Triche aux contrôles antipollution : Volkswagen voit les enquêtes se multiplier

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avec agences , modifié à
AUTOMOBILE - Après les Etats-Unis, des enquêtes sur la triche aux normes antipollution ont été annoncées en Allemagne et en Corée du Sud. En attendant la réaction d’autres Etats ?

Auréolé du titre de premier constructeur automobile mondial depuis cet été, le groupe Volkswagen (VW, Seat, Skoda, Audi, Porsche) n’aura pas eu le temps d’en profiter. La firme de Wolfsburg est accusée depuis vendredi dernier par les autorités américaines d’avoir mis en place une tricherie sophistiquée pour fausser les résultats des contrôles antipollution. Et les preuves des enquêteurs américains sont visiblement solides puisque d’autres pays ont annoncé dans la foulée qu’ils allaient, eux aussi, ausculter les modèles Volkswagen. Signe d’une confiance rompue, certains pays envisagent même de contrôler d’autres marques.

Les Etats-Unis ouvrent le bal. C’est de l’autre côté de l’Atlantique que l’affaire a éclaté le week-end dernier. Selon les autorités américaines, 482.000 véhicules des marques Volkswagen et Audi, fabriqués entre 2009 et 2015 et vendus aux Etats-Unis, ont été équipés d'un logiciel sophistiqué capable de fausser les contrôles antipollution. Résultat, ces dernières passaient sans problème les test alors qu'elles contrevenaient aux normes environnementales.

Le groupe allemand risque donc gros, d’abord parce que le marché américain absorbe 10% de sa production. Ensuite, parce que la justice y est très sévère en matière de tromperie : le constructeur automobile s’expose non seulement à des amendes pouvant se monter au total à 16 milliards d'euros, mais aussi aux coûts - des millions voire des milliards de dollars- des rappels de tous les véhicules concernés, et à de possibles poursuites judiciaires de la part des propriétaires. Sans oublier une image de marque profondément dégradée pour une marque qui vantait sa technologie Bluemotion à longueur de publicités.

Les Etats-Unis ont annoncé lundi soir qu'ils étendaient à d'autres constructeurs automobiles leurs investigations. "L'EPA et la CARB (son homologue californienne) ont commencé des tests sur des véhicules diesel déjà en circulation produits par d'autres constructeurs pour détecter la présence de possibles 'logiciels trompeurs", a indiqué une porte-parole de l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA).

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L’Allemagne lance aussi une enquête. Volkswagen étant l’un des symboles de l’économie allemande, le scandale est pris très au sérieux à Berlin. "Nous sommes devant un cas avéré de tromperie des consommateurs et de dommages faits à l'environnement", a commenté le secrétaire d'Etat à l'Environnement Jochen Flasbarth, avant d’ajouter : "j'exige que Volkswagen fasse la lumière totale sur la manière dont ces manipulations ont eu lieu et sur leur ampleur".

Berlin a également annoncé des contrôles qui ne concerneront pas seulement la marque allemande mais tous les constructeurs présents outre-Rhin. Si l’Allemagne vise large, c’est aussi parce qu’elle redoute que le scandale soit bien plus généralisé. "On se demande à présent si la manipulation n'a pas eu lieu non seulement aux Etats-Unis mais aussi sur d'autres marchés comme l'Europe", a redouté Stefan Bratzel, directeur du centre allemand de recherche sur l'automobile CAM. Les Etats-Unis ont d’ailleurs annoncé lundi qu’ils allaient eux aussi contrôler d’autres marques automobiles.

Vers une autre enquête en Corée du Sud. La Corée du Sud n’est a priori concernée que de loin par cette affaire : le pays a longtemps rendu presque impossibles les importations de voitures étrangères pour protéger la montée en puissance de ses propres constructeurs. Mais lorsqu’elle a commencé à faciliter les importations automobiles, Volkswagen (avec sa filiale Audi) fut l’un des premiers à en bénéficier et figure aujourd’hui parmi les trois principales marques importées dans le pays.

Séoul a donc décidé de s’emparer de cette affaire de triche aux contrôles antipollution : le ministère sud-coréen de l'Environnement a confié à l'agence Yonhap qu’il allait procéder à des contrôles dès la mi-octobre. Trois modèles sont particulièrement visés : la Golf, la Jetta et l'Audi A3 Sedan.

Et une autre en Europe ? Suite à ces annonces d'enquête en cascade, la sanction n’a pas tardé pour le constructeur allemand : son action a dévissé lundi de plus de 17% à la Bourse de Francfort. Et ce n’est peut-être pas fini puisqu’autres Etats pourraient annoncer à leur tour une série d’enquêtes. C'est justement ce qu'a laissé entendre le ministre des Finances Michel Sapin, mardi matin sur Europe 1 : "Ça me parait nécessaire, il faut le faire au niveau européen. Nous sommes sur un marché européen avec des règles européennes", a-t-il déclaré. "Puisqu'on le fait pour Volkswagen, il me paraît nécessaire de le faire aussi pour les constructeurs français, ne serait-ce que pour rassurer les uns et les autres. Mais je n'ai pas de raison particulière de penser que les constructeurs français se seraient conduits comme Volkswagen", a ajouté le ministre des Finances.