Trop de poissons d'avril... noie le buzz

Le poisson d'avril traditionnel, apanage de la presse écrite et parlée, a vécu. L'omniprésence d'internet en a fait un outil de marketing pour les grandes marques, leur permettant de s'imprimer de façon encore plus efficace dans la conscience collective.
Le poisson d'avril traditionnel, apanage de la presse écrite et parlée, a vécu. L'omniprésence d'internet en a fait un outil de marketing pour les grandes marques, leur permettant de s'imprimer de façon encore plus efficace dans la conscience collective.
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LE POINT DE VUE DE - Avec la multiplication des canulars, difficile d'être entendu, juge un expert.

Depuis dimanche, les filets sont pleins à craquer. Les bancs de poissons d'avril affluent partout dans les médias, et notamment sur le web. La Poste qui annonce sur son site qu'elle va livrer du courrier par drone, You Tube qui fait part de sa fermeture prochaine, Nokia qui dévoile un micro-ondes High-tech ou encore KDDI, groupe de télécoms japonais, qui présente un téléphone portable géant qui fait lit… Les exemples de canulars sont légions. Mais est-ce vraiment une bonne opération de communication ? Europe1.fr a posé la question à Julien Hatton, directeur-associé chez Buzznative, qui juge que faire des blagues, c'est bien... mais pas forcément le 1er avril.

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Europe1.fr - Le canular du 1er avril, est-ce bon pour faire du buzz?

Julien Hatton - Une blague le 1er avril, c'est assez attendu. Lundi, quand on ouvre les réseaux sociaux, toutes les infos sont des canulars. Chaque marque en propose. Il faut vraiment réussir à se détacher pour en faire une bonne opération de communication. Carambar, lui, a plutôt mal tourné son canular auprès des journalistes. Mais, au moins, il s'y est pris à l'avance et a fait parler de lui. Il a réussi à raviver la flamme auprès des consommateurs. Le 1er avril, au milieu de la multitude des blagues, il est difficile de se démarquer.

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Mais alors pourquoi tout le monde s'y met ? "Cela montre qu'une marque fait l'effort de rebondir sur l'évènement, qu'elle s'intéresse à sa clientèle. Cela peut tout de même lui permettre de s'attirer un certain  capital sympathie, à condition que ce soit malin. Et si une marque passe à côté, cela peut a aussi témoigner d'un manque de dynamisme. Mais il faut être certain de faire sourire sa cible. Où alors il faut vraiment sortir le canular le plus gros possible, ou faire en sorte que tout le monde tombe dans le panneau, pour que l'entreprise fasse parler d'elle. L'histoire des drones à la Poste par exemple, aurait pu marcher si certains médias français y avaient cru. Aux États-Unis, certains ont pris cela pour une vraie info. Mais ce n'est pas suffisant pour booster son exposition médiatique."

Un canular peut-il être contreproductif ? "Le risque est que cela tombe dans le 'cheap' ou que le canular soit mal compris, voire choque. Je n'ai pas spécialement d'exemple un jour de premier avril. Mais on connait tous des histoires de marques qui, à trop vouloir faire le buzz, ont fini par provoquer un tollé. Je pense, par exemple, à la société Mailorama, qui avait distribué des billets dans la rue et provoqué une émeute, en 2009. Twitter a pris des risques également cette année. Pour le 1er avril, le groupe a fait croire qu'il allait faire payer toute voyelle écrite dans un tweet. D'un côté, c'est marrant, c'est le signe d'une certaine autodérision. Mais cela aurait pu être mal compris par certains utilisateurs, qui auraient pu y croire et refuser de payer. "

Il y a-t-il tout de même une blague qui a trouvé grâce à vos yeux? "Oui, certaines m'ont tout de même fait sourire ! J'ai bien aimé celle du site sportbuzzbusiness.fr, qui a annoncé que le Parc des Princes (le stade du PSG ndlr.) allait passer un partenariat avec la marque de biscuit LU, et renommer le stade Parc des Princes de LU."