes de Bouygues. Le groupe de Xavier Niel s'est d'ailleurs déjà montré intéressé. Il propose même 1,8 milliard d'euros pour celui qui est, pour l'instant, encore son concurrent.

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